Brésil, salpes au large de Fernando de Noronha © René Heuzey

Non, ce n’est pas une faute de frappe ! J’ai réellement croisé des salpes en mars dernier, par douze mètres de fond, lors d’une plongée dans l’archipel de Fernando de Noronha au large de Recife au Brésil.

Et croyez-moi, si faire de la plongée sous-marine au Brésil est déjà un privilège, admirer des dauphins sauvages et des salpes en pleine eau fut un moment magique…

Voici la description que je viens de trouver sur Internet, elle sera toujours plus claire que ce qu’on m’en a dit sur le bateau :« Les salpes sont souvent rassemblées en colonies, formant des chaînes en pleine eau, que l’on nomme ceinture de Vénus. Chaque animal est doté d’une tunique transparente contenant des fibres musculaires qui par contractions, assurent le déplacement. Chaque contraction provoque un courant d’eau qui traverse le corps, entrant par le siphon inhalant et rejeté par le siphon exhalant. Une membrane filtrante retient au passage le plancton nécessaire à son alimentation. De nombreux salpes possèdent dans leur musculature des photophores, cellules bioluminescentes qui émettent une lumière bleutée. La présence d’une corde dorsale qui justifie l’appartenance des Thaliacés à l’embranchement des Cordés n’existe qu’à l’état larvaire. Les salpes adultes ne possèdent ni colonne vertébrale, ni cerveau. Il existe seulement 6 genres de salpes et ils sont tous transparents. Pour se nourrir, les salpes sécrètent un film muqueux passant le long de la paroi corporelle à l’oesophage (bouche) qui piège des particules dans l’eau. Les salpes forment souvent des longues chaînes (jusqu’à 30 m) et se nourrissent près de la surface. Un prédateur commun de salpes souvent retrouvé dans les eaux locales est le poisson lune, mola mola, qui a une longueur maximale de 4 m ! »

Voilà pour la définition. Vous en savez maintenant autant que moi !

Passons maintenant à ce que j’ai vécu sur site : nous venons de terminer notre dernière plongée au Brésil, la veille de notre vol de retour.

Nous sommes au large de l’archipel protégé de Fernando de Noronha, classé au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO (lire sa fiche ici). Un courant fort sur les vingt premiers mètres depuis la surface nous a obligés à sonder rapidement pour nous mettre à l’abri derrière d’énormes roches fixées. Pour contrer ce courant et progresser malgré tout, il nous fallait nous tracter à l’aide de nos mains en agrippant les rochers. Avec le matériel de tournage en bandoulière…

Au fond, pas de courant. Nous avons tourné plusieurs séquences avec l’Homme en vedette bien sûr, des bancs de poissons argentés peu esthétiques mais regroupés sous une cavité assez basse, des bancs de lutjans (ces poissons argent rayé de jaune façon pyjama de bagnard), des espèces somme toute classiques dans des eaux tropicales. Rien d’exceptionnel.

Puis, petit à petit, nous avons découvert deux ÉNORMES langoustes qui ont accepté de jouer avec la caméra de René pendant quelques minutes, un couple de poissons anges français aux nageoires ourlées de citron, et enfin un requin nourrice reposant sur un fond de sable… Plutôt sympathique comme plongée, avec l’impression d’être les premiers à plonger là…

Stupéfaite, j’écarquille les yeux en songeant : « je rêve, et ça va disparaître !« 

Mais tandis que nous remontions au palier, sans plus aucun courant (le courant est très capricieux… il peut se modifier ou disparaître puis ré-apparaître très vite), René était situé au-dessus de moi et l’Homme légèrement devant. René avait éteint sa caméra, et l’Homme faisait défiler les clichés numériques qu’il venait de prendre avec l’appareil photo en caisson. Je repliais tranquillement les bras articulés de mes éclairages sous-marins.

Puis, presque simultanément, nous apercevons tous les deux un long ruban translucide, plat, large d’environ 8 cm et long de plus d’un mètre, prolongé par ce qui semble être une queue ou un dard d’environ 2 mètres. De cristal, à peine visible selon l’orientation du soleil filtré par la surface et la profondeur, il oscille sous nos yeux et l’Homme commence à photographier. Sachant qu’il aime, avec les micro-planctons, avoir une échelle humaine sur le cliché pour mettre la taille de l’animal en évidence, je m’approche et je pose en mettant mon visage à la hauteur de cette salpe dont je découvrirai le nom à bord, avant de me souvenir d’en avoir déjà vu au Cap-Vert, l’année précédente (mais moins grande).

Nous faisons une dizaine de clichés, la transparence de l’animal ne nous permettant pas de savoir si nous aurions un résultat visible à l’écran. Puis l’Homme, carte numérique pleine, fait signe qu’il arrête et il rejoint René cinq mètres plus haut, en décompression. Je traîne un peu, j’observe ce curieux animal que je découvre (pensai-je alors) pour la première fois puis je me retourne vers eux pour remonter à mon tour.

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C’est à ce moment-là que je l’ai vu : un autre salpe, en forme de poire cette fois, d’environ 12 cm de long et 6 cm de large, avec un dard-filament d’environ 30 cm en guise de queue. Autre forme, mais surtout, ô magie, clignotant à l’intérieur de son corps sur ce qui semblait être des fils-néons fluo allant du rose dragée au thyrien !

Stupéfaite, j’écarquille les yeux en songeant : « je rêve, et ça va disparaître !« . Mais non, l’animal continue à gigoter sous mon regard, à 10 cm de mon masque.

D’un bras, je fais un signe vers les deux bonshommes situés au-dessus de moi sans vouloir gâcher ma chance de perdre une seconde de ce spectacle inédit et donc sans les regarder eux.

Intrigué par mon agitation, René s’approche et surpris, remet prestement sa caméra en marche. Je m’écarte un peu pour le laisser se positionner, nous échangeons un regard souriant : quelle vision ! Il tourne quelques images puis il me fait signe d’éclairer par le dessus, je m’exécute avec mes 2 gros 500 watts à plein tube. L’animal continue à onduler mais en s’éloignant cette fois, emportant avec lui les luminescences roses dignes d’un film de science-fiction.

En septembre 2004, nous avions vu une très belle séquence tournée pour le film La Planète Bleue mais nous pensions qu’il s’agissait d’images de synthèse… Eh bien non ! Ces animaux existent réellement, et ils clignotent dans le grand bleu !

Nous n’avions plus de place sur la carte numérique de l’appareil photo et tout s’est passé trop vite pour avoir le temps d’effacer des photos afin de libérer de l’espace pour en prendre d’autres.

Le réalisateur de l’épisode n’a pas retenu cette séquence pour illustrer les plongées au Brésil, peut-être ne l’a-t-il pas vue.

Dans son viseur de caméra, René ne voit qu’en noir et blanc et sur le bateau il m’a confié qu’il ne sait pas ce que ça donnera sur écran. Je ne l’ai pas revu depuis. Je sais maintenant que cette luminescence est provoquée par les muscles de l’animal qui se contractent.

Je sais surtout que cette apparition était bien réelle même si cela semblait… extra-terrestre !

Peut-être aurez-vous envie de pratiquer la plongée au Brésil pour voir cela un jour…

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages au Brésil ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en mai 2005 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne à ce jour. Les articles re-publiés ici sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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