Brésil, quartier du Pelourinho à Salvador de Bahia © Marie-Ange Ostré

Nous sommes tous heureux et excités d’atterrir enfin au Brésil : pour chacun des 5 membres de l’équipe de tournage, il s’agit d’une première. Qu’espérer de mieux qu’entrer au Brésil en découvrant cet immense pays au rythme de Salvador de Bahia ?

Dans le mini-bus qui nous achemine vers l’hôtel le chauffeur lance une vidéo sur l’écran de télé, pour nous accueillir : une star brésilienne hurle des rythmes oscillant entre samba, bossa nova et disco. Ambiance. Mes compagnons ont tous beaucoup voyagé, mais jamais ils n’ont visité ce pays vaste comme 17 fois la France. Il fait nuit noire, il est 18h et nous sommes en plein décalage horaire après ces vols longs courriers, pourtant nous ouvrons tous grands les yeux pour chercher, qui les Brésiliennes siliconées (avec ou sans string), qui les favelas pour les premières prises de vue.

Après deux jours de voyage depuis Paris, nous nous sentons crasseux, fatigués, et un peu déboussolés. Pourtant nous découvrons les chambres de l’hôtel Tropical avec étonnement, au 11ème étage : l’animateur (et auteur du programme) est traité avec égards puisqu’on lui remet la clé d’une grande suite royale avec deux salons, une vaste chambre, et deux grandes salles de bains avec douche double et une large baignoire rectangulaire taillée dans le marbre. Un traitement de faveur un peu inhabituel qu’on apprécie avec humour, et plaisir ! Merci à Cathy Gonçalvès, notre guide sur place représentant le tour-opérateur… Suivent un dîner original et somptueux, et quelques heures de sommeil à peine réparateur.

Ce matin en ouvrant les rideaux avec impatience je découvre la vue sur l’Atlantique, coincée entre deux immenses tours de béton. Nous sommes donc en bord de mer. Première constatation d’Européenne : l’Atlantique, vu du Brésil, est aussi gris qu’à La Rochelle ! Le ciel est plombé, on nous annonce de la pluie. Qu’à cela ne tienne, rien ne saurait entamer notre plaisir à l’idée de fouler les rues de ce gigantesque Brésil !

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Hier soir au dîner nous nous sommes mis d’accord en quelques secondes : d’abord liés par notre insatiable curiosité puis individuellement chacun pour ses propres raisons (la plupart culturelles) nous avons tous très envie d’explorer cette ville avant de la quitter. Par-dessus tout nous avons besoin de faire une halte au grand air après nos vols longs courriers depuis l’Europe et avant d’embarquer sur d’autres vols pour atteindre enfin notre point de destination finale au coeur du Brésil, dans l’état du Mato Grosso do Sul. Nous devons être à l’aéroport à midi, nous avons donc choisi d’écourter notre nuit pour profiter de trois heures dans la ville avec notre chauffeur-guide qui nous entraîne directement vers le Pelourinho, le centre de la vieille ville.

Dès 8 heures du matin nous foulons les pavés disjoints des ruelles de ce quartier de Salvador de Bahia, nez au vent. Le centre historique de la ville est classé au patrimoine mondial culturel de l’UNESCO (lire la fiche ici).

Notre réalisateur filme avidement des scènes de rue et la déambulation de l’animateur le long des échoppes à touristes ou devant les peintures murales qui égaient des rues ponctuées de bâtiments en cours de rénovation.

Nous accédons à l’ascenseur Lacerda connu pour relier le Pelourinho (ville haute) au port (ville basse) et profitons ainsi d’un panorama qui s’étend depuis le port jusqu’à l’océan Atlantique. Nous admirons la baie tout en observant un Brésilien qui tient absolument (contre quelques piécettes) à montrer devant la caméra son savoir-faire en capoeira, cette danse gymnique qui mêle mouvements d’arts martiaux et rythme brésilien.

Nous repartons ensuite vers les rues de l’ancienne première capitale coloniale du Brésil : fondée en 1549 sur le modèle des villes portugaises de l’époque avec ses fortifications, ses places publiques et ses églises richement décorées, Salvador devient un centre commercial important qui assure la liaison entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Elle exporte le sucre, le café, le tabac et les métaux précieux, ainsi que le pau brasil, ce bois précieux qui va donner son nom au Brésil. Trois à quatre millions d’Africains arrivent par cette porte d’entrée sur le territoire pour travailler en tant qu’esclaves dans les plantations, les mines, et pour bâtir les grandes villes et les infrastructures du pays. Quatre siècles plus tard, le gouvernement entreprend une vaste opération d’assainissement du quartier ancien pour éradiquer les bordels et les crimes crapuleux qui y fleurissent. En quelques années, et après des travaux de rénovation importants, les rues pavées du Pelourinho deviennent l’un des premiers sites touristiques historiques du Brésil.

Les ruelles étroites et sombres sont égayées par les couleurs vives des façades et les balcons ouvragés.

Les ruelles étroites et sombres sont égayées par les couleurs vives des façades et les balcons ouvragés. Quelques boutiques proposent les célèbres peintures naïves qui participent à la réputation de Salvador. 

Très vite, il se met à pleuvoir sur la place centrale et cette pluie tropicale transforme un caniveau en mini torrent, drainant toute la poussière de la rue et faisant dévaler tous les mégots de cigarettes vers le bas du quartier, nous faisant toucher du doigt la misère de ces favelas situées à quelques centaines de mètres de là. Nous nous abritons sommairement (et rapidement) sous des porches en regardant les troupeaux de touristes sautiller maladroitement de flaques en flaques, des ruisseaux d’eau de pluie noyant leurs chevilles, dos ployés sous des trombes d’eau.

Une dizaine de minutes plus tard la pluie cesse aussi soudainement qu’elle est venue, et nous poursuivons notre découverte du centre historique de Salvador de Bahia. Le Pelourinho draine encore une poignée de touristes curieux de s’imprégner de l’atmosphère de l’un des quartiers les plus anciens du Brésil.

Brésil, quartier du Pelourinho à Salvador de Bahia

Palais Rio Branco, ancien centre du gouvernement de la ville.

Quelques femmes accortes en robe traditionnelle les abordent pour se faire photographier en échange de quelques pièces. Je n’aime pas payer pour prendre les mêmes photos que les touristes du coin, je n’ai jamais aimé cela. D’autre part c’est encourager (en certains pays du moins) un revenu trop facile en transformant des enfants en mendiants, mais qui suis-je après tout pour juger du bien-fondé de cette monétisation ? Un gamin de 13 ans qui maîtrise le sourire et quelques mots de français réussit à extorquer au producteur quelques reals pour le prix d’un petit collier brésilien (il a été suffisamment malin pour lui offrir le premier collier…). Un autre vend des écrevisses à même un seau qui en un passé sans doute récent a servi à transporter du plâtre ou de la peinture. 

Une diseuse de bonne aventure attrape fermement au vol la main de l’animateur pour débiter quelques phrases en brésilien, et lui extorquer une cigarette ou deux. Plus loin des danseurs de capoeira s’adonnent en cercle à une démonstration efficace, qui rappelle aussi le métissage de cette population riche de 2 millions d’habitants pour cette seule ville.

La caméra tourne, et nous nous dirigeons vers le bas du quartier pour approfondir notre exploration de la ville quand notre guide arrête d’un geste le producteur : il ne faut pas descendre plus bas. Au-delà de la place centrale du vieux quartier, en limite Sud des façades pour touristes, vivent des milliers de Brésiliens sans le sou. Le chauffeur nous fait comprendre en quelques mots hésitants qu’avec le matériel de prises de vues nous sommes des proies vivantes. Déçus nous rebroussons chemin avec le regret de ne pouvoir en apprendre davantage mais conscients qu’en découvrant ce pays nous ne sommes pas des touristes. Nous avons une mission : réaliser un programme de télévision avant toute autre considération personnelle.  

Nous remontons dans le mini-bus dans lequel ont été chargés bagages et matériel de production, et nous prenons la direction de l’aéroport en longeant les bidonvilles constitués de logements de planches de bois et toits de tôles, le tout sur pilotis pour mieux s’agripper aux pentes abruptes du relief de la baie.

Il nous reste encore deux ou trois mille kilomètres à parcourir pour atteindre notre première lieu de tournage : Bonito, grosse bourgade au cœur du Mato Grosso do Sul, non loin de la frontière du Paraguay. Nous allons nous poser une première fois à Sao Paulo en survolant sa forêt tentaculaire de buildings, puis en fin de journée nous embarquerons sur le dernier vol vers Campo Grande.

En arrivant à Campo Grande, nous aurons encore près de 3h30 de route en mini-bus avant d’atteindre notre destination finale : au soir de notre arrivée, nous ne verrons de la pousada qui nous attend à Bonito que la chambre tant nous sommes éreintés par cet interminable voyage, abrutis par le décalage horaire et la différence de température dans cette région tropicale.

En arrivant ce soir enfin à destination je recompterai mes cartes d’embarquement depuis notre départ de Paris trois jours plus tôt : nous aurons décollé (et atterri) six fois !

Entre exploration des grottes, traque d’anacondas, et plongée sous-marine au coeur de l’archipel protégé de Fernando de Noronha, notre tournage au Brésil va s’avérer être l’une de nos plus belles expériences de voyage.

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages au Brésil ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en mars 2005 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne. Les articles re-publiés ici le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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