René Heuzey filme Francis Le Guen en Guadeloupe © Marie-Ange Ostré

Ce matin en ouvrant mon sac de plongée pour inventorier le contenu en prévision du prochain départ, je me suis souvenue de mes plongées en Guadeloupe. Pourquoi cette île plutôt qu’une autre ? Parce qu’à chaque fois j’y vis des micros événements qui me laissent à penser que… j’ai la poisse chaque fois que j’y vais. Remontons un an en arrière…

En janvier 2006, nous étions sur Basse-Terre, la partie gauche du papillon guadeloupéen, et en fait à mes yeux la plus jolie, la plus authentique, et la plus sympathique. Nous étions là pour le tournage de deux épisodes pour la série La Route de l’Eau, écrite et animée par l’Homme, pour France 3. La majeure partie des séquences se faisaient en terrestre, mais nous avions également quelques plongées à assurer, en compagnie du centre Les Heures Saines, bien connu pour être l’un des meilleurs centres des Antilles grâce à la gestion de Dominique Déramé et de son équipe solide. Je vous en reparlerai.

Si tous les tournages offrent des imprévus pas toujours agréables, celui en Guadeloupe ne nous a pas favorisés : des pluies torrentielles chaque jour, et des problèmes d’équipement à n’en plus finir. Entre autres déboires. Il a fallu changer la caméra bêta en cours de tournage, nos invités n’étaient pas très diserts au cours des interviews (et vous n’imaginez pas comment il peut être difficile de faire parler quelqu’un devant une caméra), nous étions logés à l’endroit le plus opposé de tous nos sites de tournage et donc il nous fallait nous lever souvent à 05h du matin pour être à l’heure (et rentrer tard le soir, de nuit, sur des routes en lacets et souvent glissantes), et j’ai failli être percutée de plein fouet par un chauffeur inattentif qui roulait bien trop vite dans un virage et pas du tout sur sa file… Ce ne sont que de petits exemples.

En plongée, nous n’avons pas eu de chance non plus… Au fil des jours, un premier phare de plongée est tombé en panne, et malgré tous les efforts de l’Homme et nos aller-retour vers des quincailleries pour trouver d’hypothétiques pièces de rechange, il est resté inutilisable. Ensuite c’est le chargeur de l’autre phare qui a montré des signes de faiblesse : faux contact. Et il a fallu nous passer de phare (or pour filmer sous l’eau, un phare est indispensable pour restituer toutes les couleurs). Puis… nous avions un appareil photo numérique Olympus que nous utilisions dans un caisson sous-marin de la même marque. Nous avions déjà échangé ce caisson deux fois, à cause de petits ergots de plastique qui cassaient immanquablement à chaque voyage et qui interdisaient toute étanchéité à venir…

Nous avons fait quatre plongées du côté des Ilets Pigeon avec les Heures Saines et un matin, alors que nous voulions rester sur un site couvert de gorgones chevelues, l’Homme emporte sa caméra sous-marine et je prends l’appareil photo. Mise à l’eau, lestage, je descends et je le suis sur quelques mètres. Je surveille le caisson de l’appareil, pas d’infiltration d’eau, tout va bien.

Cinq mètres plus loin, je lève l’appareil pour faire un premier réglage et je m’aperçois que le bras du flash est branlant, il bouge et l’appareil n’est pas stabilisé. Sans réfléchir, je serre d’un quart de tour de vis supplémentaire pour immobiliser le bras du flash tout en maudissant mentalement le constructeur qui a crée un bras qui se visse exactement au-dessus du joint du caisson. Et tout aussi immédiatement, je réalise ce que je viens de faire et… catastrophe, de l’eau dans le caisson !!!

Je fais signe à l’Homme de loin, puis je remonte immédiatement en surface pour sortir l’appareil le plus vite possible de son caisson plus étanche du tout… Il n’aura fallu que quelques gouttes pour noyer l’appareil photo. Mort. Terminé. En resserrant la stabilité du bras de flash, les joints du caisson ont été disjoints et ont très légèrement laissé passer de l’eau. Je vous passe mon énervement total. Contre mon geste irréfléchi, et contre le constructeur.

Le lendemain, nous plongeons sur le site envié du Sec Pâté, l’un des plus beaux des Antilles dit-on. Et ce doit être vrai, puisque c’est riche et très joli grâce aussi sans doute à un courant souvent fort sur ce site. Sans plus d’appareil photo disponible, l’Homme a décidé de filmer et nous avons emporté le caisson de cette caméra, caisson qu’il a – la veille et par précaution – nettoyé méticuleusement, graissé, soigné, pièce par pièce. A l’approche du site, nous sommes tous équipés et prêts à plonger. L’Homme saisit sa caméra dans laquelle il vient de mettre une cassette et veut la fixer dans le caisson. Lorsque je le vois s’effondrer… il a oublié de remonter le sabot de fixation de la caméra à l’intérieur du caisson. Le sabot est resté à l’hôtel. Impossible de filmer…

Tout aussi immédiatement, je réalise ce que je viens de faire et… catastrophe, de l’eau dans le caisson !!!

Gentiment un plongeur compatissant (de Marseille !) nous prête son appareil photo dans un mini caisson. L’Homme l’accepte en se faisant prier, mais… une fois sous l’eau, il aura tellement peur de cette poisse qui nous poursuit qu’il sécurise l’appareil de notre plongeur dans la poche de son gilet et le lui rend à la sortie de plongée, sans aucune photo prise mais en parfait état de fonctionnement. Il faut parfois savoir arrêter les galères en série…

Alors lorsque nous sommes retournés en Guadeloupe, aux Heures Saines, en mars dernier, nous étions encore un peu « traumatisés » par notre expérience malheureuse de l’année précédente. Et si nous en riions, je suis tout de même très sensible aux « signes » et je restais très prudente. Nous sommes arrivés sur place la veille de l’équipe de tournage, ce qui nous laissait une journée d’avance pour faire une petite plongée de reconnaissance et de tests pour notre équipement. Nous choisissons le site du Mur aux Carangues, devant les îlets Pigeon. Et comme l’Homme ne fait jamais rien à demi, nous cumulons : nous emportons sous l’eau un petit scooter sous-marin qu’il devra utiliser le lendemain pour une séquence, un masque high-tech à tester, je porte un tout nouvel équipement (combinaison neuve et gilet avec poches de lestage pour les plombs) et surtout, surtout, c’est ma première plongée depuis un an avec un nouveau caisson pour un nouvel appareil photo : notre partenaire Dive Photo Light nous a confié un caisson pour le Canon 400D, l’occasion pour moi de me remettre à la photo sous-marine et pour l’Homme de multiplier les objectifs sous l’eau et donc les possibilités de prises de vue. Mais traumatisée par l’expérience de l’année précédente, et devant ce caisson qui est aussi en plexiglas même s’il semble de meilleure facture, je suis scrupuleusement les recommandations de Hubert Lacour et je plonge une première fois avec le caisson vide pour tester son étanchéité après le voyage en avion.

Cela fait beaucoup d’un coup, surtout quand on suit un Homme expérimenté et speedé.

Première difficulté : le lestage. J’ai bien mis un certain nombre de plombs dans les poches largables, mais ça ne suffit pas. Je m’approche du bateau, demande un plomb supplémentaire, et je m’aperçois qu’il est difficile en étant dans l’eau d’extraire la poche de son logement, d’ouvrir la fermeture éclair, d’y glisser le plomb, de refermer la poche et de la remettre en place. Tout en portant des gants et en ayant le caisson sous-marin au poignet. Je remonte donc une première fois sur le bateau pour qu’on glisse le plomb manquant dans l’une des poches. Je refais un essai. Négatif. Je remonte une seconde fois. La combinaison est neuve, elle a donc une flottabilité maximum. C’est bien simple j’ai l’impression de porter une 5 mm alors que j’ai choisi une 3,5 mm pour ces eaux à 27°.

Une fois le lestage adapté, je passe enfin sous la surface. Un poil essoufflée.

Sous l’eau je resserre tout ce qu’il faut resserrer pour avoir une bonne aisance : la sangle et les clips du gilet (tiens, gilet trop large pour ma morphologie). Enfin je descends rejoindre l’Homme qui teste le masque high-tech que je vous montrerai sous peu. Je le prends en photo avec son caisson (je vous rappelle que le mien est vide), puis ce sont les photos du scooter, et nous déambulons un peu dans moins de dix mètres d’eau. Je surveille mon propre caisson régulièrement comme une mère avec son nouveau-né et je suis très contente : aucune trace d’humidité dans ce caisson !

Au bout de quarante minutes, mes palmes sont systématiquement attirées vers la surface : ma bouteille est vide à demi et je manque de plombs dans le gilet… Je souligne ici que je n’ai jamais eu besoin d’autant de plombs ! L’Homme veut me glisser une roche dans une poche, mais… ce gilet n’a pas de poche !… Il me tend donc son phare assez lourd que je glisse à ma ceinture de gilet. C’est bien simple, j’ai l’impression de flotter dans ce gilet ! Mais ce n’est pas une surprise, depuis le début je sais qu’il est trop grand pour moi, d’ailleurs malgré tous les plombs dans les poches largables je ne le sens même pas autour de ma taille. Je fatigue plus vite sous l’eau à essayer de garder mes palmes en bas, ou au moins au niveau de ma taille, alors qu’elles remontent inévitablement vers la surface, me mettant dans une position qui fait ronchonner l’Homme alors que je lui sers de modèle derrière les éponges, les gorgones, les…

Guadeloupe, sur le site de plongée Jardin de Corail © F Le Guen

Guadeloupe, en plongée sur le site Jardin de Corail.

Lorsque enfin je lui fais signe que j’en ai assez et que je veux remonter, fatiguée par trop d’efforts infructueux, nous nous dirigeons vers le bateau. Il faut retraverser une belle plaine de sable blanc qui donne une belle lumière ambiante et, l’Homme n’étant pas encore venu à bout de sa carte numérique, il continue à prendre des photos alors que je lutte de plus en plus pour maintenir ma progression vers le palier sans remonter trop vite. Il me colle son caisson entre les mains pour remettre son masque high-tech et refaire un test, enfin le poids du caisson métallique me permet de me stabiliser à la bonne profondeur et je souffle un peu. Mais quand il me reprend le caisson, il me prend aussi le phare en même temps et je grimpe direct vers la surface tout en hululant dans le détendeur pour attirer son attention déjà concentrée sur un petit poisson-coffre jaune. Il se retourne, me cherche, me trouve et file vers moi pour m’aider à redescendre. Et me rend le phare puis me met une roche entre les mains… On fait comme on peut !

Mais là, je prends conscience tout à coup qu’il me manque quelque chose… En moins de deux secondes, je réalise que je n’ai pas jeté un œil à mon propre caisson depuis au moins dix minutes, occupée comme je le suis à stabiliser ma fin de plongée contrariante, et je regarde mon poignet : rien ! Je me souviens que j’ai accroché le caisson avec un mousqueton à la sangle de poitrine de mon gilet, je tâte, je cherche, mes doigts glissent sur le vide et je panique ! J’ai perdu mon caisson !!!…

L’Homme qui jette un œil vers moi me voit tourbillonner sur moi-même dans toutes les directions, tel un poisson-clown affolé, le regard levé vers la surface puisque le caisson étant vide j’ai passé toute la plongée à le maintenir de force sous l’eau (pratique aussi !) et j’espère qu’il flotte en surface. L’Homme surgit comme un diable devant mon masque, m’attrape au gilet pensant que je panique, mais je lui fais comprendre, au bord des larmes, que j’ai perdu mon caisson. Je vois son regard translucide interloqué, puis narquois, et il passe la main par-dessus mon épaule : le caisson toujours accroché à ma sangle de gilet flotte derrière mon omoplate… Il est juste passé sous mon bras… Tout va bien.

Cette fois, mortifiée, je lui fais signe que je remonte en surface. Trop c’est trop.

Si mon caisson s’est parfaitement comporté, la soirée se terminera moins bien : une fois à l’hôtel, je transfère toutes nos cartes numériques de la journée sur mon ordinateur, comme chaque soir. Mes photos terrestres passent sans problème, puis je prends la carte utilisée par l’Homme pour ses photos sous-marines dont il est assez content (il les a regardées rapidement sur le bateau au retour de plongée). Est-ce le lecteur de carte ? Ses photos ne s’affichent pas sur mon PC et l’ordi indique qu’il n’y a pas de photos sur la carte. Il remet sa carte dans son appareil, et il voit bien les photos de nouveau. Je remets la carte dans le lecteur, toujours rien. Alors il me suggère d’utiliser le cordon de transfert entre le Canon et mon PC pour faire le transfert. Ce que je fais aussitôt. Le transfert s’effectue cette fois, puis j’efface les images de la carte comme d’habitude. Mais là… une fois sur mon PC ses photos s’affichent en icônes, sous un format illisible !!!

Incompréhensible.

J’ai déjà transféré des milliers de photos depuis nos cartes, sans jamais aucun problème. Alors pourquoi ce soir-là ?!…

Nous aurons beau re-transférer les photos sur la carte pour les afficher de nouveau sur l’appareil photo, cette fois les photos sont illisibles même sur l’écran LCD du Canon. Une plongée de perdue. Soixante photos illisibles…

Je vous passe la frustration…

Alors quand le lendemain matin, l’Homme constatant que son phare n’avait chargé (mystérieusement) qu’à demi pendant la nuit, et que je préparais mon appareil photo pour l’installer dans son caisson… j’ai réfléchi trois minutes, puis j’ai suspendu mon geste. Je considère que nous avons le mauvais œil sur la Guadeloupe, une île par ailleurs que nous apprécions pourtant beaucoup. Avec la plongée ratée de la veille et les photos perdues le soir, le phare qui ne répondait plus, la poisse recommençait… J’ai rangé le caisson dans sa valisette, et je ne l’ai plus ressorti pendant trois semaines : pas question de prendre le risque de noyer mon 400D et de ne plus pouvoir honorer mon contrat !

Dites-moi, qu’auriez-vous fait à ma place ?…

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Guadeloupe ? Voici quelques pistes à explorer :

Département français d’outre-mer et faisant partie des Antilles françaises, la Guadeloupe est un groupe d’îles situé dans le sud de la mer des Caraïbes. Ressemblant à un papillon, ses deux plus grandes îles sont séparées par la Rivière Salée. Pour les plongeurs comme pour les autres voyageurs on privilégiera la période sèche pour se rendre à la Guadeloupe, soit de décembre à avril ou mai : meilleure visibilité dans l’eau, et moins de pluie sur les plages.

Cet article a été publié une première fois en mai 2007 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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