Comment résister à l’appel du chocolat tandis que les vitrines des chocolatiers rivalisent de créativité et que le week-end de Pâques nous offre toutes les tentations et surtout la meilleure excuse pour succomber aux charmes de l’amer, du sucré, du croquant… Vous, je ne sais pas. Moi, je ne peux pas ! Il fallait donc, pour vous entraîner dans mes errances gourmandes, faire une petite enquête préalable sur la route du chocolat, l’aventure historique mais aussi et surtout celle de votre prochain voyage…

Maison du Chocolat, Paris

Brillat-Savarin, grand voyageur épicurien et gastronome français (auquel on a ensuite dédié un fromage) a dit un jour : « heureux chocolat, qui après avoir couru le monde, à travers le sourire des femmes, trouve la mort dans un baiser savoureux et fondant de leur bouche. »

Mon souvenir chocolaté le plus ancien remonte aux volutes sucrées qui embaumaient toute la maison lorsque, au coeur de l’hiver, ma mère nous accueillait avec une casserole de chocolat fumant pour réchauffer nos estomacs d’écoliers affamés. Quelques années plus tard c’est mon père qui nous souhaitait une bonne journée en nous tendant une barre de chocolat très noir, de celui qu’utilise encore ma mère pour ses pâtisseries, une barre que nous enfouissions dans nos cartables pour la fin de journée. Ensuite… mes souvenirs sont moins précis, égrenés au fil des tablettes dévorées hâtivement en fonction des motivations qui peuvent agiter les envies d’une mère active succombant parfois aux affres de la gourmandise en remerciant celui qui a, un jour, affirmé que le chocolat provoque un afflux de sérotonine dans le cerveau, substance fortement antidépressive.

Petit à petit, j’ai ainsi appris à goûter le chocolat, à le comparer, à l’estimer. Et au gré de mes voyages je me suis fait un plaisir de goûter autant que possible des recettes de cuisine mariant le chocolat à d’autres accords, allant même jusqu’à courir les rues de San Francisco pour découvrir une adresse qui était réputée (et qui m’a pourtant fort déçue…). Des marchés de Bali aux pâtisseries new yorkaises, depuis le Brésil jusqu’en Australie, j’ai traqué le bon, le beau, le gourmand. Mais je reviens toujours à Paris…

Maison du Chocolat, création pour Pâques 2009En faisant quelques recherches aujourd’hui je constate pourtant que sur les dix premiers producteurs mondiaux de cacao je n’en ai arpenté que deux : l’Indonésie et le Brésil. Il me reste donc, pour être une véritable fan, à visiter la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria, le Cameroun, l’Equateur (avec un petit détour, qui n’a rien à voir avec le sujet, jusqu’aux Galapagos), le Togo, la Papouasie Nouvelle-Guinée (le plus vite possible !), et enfin le Mexique. Le Mexique où les fèves du cacaoyer broyées en poudre servaient aux Aztèques à préparer une boisson chaude (et non sucrée) réservée aux dieux en y mêlant de l’eau, des épices et du piment. C’est ainsi que les Conquistadors ont découvert puis rapporté le cacao en Espagne où Marie-Thérèse, infante d’Espagne puis épouse de Louis XIV, l’introduit à la Cour de France, y ajoutant du lait puis du sucre et de la cannelle pour plus de plaisir.

En 1825, Antoine Menier installe la première chocolaterie industrielle à l’échelle mondiale et démocratise ainsi le chocolat qui n’est plus réservé à l’élite. En 1828, c’est le Hollandais Conrad J. Van Houten qui dépose le premier brevet de chocolat en poudre. En 1830 le grossiste en denrées, Suisse, Charles Amédée Kohler ajoute des noisettes au chocolat. La première tablette de chocolat moulé est créée en 1847 grâce à l’adjonction de beurre de cacao qui rend la pâte plus malléable, suffisamment pour être coulée dans des moules. En 1875 Henri Nestlé lance le premier chocolat au lait à croquer grâce au procédé de condensation du lait qu’il invente. En 1884 Albert Poulain révolutionne les petits déjeuners des enfants avec son chocolat à la crème vanillé (avant de mettre sur le marché sa fameuse boîte orange).  En 1912 Jean Neuhaus crée la praline, bonbon de chocolat qui connaîtra bientôt toutes les déclinaisons imaginables, essentiellement fourrée de crème en Belgique. Enfin, Franck Mars lance en 1923 à Chicago la toute première barre chocolatée, inventant ainsi un chocolat ludique et pratique à transporter.

Amusant de mettre un prénom devant tous ces noms légendaires du chocolat alors que vous pensiez qu’ils n’étaient que des marques commerciales, non ?… Et le chocolat prend vie tout à coup !

Mais le saviez-vous : en 1908 Jean Tobler crée en Suisse une barre chocolatée triangulaire, au logo unique. Le nom Toblerone est un jeu de mots entre le nom de son inventeur et le mot italien « torrone » qui signifie miel et nougat aux amandes… (PS : qui a déjà goûté le Toblerone Fruit & Nut ?… je ne l’ai jamais essayé, il faut que je retourne en Suisse !).

Pour tout dire je ne suis pas accro au chocolat suisse, ni au chocolat belge même si je me laisse parfois aller avec quelques tentations trop crémeuses. Je suis adepte du chocolat noir, le vrai, celui qui a le goût de cacao et qui permet d’y associer avec succès d’autres essences délicates : framboise, cerise, bergamote, pistache, miel, gingembre, et même le piment…

Maison du Chocolat, Paris

Si j’ai testé depuis longtemps les chocolatiers les plus réputés de Paris, cela m’a handicapée dans mes recherches à travers le monde ; impossible de trouver plus pur (et donc souvent moins sucré) ou plus créatif que nos chocolatiers et pâtissiers Français. Ce qui m’amène souvent à dire que le meilleur chocolat du monde est confectionné en France (et j’espère que mes lecteurs Suisses et Belges ne m’en voudront pas !). Même au Japon vous vous rendrez à la Maison du Chocolat : après en avoir goûté un nombre incalculable tout autour de la planète, j’affirme haut et fort que la tarte au chocolat du maître Robert Linxe est la meilleure du monde. Et mon fils craque sur ses éclairs au chocolat… Robert Linxe ramène le chocolat au rang du luxe en utilisant des produits irréprochables avec un savoir-faire artisanal. En poussant la porte de l’une de ses boutiques à Paris, Tokyo ou New York, vous serez happé(e) par l’arôme de cacao persistant qui s’échappe des vitrines abritant les collections de bonbons de chocolat. Vous hésiterez entre les truffes à l’abricot (d’une fine subtilité), les bonbons ganache à l’infusion de fenouil, de thé, de cannelle ou de gingembre, ceux à la mousse parfumée à l’orange. Peut-être offrirez-vous un entremet Salvador à votre meilleure amie pour la convaincre de l’alliance onctueuse du cacao et de la mousse de framboise…

Macaron chocolat de Pierre Hermé

Davantage pâtissier que chocolatier (même si…), Pierre Hermé nous offre à Paris et Tokyo, des produits haute couture et je vous recommande vivement son bonbon de chocolat au macaron (photo ci-dessus) qui n’est autre qu’un praliné au macaron chocolat intégrant une fine pâte d’amandes, le tout enrobé de chocolat noir… A réserver à ceux qui ne savent trancher définitivement entre macaron et chocolat ! Pour Pâques il propose ses oeufs griffés, au chocolat noir ou chocolat au lait, de véritables créations en chocolat moulé et garnies de bonbons de chocolat noir ou au lait représentant des masques d’art primitif. Une idée originale pour les aspirants au pays des Aztèques et des Mayas…

Chocolats et tablette Jean-Paul HévinAutre grand artiste chocolatier parisien (représenté également à Tokyo et Hong-Kong), Jean-Paul Hévin s’est fait remarquer au moment du passage au nouveau millénaire avec la création de bonbons de chocolat pour l’apéritif. Le cacao est toujours consommé dans quelques pays d’Amérique du Sud en sauce ou en aromates de plats salées (testez la recette du poulet au chocolat du Mexique) ; Jean-Paul Hévin créait alors le scandale chez les puristes en proposant ses chocolats à l’époisses, au roquefort, au chèvre, et au Pont-Lévêque… Ma curiosité étant encore plus grande que ma gourmandise, je n’ai pu échapper à cet effet de mode qui a fait le tour de Paris et j’ai accepté de goûter l’amertume du cacao sur le roquefort. Surprise : quand il est très peu sucré le cacao s’accommode fort bien de ces fromages qui ont du caractère. Aujourd’hui Jean-Paul Hévin propose également ses macarons apéritifs, aux quatre fromages cités ci-dessus (un choix judicieux pour un menu de fête). S’il reste un incontournable du bonbon de chocolat (testez ses ganaches et ses mendiants), j’ai pourtant une petite préférence pour ses pâtisseries au chocolat (choisir entre la Pyramide et le classique Turin revisité).

A ceux qui sont déjà en Amérique du Sud, je suggère une escale en Equateur pour goûter les tablettes de chocolat Pacari Chocolate : un producteur et fabricant qui s’appuie sur une production bio et des techniques de commerce équitable. Une initiative à souligner au pays du chocolat… Et dans le même ordre d’idée c’est le chocolat de Madagascar que vous goûterez en achetant les tablettes de Madécasse puisque le cacao et le savoir-faire en sont originaires.

L'Artisan du Chocolat

Moins loin, c’est à Londres il faut rendre une petite visite à L’Artisan du Chocolat dans Oxford Street ou a Chelsea pour essayer ses célèbres truffes au caramel salé : un onctueux caramel liquide relevé au sel de Noirmoutier, emprisonné dans une fine coque de chocolat noir… Original, assurément ! Attention à gober la truffe d’un coup si vous ne voulez pas en avoir plein les doigts…

Enfin les globe-trotteurs gourmands pourront errer la truffe au vent dans les allées des Salons du Chocolat à Madrid du 9 au 10 avril 2009, à Paris du 14 au 18 octobre 2009, à New York en novembre et à Moscou en décembre. Avis aux amateurs !…

Si je vous ai proposé cette promenade au pays du chocolat aujourd’hui c’est pour faire voyager mes lecteurs francophones aux quatre coins du monde en mêlant l’histoire et l’actualité à l’une des substances les plus addictives, et pourtant la moins dangereuse du monde. De Paris à Caracas, de Melbourne à Moscou, le chocolat fait partie intégrante de toutes les nations, de toutes les cultures. Mais en attendant de partir sur la route du chocolat, n’hésitez pas à me transmettre vos bonnes adresses partout dans le monde pour que je puisse les tester et vous raconter ensuite ici. Et puisque vous serez nombreux à recevoir famille et amis chez vous en ce week-end de Pâques, je vous propose la recette de l’incontournable fondant au chocolat, à préparer en moins de 30 minutes :

Quelques recettes de cuisine avec du chocolat, à consulter sur les sites suivants :

www.chocoholic.free.fr

40 recettes tout chocolat

12 recettes chocolat de Jean-Paul Hévin

recettes chocolat de Pierre Hermé

autres recettes chocolat de Pierre Hermé

recettes de cookies et confiseriees au chocolat (en anglais)

recettes de brownies, gâteaux, mousses, au chocolat blanc ou noir (en anglais, site australien)

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