Lombok, dessert de bananes frites

Je ne visite pas un pays sans goûter à sa cuisine et visiter ses marchés, vous le savez. Alors imaginez quand je m’expatrie…

Envie d’une brochette de cabri, d’un cheesecake à l’avocat ou d’une soupe d’escargots au piment ?… Non, je n’évoque pas ici les fantaisies d’un chef désireux de se faire remarquer mais bel et bien une cuisine traditionnelle, celle de l’immense archipel de l’Indonésie, une cuisine indonésienne méconnue de mes compatriotes gavés de sushis, de soupe thaï et de nems par d’innombrables restaurants asiatico-européanisés en notre belle France.

Ici, sur l’île de Lombok, j’ai fêté aujourd’hui dignement mes quatre premières semaines sédentaires à grands renforts de soupe bakso et de kelapon.

Même après plusieurs séjours en différentes îles indonésiennes je ne me lasse pas de goûter à de nouvelles gourmandises et de pousser la curiosité jusqu’à demander à des ménagères hilares « mais comment cuisinez-vous ceci ou cela ?« . Je doute que la réputation de notre célébrissime gastronomie française ait atteint les foyers les plus modestes de Lombok, et ces dames au teint cuivré éclatent de rire gentiment lorsque je bafouille trois mots de bahasa indonésien au marché.

Alors j’ai franchi un autre pas : cet après-midi je me suis rendue dans la ville de Mataram dans une immense librairie inaugurée le jour de mon arrivée en juin dernier (la première vraie librairie sur l’île) pour acheter… 12 livres de cuisine en indonésien ! Et je vous le prouve :

Je vous entends déjà : « mais à quoi bon si c’est incompréhensible ?!« .

Sauf que…

J’ai ainsi fait une découverte qui en a sans doute aidé plus d’une ici parmi les expatriées longue durée : si vous le choisissez bien votre livre de cuisine se lit presque comme une bande dessinée avec de multiples photos de réalisation du plat, une photo finale, une liste d’ingrédients dont il ne reste qu’à traduire les mots dont vous ne connaissez pas encore le sens (pour les basiques comme sucre, huile et farine je suis au point). Et c’est gagné : vous voici en mesure de déchiffrer un livre de cuisine dans n’importe quelle langue !

Autre découverte, si j’en crois l’abondance de livres de cuisine en bahasa les Indonésiennes sont désireuses de cuisiner plus et bien : livres consacrés aux boissons (de préférence sans alcool, rappelons que l’Indonésie vient d’entrer en période de ramadan), aux salades, aux soupes, au poulet, au poisson, etc…

Le rayon le plus abondant ? Celui des livres consacrés aux gâteaux et autres cookies (j’ai même souri en voyant un livre en indonésien consacré uniquement à nos très français macarons). Certes ces livres évoquent surtout des variations autour des cheesecakes, brownies, roulés et fruits frits.

En parlant de fruits frits (dites-le rapidement plusieurs fois, pour rire…), voici l’un de mes desserts préférés ici à Lombok : des bananes frites dans une sorte de panure très légère mais agrémentée de coco fraîche, à tremper dans du miel de jungle. Photo en tête de cet article. À ne dévorer qu’une fois par semaine…

Je me suis donc offert douze livres de cuisine en bahasa pour compléter les 6 (en anglais) que j’avais acheté précédemment dans les aéroports. Je vais pouvoir m’en inspirer désormais pour réaliser moi-même des recettes originales ou pour confectionner les boulettes (bakso) de viande ou de poisson qui enrichissent la soupe du même nom dont je vous parlais plus haut. Ce sera toujours meilleur que les boulettes que l’on peut acheter pour moins d’un Euro les 20 dans la supérette du coin. Voici la photo de ma soupe bakso faite maison la semaine dernière (avec boulettes en provenance du supermarché puisque je n’avais pas encore de livre) :

Lombok, soupe bakso avec boulettes de poulet

Que mange-t-on sur l’île de Lombok ?

Au restaurant :
En vivant sous le soleil, avec une température moyenne ces jours-ci de 28° en ce début de saison sèche, on se nourrit plus légèrement. Et au vu des proportions qui sont offertes dans les restaurants vous ne tiendriez pas longtemps avec un régime à la française entrée-plat-dessert. Instinctivement, et seulement en cas de grosse faim, vous opterez pour entrée-plat le midi pour profiter de la fraîcheur d’une bonne salade de papaye verte ou de mangue verte agrémentée d’oignons rouges, de vinaigre et de piment. Le soir vous choisirez plus aisément plat-dessert pour profiter de ces fameuses « fried bananas » ou de crêpes bananes (les rondelles de bananes sont incorporées à la pâte à crêpes avant qu’elle ne soit mise à cuire). Arrosez votre dessert d’un filet de miel local ou de sucre de palme liquide, et évitez de craquer chaque soir sous peine de rentrer chez vous avec un surcroît de bagages au niveau des hanches…

 

Chez l’habitant :
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer en terre à majorité musulmane vous trouverez aussi du porc sur les marchés et même du jambon en certains lieux dédiés aux restaurants et aux expatriés : en effet l’île compte une forte communauté chinoise dont l’alimentation ne saurait se passer de porc, et les touristes réclament leur bacon du matin à l’hôtel. Cependant l’aliment de base en Indonésie reste le riz, suivi de près par le poisson et le poulet. L’île est aussi un immense jardin à ciel ouvert et les arbres fruitiers se montrent généreux sous cette latitude. Les produits de matière première pour la ménagère sont donc nombreux, et peu coûteux.

Le petit déjeuner est souvent constitué d’une soupe contenant du poisson, ou d’une assiette de riz avec une poignée de légumes bouillis ou sautés et quelques lamelles de poulet. Vers midi, une assiette de riz frit (voici la recette du nasi goreng) ou de nouilles chinoises frites (recette du mie goreng), des incontournables partout en Indonésie. Le soir on mangera une soupe à base de bouillon clair dans laquelle flottent au choix et selon les moyens : poisson, crevettes (pour les familles de pêcheurs), poulet, oeuf, boulettes de viande ou de poisson (les fameuses bakso), champignons, citrouille, etc… Les mieux nantis profiteront d’un plat de viande en sauce (poulet, parfois boeuf), voire de deux, ou se rendront dans un restaurant traditionnel qui fait la réputation de la province de Sumatra par-delà son littoral, le warung Padang (dont je vous reparlerai sous peu).

 

En période de ramadan sur Lombok :
Nous sommes entrés en période de ramadan à Lombok comme partout dans le monde depuis le 9 juillet cette semaine. Les Indonésiens musulmans à Lombok se lèvent à 03h30 du matin au premier appel de la mosquée la plus proche pour prier puis préparer le petit déjeuner. Ils se nourrissent et boivent jusqu’avant le lever du jour, vers 05h00 du matin.

En dehors des enfants les plus jeunes (moins de cinq ans), aucun musulman ne s’autorise à boire la moindre goutte ou à manger pendant toute la journée. Ceux qui forcent le plus mon admiration ces jours-ci sont les pratiquants qui travaillent dans les cuisines des restaurants, qui sont capables de confectionner pour les touristes curries, soupes, grillades, salades et cocktails sans broncher.

Dès que l’appel à la prière se fait entendre à 17h les musulmans peuvent boire avant de prier. Les femmes se mettent aux fourneaux, mais personne ne mange avant que le soleil n’ait tiré sa révérence, vers 19h. Vient alors le dîner, souvent composé de différents plats au choix, pris assis en cercle en famille ou avec des amis.

 

Faut-il aller en Indonésie en période de ramadan ?Quelques lecteurs m’ont demandé s’il est pénalisant de séjourner sur l’île de Lombok ou en Indonésie en général en période de ramadan. Je ne peux pas généraliser puisque même si je suis souvent venue en ce pays je n’en connais pas toutes les provinces. Néanmoins ici à Lombok j’ai pu observer une quasi absence d’activité le premier jour du ramadan ; les commerçants et les restaurants étaient ouverts, mais vides. Dès le lendemain, et jusqu’à présent, l’activité redevient absolument normale avec son cortège d’excursions pour touristes, la même carte dans les restaurants, et le même sourire sur les visages indonésiens.

Je recommanderais juste vivement de bien choisir votre hôtel en vous assurant qu’il n’est pas situé trop près d’une mosquée. Si le gouvernement indonésien a demandé officiellement (et sous couvert d’un rapport rédigé par des oto-rhinos) pour la première fois cette année aux mosquées de ne pas exagérer sur le nombre de décibels, rien n’est encore légiféré et certains craquent : un expatrié australien a écopé de cinq mois de prison pour cause de blasphème l’année dernière (excédé par le hurlement des hauts-parleurs il avait coupé les câbles). Un vieil homme indonésien de 70 ans est sortit de ses gonds l’année dernière, rendu fou par la concurrence acharnée de deux mosquées proches de chez lui. Suite à de trop nombreuses plaintes les autorités tentent de calmer les esprits et de modérer l’enthousiasme des mosquées pourtant la tradition reste bien présente…

Notez tout de même que les célébrations proches de la fin du ramadan sont réputées à Lombok, et je ne manquerai sans doute pas le carnaval avec défilé de chars à Mataram le 8 août prochain ni la mise en lumière de chaque maison à l’aide de bougies placées à l’extérieur la veille au soir. Je vous en reparlerai.

 

Conseil : sans même venir en Indonésie, si vous transitez par Singapour un jour je vous recommande d’entrer dans l’une des librairies Periplus. Ces librairies éditent de petits livres en anglais sur les cuisines asiatiques, vous offrant ainsi la possibilité de réaliser ensuite chez vous quelques recettes traditionnelles de la cuisine indonésienne. Ici sur Lombok, dans la ville principale de Mataram, vous irez chez Gramedia, la seule vraie librairie de l’île (située au premier étage) pour y trouver un grand nombre de livres de cuisine en bahasa, ainsi qu’une faible quantité de livres en anglais sur des thèmes plus diversifiés. Je ne vous indique pas l’adresse, il vaut mieux demander à n’importe quel taxi sur l’île.

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages et ma vie en Indonésie ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en juillet 2013 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne. Les articles re-publiés ici le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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