Recit de plongee en Mer Rouge18:00, photos du jour transférées sur le PC et matériel prêt pour demain. Fatiguée, mal de tête et légèrement déprimée : ma première plongée en Mer Rouge ne fut pas la plus belle…

Elle s’annonçait pourtant facile : un départ tout équipés depuis la plage pour explorer le côté Est de House Reef, cette pente douce corallienne qui offre aux plongeurs du Red Sea Diving Safari de Marsa Shagra les plongées illimitées qui les font revenir pour 60 % d’entre eux chaque année ! Un succès qui ne se dément pas, pour des plongées exceptionnelles.

Les tentes du village de Marsa Shagra

(les tentes du village, mais on peut preferer les bungalows traditionnels)

Aujourd’hui donc, cette plongée est aussi ma plongée de réadaptation : je n’ai pas plongé depuis Bali, en juillet dernier et le manque d’entraînement se fait sentir. Au bout de trente minutes, une première crampe viendra me broyer le mollet gauche… En prime je teste un équipement tout neuf : nouveau masque (qui s’avère trop petit pour moi), nouvelle combinaison 5 mm (confortable mais elle modifie la flottabilité, nouvelles palmes (je ne les ai pas assez serrées et j’avais l’impression de les perdre sans cesse, d’où crispation des orteils dans les chaussons et… crampe au mollet droit cette fois !), nouveau gilet (je suis plutôt conquise et je vous en reparlerai). Tout cela fait beaucoup de nouveautés à gérer, et quelques inconvénients de départ dès lors qu’on n’a pas mis un pied dans l’eau depuis six mois.

Il faut d’abord régler sa flottabilité : combi 5 mm + nouveau gilet + une eau plus salée qu’ailleurs (sauf en Mer Morte) puisqu’elle contient 41 grammes de sel pour un litre d’eau de mer. Il me faut rajouter deux kilos. Puis je m’aperçois qu’avec le nouveau gilet j’ai fixé ma bouteille bien trop haut : me voici dès les premiers mètres avec la robinetterie vissée sur la nuque et impossible de lever les yeux au-delà du sable. Perturbant, surtout quand on a envie de voir du paysage… Et quand je déplace ma bouteille sur la droite ou sur la gauche pour me dégager le cou je lève la tête et… l’eau s’infiltre sous mon masque !… A priori rien de bien gênant, mais comme je porte des lentilles de contact j’ai toujours peur de les perdre au cours d’un vidage de masque inopiné. Bref, confort limité et pas l’esprit à profiter pleinement de ce que j’entrevois.

Mais devant moi, et puisque vous avez surtout envie de savoir si j’ai tout de même réussi à voir quelque chose : la Mer Rouge, la voici !…

Tout d’abord, et Julien (le manager du village) nous avait prévenus sur la plage, nous avons une visibilité restreinte : l’eau est très chargée en particules et la couleur ambiante est un peu laiteuse. Pas l’idéal pour faire des photos. Mais pour qui sait s’en contenter… d’abord quelques anémones aux pointes fushia, puis une petite sole s’échappe du sable à deux mètres. Sa petite sœur décolle devant elle et elles jouent une petite minute à se poursuivre. Plus loin, en suivant une petite patate de corail, c’est un gros chirurgien licorne qui me salue avant de s’éloigner avec un groupe de congénères. Une minute passe puis nous abordons le récif à proprement parler : nous sommes environ à une douzaine de mètres de profondeur et je capte enfin ma vraie première vision de la Mer Rouge, une profusion de demoiselles et de petits anthias oranges et roses virevoltant en un ballet sans cesse renouvelé dans un rayon de lumière filtrant depuis la surface sur cette paroi couverte d’anémones et de coraux mous de couleur greige et rose pâle. Malgré le masque à vider, je souris presque de les voir s’agiter en tous sens, et aussi nombreux. Un mètre plus loin l’Homme s’approche d’un poulpe qui s’offre un face à face étrange avec un poisson-crocodile. La tête plate et presque carrée qui lui a donné ce nom s’éloigne dédaigneusement mais sans précipitation sous le premier coup de flash, pour aller se poser quelques centimètres plus loin. Par contre le poulpe observe l’Homme faire quelques réglages et prend la pose, il patiente sans broncher, même pas effrayé. Il change de couleur, fait corps avec le corail dur qu’il couve…

Nous poursuivons notre promenade et alors que la première crampe se fait sentir, c’est un gros mérou que j’aperçois en station de nettoyage, gueule béante et dents pointues offertes aux petits labres qui oeuvrent à faire une petite beauté à ce prédateur qui fait ses 80 cm de long…

Nous jouons une minute avec un poisson porc-épic, curieux mais guère attiré par l’appareil photo. Il se détourne et fuit en souplesse mais sans se hâter. On sent qu’ici la faune n’est pas stressée par les plongeurs, on constate que les poissons se sont habitués à la présence de ces énergumènes palmés.

Plus loin c’est une petite raie à points bleus qui patiente quelques minutes avant de se déplacer de… trois centimètres. Et nous suivons Julien qui nous entraine déjà dans un petit dédale de roches et de coraux peuplé d’une faune abondante : des bancs de fusilliers, d’autres de chirurgiens, des couples de poissons papillons, un poisson ange, puis un second, les sergents-majors, quelques perroquets,… jusqu’à cette petite grotte !

D’abord attiré par les jeux de lumière, l’Homme entre à mi-corps dans un petit amoncellement de roches qui laissent filtrer des raies de lumière particulièrement gratifiantes en photo. Mais un mouvement attire son attention sur la gauche et… deux requins pointes blanches ! Pas des gros, non. Un petit mètre chacun, mais ils sont là, alanguis sur le sable à l’abri des regards, à moins de vingt mètres de profondeur. L’homme fait quelques clichés, les squales bronchent à peine.

Alors qu’une nouvelle crampe me paralyse, et toujours en vidage de masque permanent, Julien nous entraîne déjà vers le retour et nous remontons lentement, en faisant quelques pauses photographiques au milieu de la petite faune récifale, vers la pente douce qui nous ramène vers le chenal, puis vers la plage. Je vais terminer cette plongée quasiment à cloche-pied, en ne palmant qu’à l’économie avec le mollet qui me fait souffrir.

J’ai quelques petits problèmes de matériel à régler, sans doute faut-il aussi que je passe une bonne nuit d’au moins huit heures, ce qui ne m’est pas arrivé depuis quelques jours, et demain sera un autre jour ! Je suis plutôt contente de cette première approche et même si l’eau n’était pas d’une transparence absolue, au moins ai-je vu un bel échantillon prometteur de ce que nous devrions rencontrer au cours des jours à venir. Demain nous sortirons en mer à la recherche du dugong, puis après-demain ce sera Elphinstone !

Mais en attendant, le muezzin a chanté par deux fois en fin d’après-midi et il est temps de lâcher ce clavier pour me rendre dans un café non loin d’ici, où les Egyptiens viennent fumer la pipe à eau et boire le thé chaud. Et avec le petit vent frais qui souffle ici, je ne serais pas contre un bon thé chaud !…

PS : finalement au diner je me suis reconfortee aevec une tarte a la grenade (je ne vois pas comment l exprimer autrement)

😉

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