Fidji, île vue du ciel © Marie-Ange Ostré

Vous est-il arrivé de rêver d’une destination pour être finalement déçu(e) dans vos attentes une fois sur place ? Laissez-moi vous raconter mon escale aux Fidji :

Nous avons tous des fantasmes de destination. De mon côté, cela faisait au moins cinq ou six ans que je focalisais sur l’archipel des Fidji, situées dans le Pacifique, au-dessus de la Nouvelle-Zélande. Alors quelle ne fut pas ma surprise en apprenant, au détour d’une feuille de mission, que nous allions en juin dernier y faire escale pour nous rendre aux Tonga, puis à nouveau sur le chemin du retour…

Quand on suit une équipe de tournage on connaît les aléas de la production et on sait que rien n’est jamais joué d’avance. Je ne me suis donc pas laissée entraîner par un enthousiasme démesuré et n’ai pris aucune information avant de partir. Par superstition !

À l’aller nous y avons fait escale à peine une heure, juste le temps pour moi d’acheter trois tee-shirts en vitesse puis nous remontions à bord du vol qui devait nous déposer 75 minutes plus tard aux Tonga. Mais au retour il devînt très vite évident que nous allions disposer de 11 heures libres devant nous. Or en 11 heures on peut en faire des choses !…

Oui, mais pas quand on est en groupe.

Et pas quand on ne s’est pas renseignée à l’avance…

Côte de l’île de Viti Levu, l’île principale des Fidji :

Fidji, île de Viti Levu © Marie-Ange Ostré

En survolant les îles de l’archipel nous avons eu droit à quelques cartes postales qui alimentent le rêve (voir ci-dessus une petite retraite possible…). Puis nous avons atterrit sur l’île de Viti Levu, l’île principale de l’archipel abritant la capitale (Suva) et l’aéroport international (à l’opposé de la capitale).

En faisant escale aux Fidji j’étais impatiente de découvrir les forêts tropicales vantées par l’office de tourisme même si, je le savais, il me faudrait revenir aux Fidji pour avoir le temps d’y plonger dans des eaux réputées de toute beauté.

Mais il nous a fallu du temps pour sortir de l’aéroport après avoir récupéré nos nombreux bagages et les avoir entreposés à la consigne de l’aéroport. En sortant sur le trottoir, deux chauffeurs de taxi nous abordent et nous proposent de nous emmener dans un restaurant « sympa, au bord de la mer ». Quand on voyage avec une meute de mâles, l’estomac prévaut… Va pour le restaurant, même si, seule, je me serais empressée de programmer une grande ballade sur la route la plus touristique pour en voir le maximum.

On nous avait annoncé 20mn de trajet, nous nous retrouvons avec le double : quarante minutes pour nous retrouver devant un hôtel dans un endroit désert et donc dans lequel il fallait bien entrer, sauf à faire demi-tour tout de suite. Les hommes sont affamés, et ronchonnent avec le sentiment de s’être fait rouler dans la farine. Moi aussi.

Nous voici installés sur une mini plage de sable, sous des paillotes autour d’une table pour huit personnes, pour commander des assiettes sur un menu qui n’a rien d’exotique : du hamburger, des frites, des calamars en beignets, du poisson frit,… Rien non plus de très diététique.

Le temps que les consommations arrivent, je file jusqu’au bout de la promenade qui mène à un semblant d’îlot mais déception : tout est artificiel, et bétonné, même la plage sur laquelle mes collègues attendent leur repas. Je prends une photo plus par habitude que par envie en choisissant le point de vue le plus innocent, puis je laisse tomber et mon enthousiasme redescend encore d’un cran.

Nous avons beau être sous des paillotes, le soleil tape dur sur le sable et l’attente pour être servis puis la digestion aidant (les consommations peut-être aussi ?) nous voici tous à somnoler à demi avant même d’avoir atteint le dessert. Il faut avouer que nous sommes aussi en fin de tournage, un tournage long et fatigant physiquement, et la tension commence à se relâcher.

Je le savais, il me faudrait revenir aux Fidji pour avoir le temps d’y plonger dans des eaux réputées de toute beauté…

De mon côté, je trépigne et j’explore l’intérieur de l’hôtel. En trois minutes je constate qu’il a fait son temps, tenu par des Indiens, et visiblement en attente d’une rénovation nécessaire qui aurait du être faite dès les années 70. Je comprends bien vite que nous avons eu à faire à des rabatteurs à l’aéroport : des chauffeurs de taxi recueillent les (nombreux) touristes en escale et les déposent dans cet hôtel où ils viennent toucher leur petite commission avant de les abandonner corps et âme dans cet endroit où personne ne songerait à venir s’il n’y était pas forcé. Ça a des allures de post-Ibiza, le glamour en moins, les Allemands en plus !

Au bureau d’information je me renseigne sur un parcours que nous pourrions faire en taxi pour découvrir un peu l’île et ne pas perdre les quatre heures qu’il nous reste, avachis sur les chaises inconfortables de la plage. L’employée n’est pas très enthousiaste, elle me recommande un site, sorte de marina pour touristes où elle m’assure que nous trouverons des petits commerces, des cafés pour prendre un verre en regardant les bateaux. Au moins un peu de vie !

Je lui fais réserver deux taxis puis je retourne convaincre mes amis qu’il est temps de bouger pour ne pas rester échoués bêtement sur ces trois m². Certains sont plutôt pour ma proposition, les autres ne veulent pas s’y opposer, nous voici donc en voiture.

Il nous faut de nouveau au moins trente minutes pour arriver devant ce qui semble être un parking en construction : route non bitumée, pelleteuses, panneaux de signalisation, nous sommes sur un chantier mais nos chauffeurs de taxi nous assurent qu’il s’agit bien de l’endroit indiqué par l’employée de l’hôtel ! Sceptique, je descends de voiture avec l’Homme et Patrick, notre réalisateur, et je pars en exploration, espérant découvrir ce petit Eden annoncé qui nous permettrait au moins de garder un bon souvenir des Fidji tandis que le soleil entame déjà sa course vers sa descente.

Pourtant nous avons beau aller et venir, nous ne trouvons qu’une zone commerciale de magasins qui ne seront ouverts au public que dans quelques semaines, ce que nous confirme la caissière d’un petit supermarché voisin.

Déception !… Et frustration.

Un autre nous explique que nous sommes bien dans la marina proche de Nadi, l’aéroport international, mais les bateaux de croisière n’y viendront qu’à partir de la fin de l’année et tout le secteur est pour l’instant en chantier, ou en cours de finitions. Nous avons six mois d’avance sur l’inauguration du lieu !

Dépités, nous rejoignons nos collègues restés près des taxis pour les retenir et nous repartons vers un autre lieu indiqué par nos chauffeurs, regroupement de différents hôtels de luxe (chaînes américaines de préférence) autour d’un golf. Nous trouvons par hasard un petit café avec accès Internet, une boutique de souvenirs sans intérêt. Une heure passe…

Nous avons perdu notre temps pendant cette escale aux Fidji, et notre énergie. Les îles m’ont semblé bien plus belles vues d’avion :

Une heure plus tard nous reprendrons le chemin de l’aéroport pour y attendre sous l’air conditionné le vol qui doit nous emmener vers Los Angeles. Récupération des bagages, file d’attente, enregistrement, zone de transit : une immense cafétéria à laquelle vous passez commande puis vous venez chercher votre plat quand votre numéro est appelé. Des assiettes façon mal-bouffe américaine ou des plats simili-asiatiques. Au choix.

Nous nous éparpillons les uns les autres dans les boutiques du duty-free, tentant de trouver un dérivatif à une journée bien décevante pour l’enrichissement personnel, mais en vain : trois cartes postales d’un endroit qui ne nous a pas enchantés, un parfum pour une épouse, deux magazines pour le long vol qui s’annonce.

A vingt-deux heures nous embarquons pour un décollage tardif, laissant derrière nous le souvenir peu glorieux d’une journée gâchée.

Alors les Fidji ?…

Disons… rien ! Rien de convaincant, pour ce que nous en avons vu. Les Fidjiens semblent sympathiques mais nos chauffeurs de taxi visiblement ne comprenaient pas ce que nous cherchions, et les deux premiers nous ont arnaqué. Mais peut-être n’y avait-il rien à montrer dans cette partie de l’île ?

Une chose est sûre : j’ai suffisamment entendu parler des Fidji pour savoir que nous n’en avons rien vu, et qu’il me faudra revenir. Denis Lagrange, notre cameraman sous-marin sur cet épisode (qui vit à Rangiroa, Polynésie) m’a bien confirmé qu’il y a fait des plongées superbes avec de beaux alcyonnaires, de la faune abondante, etc… mais bien plus au Nord dans l’archipel. Il rapprochait cela de la Nouvelle-Calédonie en terme de plongées.

Alors, une prochaine fois ?… Sans aucun doute, parce qu’il ne faut jamais se laisser décevoir par une première impression négative.

En attendant, j’ai présenté plusieurs fois mes excuses à mes collègues qui auraient peut-être préféré attendre sagement sur cette plage (laide) plutôt que découvrir le chantier du prochain territoire de commerces pour touristes. Promis, la prochaine fois, je partirai toute seule en exploration.

Et puis j’ai tiré une bonne leçon de cette déception : entre rêve et réalité il n’y a parfois qu’un pas qu’il faut néanmoins soigneusement préparer à l’avance pour ne pas se perdre en désillusions…

Cet article a été publié une première fois en novembre 2007 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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