Chine, tours de guet sur la Grande Muraille, Simatai © Marie-Ange Ostré

Depuis quelques jours à Pékin je ne pouvais envisager de quitter cette immense métropole sans me rendre d’abord sur le site le plus mythique : la Grande Muraille de Chine.

Classée au patrimoine mondial culturel de l’UNESCO (lire sa fiche ici) la Grande Muraille est un chef-d’oeuvre d’architecture d’une longueur de 5 000km, visible depuis le Nord de Beijing.

En 2007 la liste des 7 Nouvelles Merveilles du Monde (élues par un comité indépendant de l’UNESCO) a désigné la Grande Muraille comme l’une d’elles (voisinant avec le site de Petra en Jordanie, le Machu Picchu au Pérou ou encore le Taj Mahal en Inde).

Mais il existe trois points d’accès à la Grande Muraille au départ de la capitale chinoise, et si vous n’y prenez pas garde les guides en ville ou les agences de voyages vous emmèneront directement à Badeling, le point de vue le plus touristique : des milliers de touristes chaque jour débarquent des bus et se pressent sur le chemin de guet pour s’y faire photographier. Un touriste Chinois n’est pas un Chinois s’il ne se fait pas prendre en photo partout où il passe… (c’est une Chinoise qui me l’a affirmé hier !).

On m’avait annoncé l’enfer, j’ai choisi le paradis : à 2 heures de route de Beijing se trouve un accès moins aisé (et plus sportif) pour admirer dans les meilleures conditions la plus belle portion visible de la Grande Muraille.

Luo Zhewen, un expert spécialisé dans l’étude de la Grande Muraille a dit : « la Grande Muraille de Chine est l’ouvrage le plus gigantesque du monde et le tronçon de Simatai, le plus spectaculaire de la Grande Muraille de Chine« . Ainsi la Grande Muraille fait-elle partie du patrimoine culturel du peuple chinois (mais aussi de celui de toute l’humanité au même titre sans doute que les pyramides d’Egypte), et le tronçon de Simatai est sans doute un élément clé de cet héritage précieux.

35 tours de guet se dressent encore le long des 5,4km de la Grande Muraille visibles depuis Simatai…

Je m’attendais à du spectaculaire, j’ai vécu… un éblouissement !

Construite sur les crêtes des montagnes la Grande Muraille de Simatai dont la construction débuta en première année du règne Hongwu de la dynastie des Ming est jusqu’ici le tronçon le mieux préservé de la Grande Muraille des Ming : 35 tours de guet se dressent encore le long des 5,4km visibles depuis Simatai avec une forme sinueuse et très variée.

Si les tours sont séparées normalement par 500 mètres de remparts, deux d’entre elles à Simatai ne sont distantes que de 43 mètres, et la plupart ne sont séparées que par cent ou deux cent mètres. Mais croyez-moi, cent mètres peuvent en paraître cinq cent lorsque vous les parcourez à pied…

Au fur et à mesure de votre promenade sur la Grande Muraille vous traversez les tours. Vous pouvez ainsi imaginer également le mode de vie (et le confort précaire) des soldats qui montaient la garde là, dans des conditions climatiques souvent rudes.

En apercevant au loin les tours de guet ponctuant les remparts sur la crête des montagnes escarpées, vous ignorez encore qu’il vous faudra user de vos muscles pour mériter un panorama splendide. Or, après avoir choisi l’option cable-car plutôt que grimpette acharnée (principalement pour gagner un temps précieux), vous monterez comme tout le monde à bord des petites nacelles suspendues au-dessus du vide, seul(e) ou à deux maximum.

Profitez d’une promenade de quinze minutes environ au-dessus de la vallée. Dans un silence quasi parfait, sorti(e) de la pollution constante de Beijing, vous admirez les montagnes bleutées et le lac à la couleur laiteuse approvisionnant la région. Pourtant toute votre attention reste fixée malgré tout sur l’objet de votre convoitise :  la Grande Muraille de Chine qui se fait de plus en plus précise au fur et à mesure que la nacelle s’élève vers les cieux.

En descendant de ces oeufs suspendus il faut parcourir quelques centaines de mètres avant de monter à bord du cable-car qui vous hisse encore cent mètres plus haut, mais cent mètres abrupts qui font frémir les plus sensibles au vertige… Superbe !

Ensuite, voyons si votre forme physique est à la hauteur de votre perception…

La Grande Muraille se mérite, il faut monter encore vingt bonnes minutes sur une pente re-dessinée à grands coups de marches taillées dans la pierre, avec des hauteurs de marches différentes, ce qui met à bout rapidement l’endurance la plus exercée. C’est donc à bout de souffle que vous atteindrez les cimes pour poser enfin le pied sur la Grande Muraille !

Saluant d’un sourire le jeune Chinois qui martèle d’un poinçon acéré une fine plaque de marbre pour dessiner le paysage qui s’étend sous nos yeux, je pris le temps de poser à terre les 12 kg de mon sac photo avant d’embrasser le panorama d’un regard ébahi mais reconnaissant : voilà, je suis sur le toit du monde !!!

Pas tout à fait, bien sûr… Mais le toit du monde n’est pas si loin puisque l’Everest sommeille à quelques milliers de kilomètres à peine à vol d’oiseau sur ma gauche.

Contempler d’un coup la route sinueuse formée par la Grande Muraille à travers un paysage de montagnes crénelées et de vallées profondes procure un sentiment de plénitude et d’émerveillement mêlé de stupéfaction : mais comment ont fait ces hommes pour bâtir une telle frontière entre deux états, sur 5 000 kilomètres et dans des conditions pareilles, à cette époque ?!…

La guide auprès de moi me rappelle qu’il y a encore quelques centaines d’années la Grande Muraille séparait officiellement deux territoires : à gauche la Chine, à droite la Mongolie.  Chaque tour de guet pouvait abriter une petite garnison d’hommes échoués là pour défendre la Chine contre, entre autres, ceux de Genghis Khan venus de Mongolie. Par trois fois les sabots des chevaux de Genghis Khan fouleront le chemin de ronde de la Grande Muraille, perçant la défense de pierres et de briques pour obtenir un accès vers Beijing qu’il fera brûler deux fois.

Mais comment a-t-il fait pour grimper jusqu’ici ?!…

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C’est à Simatai dit-on que la Grande Muraille est la plus spectaculaire et la plus à même de faire comprendre l’aspect titanesque de cette construction. Je veux bien le croire…

Pendant près de quatre heures je vais rester dans le vent frais mais sous le soleil pour prendre des photos et grimper plus haut, toujours plus haut, jusqu’à la tour numéro 12 qui marque la fin de la promenade autorisée vers le sommet de Simatai : au-delà, c’est un terrain militaire réservé aux soldats de la République de Chine dont j’ai un jeune, très jeune, exemplaire sous les yeux. Se rongeant les ongles d’ennui, sanglé dans un uniforme presque trop grand pour lui, il veille à ce que les touristes n’aillent pas plus loin.

Lorsque je redescends vers les tours inférieures, chaque tour étant composée d’une ou de plusieurs pièces aux meurtrières et aux fenêtres étroites en forme d’arche, ma guide précise qu’en hiver la neige peut recouvrir ici la Grande Muraille d’une couche de quarante centimètres de neige, rendant difficile l’accès à la tour numéro 12 sur les pierres lisses qui sont déjà sous le soleil éclatant d’octobre aussi glissantes qu’un toboggan d’enfants.

D’ailleurs ici, pas d’enfants : nous sommes à peine une trentaine à avoir osé venir jusqu’à Simatai, des visiteurs privilégiés, conscients ou non qu’une autoroute est en cours de finitions. Dans quelques jours Simatai ne sera plus qu’à moins d’une heure de Beijing et les emplacements de boutiques de souvenirs attendent déjà dans la plaine les hordes de touristes.

Mais pour l’instant je compare avec un monsieur d’un âge respectable les avantages des appareils Canon puisqu’il possède un EOS 1000 qu’il materne précieusement. Pendant vingt minutes nous chercherons lui et moi les meilleurs points de vue sur la Grande Muraille, avec une courtoisie bien chinoise qu’on aimerait retrouver en France.

Plus loin, c’est un tout jeune couple d’Islandais qui me demande de les prendre en photo devant le paysage grandiose ; le temps de les complimenter sur la beauté de leur île de feu sous la glace et me voici récompensée par le sourire lumineux d’un ange blond venu du froid…

Ne venez pas à Beijing sans faire le sacrifice d’une matinée complète dédiée au tronçon de la Grande Muraille de Simatai : nulle part ailleurs vous ne vivrez ce sentiment exaltant de voir l’unique, l’incomparable beauté d’une oeuvre humaine défiant les siècles. Les pyramides d’Egypte à côté ne sont rien malgré leur grand âge et le respect que l’on peut avoir devant le mystère de leur construction. Ici, en Chine, sur les pierres usées de ces remparts exceptionnels vous aurez le sentiment d’avoir touché au rêve de tout voyageur : loin, toujours plus loin…

Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage en Chine ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en mai 2012 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne à ce jour. Les articles re-publiés ici sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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