Egypte, le temple de Ramses II sur le site d'Abu Simbel © Marie-Ange Ostré

Je publie aujourd’hui sur ce blog mon 400ème article !… Pour fêter ce mini événement je me devais de choisir pour vous un thème à la hauteur, ne serait-ce que pour me faire plaisir.

Or, quand il s’agit de prendre de la hauteur comment ne pas songer à l’un des monuments les plus beaux au monde, si unique que l’UNESCO a pris en charge son sauvetage lorsqu’il fut menacé par les intérêts économiques d’une nation ? Il y a tout juste quinze jours je renversais la tête en arrière pour saluer le pharaon le plus célèbre (avec Toutankhamon). Sous un ciel indigo et avec la frénésie pourtant respectueuse de centaines de visiteurs avec moi, j’entrais dans le temple d’Abu Simbel pour en découvrir ses merveilles…

Lorsque vous effectuez une croisière sur le Nil avec Marmara, vous avez la satisfaction de ne pas rentrer frustré : vous verrez tous les sites les plus emblématiques de l’ancienne Egypte, et aux meilleures heures afin d’éviter la cohue touristique. Pour cela il vous faut fournir quelques efforts comme par exemple accepter d’être réveillé à 02h du matin pour monter une heure plus tard dans un autocar avec vos compagnons de route et y finir la nuit dans des conditions acceptables : ce matin-là nous avons tous squatté deux sièges par personne pour nous y recroqueviller et sombrer dans les bras de Morphée avant de rencontrer Ramsès II. Notre bus se joint à 04h du matin à un convoi contrôlé et accompagné par des véhicules de la police égyptienne qui veille à ce que rien de fâcheux ne se produisent contre les touristes. Le convoi est divisé en deux, une cinquantaine de cars pour chacun, avec un officier de police à bord de chaque bus. Trois heures de route pour effectuer 280 km dans le désert de Nubie, entre Assouan et Abu Simbel. Une heure avant notre arrivée nous dévorons nos petits déjeuners distribués par le personnel du bateau dans une jolie boîte au contenu riche et copieux tout en écoutant les explications de notre guide puisqu’elle n’a pas l’autorisation de nous les fournir sur le site même.

Egypte, le lac Nasser, Assouan, proche d'Abu Simbel © Marie-Ange Ostré

Une partie du lac Nasser, près d’Assouan, qui a nécessité le déplacement des temples de Ramsès II et Nefertiti vers Abu Simbel.

Si on parle du temple d’Abu Simbel il faudrait pourtant évoquer les DEUX temples : celui dédié à Ramsès II, et celui (plus modeste, quoique…) consacré à son épouse adorée, la reine Nefertari. Les deux temples destinés à célébrer la gloire du couple divinisé ont été construits à hauteur de la seconde cataracte du Nil pour, dit-on, susciter crainte et admiration aux populations nubiennes dont les territoires venaient d’être conquis. Découverts, et désensablés, à partir de 1817, ces deux monuments d’art rupestre ont soulevé en 1963 la plus grande opération de sauvetage au monde lorsque Nasser fit appel à la générosité internationale pour l’aider à déplacer les temples menacés d’engloutissement par le projet du pharaonique lac Nasser qui devait contenir les crues du Nil et permettre le développement économique et la création de villes sur les rives assainies.

Egypte, le site d'Abu Simbel © Marie-Ange Ostré

Voici le site complet d’Abu Simbel avec le temple de Ramsès II à gauche et celui de Nefertiti à droite (ce n’est pas une jolie photo mais la réalité des lieux).

Avant de déplacer les deux temples creusés à même la montagne il fallut raser 200 000 tonnes de pierre sans utiliser le moindre gramme d’explosif… Le temple de Ramsès II fut ensuite découpé en 1 036 blocs numérotés, celui de Nefertari en 800 blocs, avant de transporter le tout sur le nouveau site plus au Sud et bâtir de nouvelles falaises pour y réintégrer les temples. Pour soutenir l’immense façade du temple de Ramsès II une voûte de 3 mètres d’épaisseur fut érigée au-dessus du temple.

La façade du temple de Ramsès II atteint 31 mètres de haut pour 35 mètres de large ; les quatre statues qui accueillent le visiteur font chacune 20 mètres de hauteur…

Voici pour les chiffres…

Par ce beau matin glacial, en descendant du car je cherche des yeux le temple mythique. Mais il faut encore passer le contrôle, montrer son billet d’entrée et parcourir un petit kilomètre à pied avant d’arriver par la droite du temple, au-dessus du lac Nasser. Là, j’enlève lentement mes lunettes de soleil et embrasse le site du regard : une première falaise (qu’on ne devine pas artificielle) pour abriter le temple de Ramsès II, la seconde un peu plus loin sur sa gauche et plus petite pour héberger le temple de Nefertari. L’eau du lac scintille sous le soleil déjà accablant malgré des bourrasques de vent qui nous fait frissonner en plein mois de janvier dans le désert, et les touristes affluent déjà par centaines sur l’immense plaine de sable.

Avant de déplacer les deux temples creusés à même la montagne il fallut raser 200 000 tonnes de pierre sans utiliser le moindre gramme d’explosif…

J’écoute les dernières recommandations de notre guide et je retiens l’heure du rendez-vous fixé à la sortie : nous avons plus d’une heure devant nous pour nous repaître du lieu et découvrir l’intérieur des temples, en toute liberté. Détail crucial pour les photographes : faites-vous plaisir à l’extérieur, oubliez vos appareils photos en entrant. Ici comme au musée national du Caire, ne comptez pas photographier l’intérieur, c’est formellement interdit sous peine d’amende sévère, de pénalité à l’égard de votre guide et votre appareil pourrait être confisqué ! Au Caire j’aurai du mal à comprendre cette interdiction étant donné l’état dans lequel sont exposées les merveilles retrouvées sur les sites archéologiques. Ici dans les temples tout comme dans les tombes de la Vallée des Rois, je comprends et accepte ces règles sans ronchonner.

J’avance, seule, sans voir les touristes alentours et je me concentre sur la façade majestueuse du premier temple qui attire tous les regards : les quatre colosses représentant Ramsès II à différents stades de sa maturité sont écrasants. La seconde a été endommagée par un tremblement de terre remontant à – 27 avant J.C., et a été reconstruite à l’identique, sans rénovation, ce qui souligne le souci de préservation qui animait les équipes chargées du transfert de ces temples. Des statues de divinités encadrent les colosses et des gravures à l’entrée du temple représentent des captifs nubiens enchaînés (photo ci-dessous). Sur la voûte au-dessus des têtes des statues, une frise de babouins est gravée dans la pierre à côté de cartouches au nom de Ramsès II. Les pieds et orteils des représentations de Ramsès me semblent énormes et je crois me souvenir que chaque nez mesure environ 5 mètres de haut… C’est dire l’impression de gigantisme, et de respect, que l’on peut ressentir lorsqu’on se trouve à l’entrée du temple.

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Dès l’entrée, c’est une sensation d’obscurité qui s’abat sur le visiteur après la luminosité imposante qui balaie les sculptures à l’extérieur. Il faut deux ou trois secondes pour s’adapter puis je découvre la salle rectangulaire qui mène au sanctuaire : des colosses géants osiriaques représentant Ramsès II bras croisés sur la poitrine tenant en main le sceptre de la royauté vous accompagnent sur le chemin, sous un plafond orné de peintures aux couleurs encore éclatantes alors qu’elles reposent ici depuis 12 siècles avant J.C.. Hiéroglyphes et cartouches sur chaque centimètre carré de pierre disponible, représentations à taille humaine gravées et peintes des faits d’armes de Ramsès II sur les murs, l’Histoire est au rendez-vous et j’envie Champollion…

Puisque je n’ai pas l’autorisation de photographier je prends le temps de parcourir les petites salles pour tenter de déchiffrer les symboles avec lesquels notre guide nous a familiarisé tout au long de ce séjour. Malgré mon ignorance flagrante en égyptologie, je suis heureuse de reconnaître ici et là l’œil d’Horus, symbole de la protection divine, la fleur de lotus, emblème de l’éternité, celle du papyrus, des représentations de Ramsès II qui régna pendant soixante-quatre ans. Dans la salle d’offrande Ramsès II présente de l’encens à la barque sacrée qui doit accompagner son âme sur le chemin vers la vie éternelle. Dans le sanctuaire, quatre statues rupestres montent la garde sous les traits de Ramsès et de trois dieux représentant les différentes phases du soleil au cours de la journée. Deux fois par an, aux solstices (de nos jours les 22 octobre et 22 février), un rayon de soleil pénètre à l’intérieur du sanctuaire par la porte d’entrée du temple et glisse successivement sur le visage de Ramsès et de deux divinités représentant le lever du soleil et le soleil à son apogée. Le visage de la divinité représentant le soleil à son couchant reste immanquablement dans l’ombre depuis des siècles… Immédiatement je pense aux films hollywoodiens et à Indiana Jones : nos scénaristes d’aujourd’hui n’ont rien inventé.

Avant de sortir du temple je remarque, comme notre guide nous y avait invité, une gravure imposante représentant, fait unique en Egypte, un dieu avec un sexe (fort… enviable ?) dressé à l’horizontal pour représenter la fertilité… Serait-ce là la vraie raison de l’interdiction de photographier l’intérieur du temple ?…

A l’extérieur je prends quelques photos supplémentaires pour saisir des détails et je m’éloigne jusqu’au petit théâtre qui héberge les visiteurs lors des sons et lumières, avant de rejoindre le temple de Nefertari (ci-dessus). Six niches sur la façade abritent des statues de la reine et de son époux. A l’intérieur du temple, six piliers représentent Nefertari en robe blanche, ornée de fleurs de lotus et de papyrus, avec un soin du détail tel que sur certaines scènes la couleur de son vernis à ongles est encore visible… Dans ce temple également, le dieu Seth, dieu du mal, représenté avec avec une tête de chacal, ainsi qu’une scène montrant deux déesses assurant la couronne royale sur la tête de Nefertari. Les couleurs sont ici aussi éclatantes et le bleu et le jaune qui dominent encore laissent imaginer la richesse de la décoration d’origine…

Si j’ai été un peu déçue par les pyramides de Gizeh (et je vous raconterai pourquoi), la découverte des temples d’Abu Simbel fut pour moi l’élément clé de cette visite de l’Égypte ancienne. Karnak, Philae, la Vallée des Rois et des Reines,… tout celà n’était qu’introduction à la grandeur de l’Égypte qui atteint ici à Abu Simbel l’apogée de l’art pharaonique et s’il faut voir (tout de même) les pyramides, ne faites surtout pas l’impasse sur Abu Simbel. Voir l’Égypte sans descendre jusqu’ici ne rime à rien. Je n’ai pas vu, ailleurs d’autre monument mieux préservé, avec des peintures et des gravures aussi grandes ou aussi surprenantes.

Le temple d’Abu Simbel restera sans conteste mon plus beau souvenir d’Égypte.

 

Note : le site d’Abu Simbel est classé au patrimoine mondial culturel de l’UNESCO (lire sa fiche ici).

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Egypte ? Voici quelques pistes à explorer :

  • Mes articles (plus d’une vingtaine !) sur l’Egypte
  • Mes photos sur l’Egypte
  • J’ai visité l’Egypte ancienne avec : le tour-opérateur Marmara

Cet article a été publié une première fois en janvier 2009 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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