Cap-Vert, plongée sur l’île de Sal © Francis Le Guen

J’ai plongé sur la planète Mars ! C’est ce que vous penserez lorsque, comme moi, vous vous préparerez pour votre première plongée au Cap-Vert afin d’explorer le célèbre puits de lumière de Buracona creusé par la lave d’un ancien volcan sur l’île de Sal.

L’incongruité de la situation peut prêter à rire : je suis là, en combinaison 3 mm et chaussons Néoprène, mes palmes à la main en plein paysage désertique face au volcan, avec à perte de vue une vague poussière d’ocre et de safran qui volette sporadiquement sur les maigres végétations qui ourlent un lit de rivière sèche. Une plongée au Cap-Vert, sur l’île de Sal.

L’eau est plus qu’improbable dans ce paysage d’une autre galaxie, pourtant je m’apprête bel et bien à plonger. Je suis au Cap-Vert, sur l’île de Sal, intriguée par ce fameux puits de lumière qui m’a attirée là, comme un papillon à l’affût du soleil.

Un soleil omniprésent ! Il tape haut et sec, impitoyable. Ici il ne pleut parfois que quelques minutes par an…

Archipel situé au large du Sénégal, à l’Ouest de l’Afrique, le Cap-Vert compte une douzaine d’îles aux différents visages, la plus étendue et la plus peuplée étant l’île de Sal depuis laquelle les plongeurs viennent encore confidentiellement tester cet Atlantique aux courants parfois musclés. D’ailleurs la plongée au Cap-Vert est encore presque confidentielle, réservés aux adeptes d’eau musclée.

Le puits de Buracona, il faut le mériter, aller le chercher après une mise à l’eau quelque peu chaotique en sautant du haut d’un petit à-pic directement dans le ressac, flirter avec les poissons chirurgiens et les tétrodons Canthigaster, avant de pénétrer dans ce long tunnel de lave qui vous aspire dans une gueule béante de requin-baleine.

Nous pénétrons en formation serrée dans la grotte tel un escadron de plongeurs aguerris d’un vieux James Bond, phares à la main, déchirant l’obscurité de nos faisceaux sur une centaine de mètres, surprenant là des poissons-écureuils nageant ventre en l’air comme dans toute cavité sous-marine, ici des éponges réchauffant d’un jaune citron les parois à vif.

Enfin, le bout du tunnel, et instinctivement nous nous immobilisons devant les pinceaux de lumière qui dansent en halo vertical une ronde d’un pur éclat, joyau de cristal nimbé d’une aura mystique enserré dans une eau de velours bleu sombre, apparition surnaturelle et tellement inattendue dans cet environnement quasi hostile des dessous du volcan. Un moment de grâce.

Une plage de sable blanc qui s’étend sur des kilomètres sur l’île de Sal…

L’île de Sal, c’est cela : ce mélange d’improbabilité qui fait sembler étrange que les habitants offrent une si grande hospitalité sur une terre aussi aride, aussi peu accueillante. Et pourtant…

Sal se visite avec le cœur.

Le cœur des Capverdiens qui vous accueillent dans cette langue dérivée du portugais et qui, toujours, sourient avec une immense gentillesse.

Le cœur d’une famille européenne qui a fondé là le premier hôtel de l’archipel (hôtel Morabeza) et en a fait une institution au fil des décennies en fournissant du travail à tout un village, mais en installant aussi la première unité de désalinisation de l’île pour fournir de l’eau douce.

Le cœur des convaincus qui s’inquiètent de l’arrivée récente et massive des Sénégalais qui viennent chercher ici quelques maigres revenus issus du tourisme de plage et qui apprennent aux enfants Capverdiens les premiers gestes de la main tendue en échange de quelques piécettes à la grande consternation de leurs fiers aînés.

Visages souriants des jeunes pêcheurs qui n’hésitent pas à dévoiler leur prise du jour pour vous laisser prendre une photo, ou visage buriné d’une centenaire qui ne peut qu’estimer son âge.

L’improbabilité tient aussi à ce fossé entre les Capverdiens d’hier qui regrettent d’avoir trop voulu offrir aux touristes puisque les requins-tigres ne sont plus désormais que souvenirs fugaces, et ceux de la nouvelle génération qui quittent l’archipel vers l’Europe ou le Brésil pour poursuivre des études supérieures et qui, toujours, reviennent. Pour faire progresser leur patrie, pour y élever leurs enfants.

Si l’immense saline de Pedra de Lume tourne maintenant au ralenti et se visite comme l’un des sites touristiques de l’île tout en restant l’un des bassins d’approvisionnement des marchands d’artemias, minuscules crustacés qui nourrissent vos poissons d’aquarium, le tourisme a fait ces dix dernières années une percée spectaculaire qui, souhaitons-le, incitera malgré tout le gouvernement en place à de la sagesse en veillant à un développement progressif et contrôlé afin de ne pas transformer cet archipel de sérénité en Canaries des temps modernes.

En assurant aussi la répartition des richesses afin que ce secteur d’activité ne profite pas qu’aux tour-operators et aux promoteurs immobiliers européens qui ont tendance à coloniser, sans beaucoup de goût, les plages de sable blanc. L’ère des forfaits « tout inclus » réglés aux agences avant votre départ ne permet pas aux Capverdiens d’augmenter leur niveau de vie.

Un sable blanc qui s’étend sur des kilomètres devant l’hôtel Morabeza, précurseur de l’hôtellerie dans l’archipel au temps où les Russes assuraient encore une liaison aérienne avec l’Angola. Le Morabeza met un point d’honneur à maintenir une atmosphère presque indolente tout en fournissant un service et un accueil irréprochables qui inclut les facilités du centre de plongée Scubateam, un centre longtemps tenu par William Hague, apprécié des habitués.

C’est Guido Resca, son directeur, qui nous fait découvrir désormais, avec la chaleur d’un Italien bercé au son de la saudade du Cap-Vert, des sites de plongée très diversifiés : Chouclass et son énorme banc de poissons-chirurgiens, les Trois Grottes tapissées d’éponges minuscules et qui abritent raies pastenagues, poissons-écureuils et poissons-soldats, Punta Cunha et ses poissons-pierres, ses poissons-trompettes et ses carangues,…

Vous trouverez ici dans des eaux tempérées la faune tropicale de vos séjours sous d’autres latitudes exotiques. La plongée au Cap-Vert est couleur exotique Atlantique, sans la bousculade des hordes de plongeurs…

Mais si l’ombre d’un tourisme aux perspectives agressives se heurte dans le silence de la torpeur du désert à l’indolence d’une population généreuse, on retiendra surtout la présence en ces eaux parfois tumultueuses (sans doute agréables aux plongeurs Bretons !) de petites espèces à découvrir ou redécouvrir : l’élégance menue des crabes diadèmes, la fragilité des salpes translucides et l’incongruité des lièvres de mer dodus vous convaincront que vous avez plongé dans un autre monde…

Au son des balades des chanteurs capverdiens, vous saurez apprécier la quiétude et le don du Cap-Vert. Venez, avant que d’autres ne découvrent les trésors de la plongée au Cap-Vert !

Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage au Cap-Vert ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en juin 2005 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

Rédiger et illustrer un site web ou un blog représente des heures, des années de travail. Prélever sur Internet sans autorisation préalable des photos ou des textes (tout ou partie) est une violation des droits d’auteur. Des outils permettent de dénicher facilement les « emprunteurs » et de les poursuivre (dans le pire des cas), ce sont d’ailleurs souvent les lecteurs qui nous alertent. Si vous souhaitez utiliser un extrait d’article ou une photo n’hésitez pas à demander depuis la page Contact sur ce site. Merci pour votre compréhension.

Partager sur les réseaux c'est me soutenir :
Pin Share

N'hésitez pas à commenter ou à poser des questions, je réponds volontiers !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.