Bhoutan, forteresse Dzong Punakha

J’ai déjà publié conseils et recommandations pour ce pays, il est temps de vous indiquer toutes les étapes de mon itinéraire de 14 jours de ce voyage au Bhoutan.

Un lecteur m’a récemment rappelé que je n’ai jamais publié l’itinéraire de mon voyage de 14 jours au Bhoutan. Il est plus que temps de m’y mettre, d’autant que, à quelques jours de mon départ vers le Tibet, j’ai eu soudain envie de me replonger dans mes souvenirs tant ce voyage aux portes de l’Himalaya fut à la fois culturellement intéressant et riche en paysages grandioses.

Comme je l’indique déjà dans mon article rassemblant moult conseils pour vous aider à préparer votre voyage j’ai choisi de sortir du circuit habituel proposé aux touristes se contentant de 5 à 7 jours sur place dans une boucle Paro / Thimphu / Punakha / Trongsa / Bumthang (et retour par la même route).

Quelques remarques pratiques avant de vous présenter mon itinéraire de 14 jours au Bhoutan :

1 – Orthographe des lieux au Bhoutan

L’orthographe des noms de sites au Bhoutan est fluctuante. Sur les cartes, sur les panneaux indicateurs, sur les sites web, vous trouverez souvent au moins deux orthographes différentes et parfois un nom anglicisé (pour les touristes ?). Par exemple, on vous parlera du Guru Rimpoche, ou Rinpoché. Et vous irez jusqu’à Trashiyangtsé, ou Trashi Yangtse (pour les exemples les plus simples).

2 – Les distances au Bhoutan

Les distances au Bhoutan peuvent sembler courtes pour nous Européens habitués à des vitesses élevées et à des routes praticables. Au Bhoutan le relief et le climat du pays ne permet pas de rouler à plus de 90km / heure autour de la capitale, Thimphu, et à plus de 60 voire parfois 40km / heure dans tout le reste du pays.

Il vous faudra parfois 3 ou 4 heures pour parcourir 100km sur des routes non asphaltées, à flanc de montagne, en travaux quasi permanents pour chasser les éboulements de terrain après de grosses pluies, etc…

Il faut prendre ce paramètre en compte pour comprendre que les trajets peuvent parfois être longs et monotones. Faites des arrêts fréquents pour admirer le paysage ou parcourir les ruelles dans les villages.

3 – Un sentiment de monotonie parfois

Le Bhoutan compte 20 districts (notre équivalent aux provinces) qui ont chacun : une forteresse, un temple, un monastère. Autant vous dire qu’après la visite de la 3ème forteresse et du 5ème temple… vous retenez à vie le nom du Guru Rimpoche (ou Rinpoché), et un peu moins le nom du Dzong que vous venez d’admirer : l’architecture est identique, les rénovations parfois un peu trop pimpantes, et les moines tous aussi gentils et souriants les uns que les autres.

Néanmoins ces bâtiments font partie intégrante de la culture bhoutanaise et non vous ne ferez pas l’impasse sur le 10ème monastère.

4 – L’âge des bâtiments et autres patrimoines au Bhoutan

Quand on vous indique que la forteresse date du IXème siècle il est fort possible que le bâtiment que vous voyez ait été construit en 1950 sur les ruines d’une forteresse du IXème siècle… Cependant on ne vous le dira pas forcément.

Par exemple, le premier bâtiment du temple iconique de Taktshang à Paro fut « sans doute » construit vers 1508. Une autre construction fut érigée en 1694. D’autres bâtiments furent construits autour en 1861, puis en 1992.

Malheureusement l’ensemble du site de Taktshang fut ravagé par un premier incendie en 1951, puis un incendie plus dévastateur encore en 1998.

Ce que vous admirez donc de nos jours a été reconstruit dans sa totalité et à l’identique en 2005 sur la volonté du 4ème roi du Bhoutan (le site compte 4 temples tous interconnectés par des escaliers et des passerelles).

Pendant votre voyage jusqu’à Bumthang vous visiterez donc des bâtiments souvent en bon état ou récemment rénové (repeints), mais le bâtiment actuel n’est sans doute pas celui d’origine.

Plus à l’Est du pays les temples et forteresses sont moins entretenus (parce que moins visitées par les touristes), et donc un peu plus authentiques.

Néanmoins ces reconstructions et rénovations n’enlèvent rien à la beauté de ces bâtiments.

5 – Autres sites à visiter au Bhoutan

Je n’énumère pas sur mon itinéraire ci-dessous les diverses haltes faites pour photographier les « chörten« , nom tibétain des stūpas bouddhistes que l’on retrouve dans l’ensemble de l’Asie. Leur forme pyramidale, blanche, souvent cernée de guirlandes de drapeaux tibétains, attirera votre regard partout dans le pays.

Les chörten sont souvent le lieu principal de culte d’un village, vous pourrez y rencontrer les habitants et engager la conversation (par l’intermédiaire de votre guide).

6 – Un discours parfois un peu trop bien appris

Si vous n’êtes ni Bhoutanais ni Indien (né et résidant en Inde) vous ne pourrez voyager à travers le Bhoutan sans avoir obligatoirement un chauffeur et un guide (bilingue anglais).

Ce guide, formé et qualifié, vous transmettra avec beaucoup de bonne volonté toutes les informations dont vous aurez besoin pendant la visite des sites.

Néanmoins n’hésitez pas à engager la conversation avec d’autres locaux bilingues pendant votre voyage, pour entendre parfois… d’autres « sons de cloches » sur divers sujets et notamment sur la vie quotidienne ou économique du pays. Vous enrichirez votre compréhension du Bhoutan.

7 – Contact direct restreint avec la population bhoutanaise

De fait, la conversation est parfois difficile à engager avec la population locale puisque en dehors des grandes villes liées au tourisme et de quelques commerçants peu de Bhoutanais parlent suffisamment l’anglais pour vous permettre de discuter librement.

Les jeunes apprennent l’anglais à l’école mais se montrent assez timides. Pour échanger avec les anciens vous aurez besoin du soutien de votre guide (or sa traduction des réponses est parfois emprunte de discours « officiel » surtout au début de votre séjour, il se détendra un peu par la suite au gré de la relation que vous établissez avec lui).

8 – Tenue correcte exigée (faut-il le rappeler ?)

Vous saurez préparer votre valise pour le Bhoutan ou votre sac de voyage en y incluant des vêtements à superposer pour rester au chaud à toute heure du jour (on se lève tôt, on se couche tôt après dîner), des chaussures de marche confortables, etc…

N’oubliez pas que pour entrer dans les temples et monastères une tenue respectueuse est de rigueur : on couvre ses jambes, et ses bras.

9 – Pourquoi voulez-vous voyager au Bhoutan ?

En préparant votre voyage au Bhoutan demandez-vous quelle est votre motivation première : photographie (étroitement liée à la culture et aux traditions du pays tout autant qu’aux paysages), sport (treks, randonnée, rafting), observation des oiseaux et des animaux (le pays est un réservoir d’espèces endémiques et protégées) ?

Une fois déterminée votre motivation première vous saurez quels districts privilégier (avec l’aide de votre agence locale de voyages qui saura vous conseiller).

Pour ma part en me rendant au Bhoutan je cherchais à comprendre cette culture tout en profitant de l’aspect très photogénique d’un royaume aux confins de l’Himalaya, un pays rarement visité. Et je voulais sortir des sentiers battus, je voulais explorer ce que la plupart ne cherchent pas.

Je vous invite donc à découvrir mes étapes ci-dessous tout au long de ce road-trip de 14 jours au Bhoutan, et vous laisse libre de juger de l’intérêt d’un tel voyage en dehors des sentiers battus.

Vous ne l’avez pas lu ? Voici mon retour d’expérience et de nombreuses recommandations : Mon voyage au Bhoutan, conseils

Si vous avez lu cet article ci-dessus vous avez donc compris mon besoin d’en découvrir davantage, quitte à renoncer à un confort habituel et à accepter un cheminement plus lent.

Voici donc les étapes de mon road trip de 14 jours au Bhoutan, établi en tenant compte des dates de festivals culturels annuels et de la meilleure saison pour parcourir les routes au Bhoutan (ce critère est crucial !).

Je vous livre un court résumé de chaque journée, et quelques recommandations. Quand je le peux j’indique aussi des liens vers les hôtels ou vers des sites web qui pourraient vous être utiles pour en apprendre davantage.

Voici aussi la carte de mon itinéraire au Bhoutan, d’Ouest vers l’Est et en m’offrant quelques étapes vers les districts du Nord. N’oubliez pas de zoomez sur cette carte jusqu’à découvrir le nom des villes et villages et bien plus encore :

Bhoutan, survol des sommets de l'Himalaya
Jour 1 : Vol international vers le Bhoutan

Un voyage de 14 jours au Bhoutan signifie en réalité 13 jours et 12 nuits sur place, parce qu’il vous faut inclure sur votre planning et dans votre budget voyage une nuit supplémentaire quasi obligatoire à Delhi, Dubai ou Bangkok (si vous ne souhaitez qu’une seule escale).

Ces aéroports permettent d’accéder ensuite au Bhoutan par un vol direct et sur la compagnie aérienne nationale, Drukair, seule autorisée à se poser sur l’aéroport de Paro au Bhoutan. Du fait de la dangerosité de la localisation de l’aéroport, seuls les pilotes de cette compagnie ont l’autorisation de se poser à Paro, aéroport international du Bhoutan.

Attention : pensez à vérifier plusieurs mois à l’avance si vous avez besoin d’un visa pour entrer en Inde ou en Thaïlande, même pour seulement deux nuits (à l’aller, puis au retour). Une autre option intéressante consiste à faire escale pour deux ou trois jours dans l’une de ces capitales pour la découvrir sans avoir à y revenir.

Compagnie aérienne bhoutanaise : Drukair (en anglais)

Bhoutan, survol des sommets de l'Himalaya
Jour 2 : vol et arrivée à Paro, Bhoutan

Décollage peu avant midi depuis Delhi. Plateau repas, végétarien, avec nouilles et légumes, petite salade, pain, snacks, et dessert, eau ou soda. Rien d’inoubliable mais correct.

Assurez-vous d’avoir réservé un siège côté hublot pour admirer les sommets himalayens sous un ciel azur, et préparez l’appareil photo : les monts Jumolhari et Jichu Drake sont situés au Bhoutan, demandez à l’hôtesse.

L’atterrissage à l’aéroport de Paro est réputé l’un des plus difficiles au monde. Vous le comprendrez au court du dernier quart d’heure du voyage, quand vous verrez les ailes de l’avion glisser dans les vallées entre les montagnes escarpées couvertes de forêt épaisse.

Transfert vers votre hôtel, puis découverte de la ville de Paro à pied, son marché, son pont couvert, etc… La ville est située à 2200m d’altitude, hydratez-vous et reposez-vous.

Hôtel à Paro : Como Uma. Très bel hôtel, confortable, chambres petites mais décorées de façon traditionnelle, vue sur la vallée. Excellent restaurant, choisissez les spécialités bhoutanaises.

Bhoutan, temple Taktshang ou Tiger's Nest
Jour 3 : monastère de Taktshang, route vers Thimphu

Vous avez préparé la veille un léger sac à dos avec l’appareil photo, ses accessoires, de l’eau, des pastilles de citron ou du sucre en morceaux (votre guide en aura sans doute pour vous, emballé dans du papier aluminium), barres de céréales ou fruits secs, chapeau et crème solaire.

Votre bagage est chargé dans la voiture, direction le monastère de Taktshang (ou Tiger’s Nest) à moins de 10 km.

Compter 3 à 5 heures pour grimper (chemin de terre) jusqu’au monastère le plus iconique du Bhoutan et pour le visiter. Altitude : 3 120m. Certains montent à cheval, ou à dos d’âne.

Halte en chemin pour un repas léger si vous le souhaitez dans le seul restaurant disponible sur le trajet (formule buffet) ou pour prendre un thé chaud.

On souffre, mais que c’est beau !

Dans l’après-midi trajet en voiture vers la capitale du Bhoutan, Thimphu (60 km sur autoroute). Et repos…

Mes photos sur le Bhoutan : photos Taktshang par Marie-Ange Ostré

Wikipedia : monastère de Taktshang ou Taktsang ou Tiger’s Nest

Bhoutan, Tshechu Festival à Thimphu
Jour 4 : Tshechu Festival, Thimphu

Au Bhoutan l’orthographe du nom des lieux, sites, monastères, et festivals reste fluctuante (parfois anglicisée). Le Festival de Thimphu (nommé aussi Thimphu Drubchen, partie intégrante des Tshechu festivals dans tout le pays) se tient à des dates toutes aussi fluctuantes entre septembre et octobre.

Il s’étend sur deux à trois jours et rassemble une foule venue du pays tout entier assise sur des gradins de pierre dans ce qui ressemble à une immense arène en plein air derrière le Tashichho Dzong (à la fois forteresse et monastère bouddhiste de Thimphu). On commémore le Guru Rimpoche qui a introduit le bouddhisme au Bhoutan.

Mêlez-vous à la foule, asseyez-vous et admirez aussi bien les danses traditionnelles que les costumes des locaux autour de vous. Atmosphère bon-enfant. Prévoyez chapeau, lunettes de soleil, crème solaire, manches longues, eau et snacks pour vous restaurer.

Au bout de 4 à 5 heures, et parce que tout est commenté en dzongkha (langue officielle proche du tibétain) vous partirez explorer la ville à pied et ses environs en voiture. Faites d’abord le tour du Tashichho Dzong, pour de belles photos.

Voir le Memorial Chorten.

Calendrier des festivals : festivals au Bhoutan en 2025

Les festivals : Tsechu Festivals au Bhoutan

Wikipedia : Tashichho Dzong, Thimphu

Bhoutan, forteresse dzong de Punakha
Jour 5 : entre Thimphu et Punakha (76km, environ 3 heures de route)

Après le petit-déjeuner, route panoramique vers Punakha avec un arrêt photo au col de Dochu La (3 100 mètres), d’où, par temps clair, on profite d’une vue spectaculaire sur les sommets de l’Himalaya (notamment le Kangphu Gang, 7 210m). Air pur garanti !

Route semi-asphaltée, semi-piste. Depuis le col, on redescend à travers les forêts de rhododendrons, de sapins et autres conifères.

En route, arrêt au parc botanique royal de Lamperi (46 espèces de rhododendron dont 29 natives, pas de floraison en septembre).

Arrêt au village de Lobesa pour une promenade à travers les rizières jusqu’au temple Chimi Lhakhang dédié au grand yogi du XIVème siècle, Drukpa Kuenley, censé bénir les femmes en quête de fertilité : peintures de phallus sur les façades, pour le plaisir des touristes chinois qui font halte pour déjeuner avant d’atteindre Punakha dont on admire le Dzong (à la fois forteresse et temple, construit vers 1638) sur l’autre rive de la Pho Chu.

Visiter le Dzong (impératif, c’est l’un des plus beaux du pays !), faites un tour en rafting (court) sur la rivière alimentée par les glaciers.

Wikipedia : Dzong de Punakha (en français)

Bhoutan, yak in Bhutan
Jour 6 : Punakha vers Bumthang, stop à Trongsa (214km, environ 7 heures)

Route vers Bumthang, le cœur culturel du pays. Route sinueuse et parfois spectaculaire, traversant le col de Pele La (ou Pelle La), à 3 350m d’altitude. Couvrez-vous avant de sortir photographier les guirlandes de drapeaux de prières bouddhistes (lungta, ou « chevaux du vent » qui transportent les bonnes vibrations).

On croise des yaks sur la route qui ressemble souvent à une piste gravillonneuse.

Halte à Trongsa pour le déjeuner (même si en chemin vous pourrez acheter des snacks, de l’eau et des fruits auprès de vendeurs locaux, profitez-en pour goûter à ce que la population grignote chaque jour de façon informelle).

Visitez le musée royal de Trongsa ! Petit, mais indispensable.

Après le déjeuner, vous vous dirigerez vers Bumthang, avec ses vallées profondes et ses forêts sombres. Dans les villages aux maisons de pierre et de bois les hommes jouent aux fléchettes (un sport national et populaire, des fléchettes très particulières).

Halte dans une manufacture de yathras où ces tissages textiles sont conçus en incorporant des motifs uniques à Bumthang, sur des métiers à tisser traditionnels.

Bhoutan, Thangbi Mani festival
Jour 7 : région de Bumthang, Chokhor Valley et Festival du Feu

Peu de trajet en voiture. On découvre une infime partie du parc national du centenaire de Wangchuck, le plus grand parc national du royaume. Il s’étend sur 4 914 kilomètres carrés sur cinq districts dans le Nord du Bhoutan. Vallées profondes, forêts de pins bleus, route panoramique, faune et flore unique (pour ceux qui prendront le temps). Découverte de la vallée de Chokhor à Bumthang.

Thangbi Mani est un festival unique qui se déroule pendant 4 jours dans la vallée de Choekhor à Bumthang pour célébrer l’héritage culturel et la tradition. D’une cérémonie sacrée on débouche sur un joyeux chaos populaire : des musiciens (parfois agacés par l’excitation des locaux) se produisent sur des instruments traditionnels. Puis des feux sont allumés pour exorciser le mal, purifier ceux qui osent traverser le feu ou marcher sur les braises en espérant prospérité pour l’année à venir. Nul doute, on vous invitera à vous joindre à eux !

Au Nord de Jakar visite du monastère Kurjey Lhakhang, l’un des lieux les plus sacrés du Bhoutan puisque le Guru Rinpoché (ou Rimpoche) a laissé son empreinte corporelle dans une grotte pendant sa méditation. Le site comprend 3 temples dédiés aux trois premiers rois du Bhoutan qui y reposent. Le premier temple fut construit en 1652, les deux autres en 1900 et 1984. Belle architecture, à voir !

Entre Bumthang et les temples de Kurjey Lhakhang n’hésitez pas à vous arrêter dans les villages pour comprendre la vie locale (Jakar, Chamkhar, Dorjibi,…) et acheter un peu d’artisanat. C’est dans l’un de ces villages où les locaux battent le riz à même la route asphaltée que j’ai eu la chance d’être invitée chez une Bhoutanaise qui m’a offert un thé. Je vous laisse lire mon article à ce sujet et voir mes photos : Un thé au Bhoutan

Bhoutan, route à travers le parc national de Phrumsengla
Jour 8 : depuis Bumthang vers Mongar (198km, soit 7 heures de route)

Détour pour une promenade jusqu’au site de pèlerinage de Mebar Tsho (ou lac brûlant) considéré comme l’un des lieux les plus sacrés du bouddhisme bhoutanais. Pema Lingpa considéré comme un saint aurait sauté dans les remous de la rivière Tang Chhu au XVème siècle avec une lampe à huile allumée pour y découvrir des trésors, et serait ressorti de l’eau avec cette lampe toujours allumée. Une ribambelle de petites lampes de terre témoignent de la vénération accordée à ce saint. La promenade (10mn) depuis le parking jusqu’au site est bucolique et permet de profiter encore un peu de la beauté de la vallée de Choekor.

Commence alors le trajet nettement moins emprunté par les touristes, sur des routes souvent en travaux, avec des arrêts réguliers à des check-points pour montrer votre passeport et faire tamponner votre itinéraire par le guide qui vous accompagne. Le développement économique est moins prononcé, le mode de vie rural est privilégié (et les structures touristiques plus rudimentaires). Le relief escarpé de la région offre des vues spectaculaires tout au long de la journée, avec des cascades tumultueuses et des précipices qui se découvrent au gré des éboulements de terrain (travaux qui bloquent les routes parfois plusieurs heures, il faut donc se lever tôt pour faire la queue comme toutes les autres voitures et attendre l’autorisation de passer).

La route traverse le parc national de Phrumsengla (anciennement parc national de Thrumshingla), photo ci-contre, qui couvre 900km2 sur quatre districts et notamment celui de Mongar vers lequel je me dirige. L’altitude varie de 700 à 4 400m. Plus de 600 espèces de plantes et 71 espèces de mammifères peuvent y être observés (dont le fameux tigre du Bengale et le panda rouge).

En apprendre davantage (notamment sur les espèces à observer) : Phrumsengla National Park

Passage du col de Thrumshing La, culminant à 3 780 mètres, délimitant l’entrée dans le district de Mongar à l’Est du Bhoutan. Ce col (nommé aussi Donga Pass) est le second plus élevé au Bhoutan, et souvent fermé en hiver du fait des conditions climatiques rudes.

Nuit à Mongar.

Bhoutan, moine au monastère de Lhuentse
Jour 9 : vers Lhuentse et environs (152km soit 5 heures de route)

Route sinueuse vers Lhuentse (ou Lhuntse) au Nord de Mongar. Lhuentse est l’un des districts les plus reculés du Bhoutan, réputé pour ses tissages complexes et colorés. Anciennement appelée Kurtoe, la région est aussi le berceau ancestral de la famille royale du Bhoutan. Les paysages sont spectaculaires, avec falaises abruptes, gorges et forêts denses de conifères.

Visite du village de Khoma pour admirer la variété des textiles tissés ici et observer des femmes tisser des textiles sur des métiers traditionnels en bois. Accueil timide, souriant, amusé. Jouer avec les enfants, entrer en conversation (grâce à votre guide) avec les habitants, acheter un tissage ou une breloque, photographier les phallus sur les façades et les piments rouges qui sèchent au soleil sur le toit des maisons. Authenticité.

Et puis, quand vous apercevez le monastère de Lhuentse sur son éperon rocheux nettement plus haut, au moment où votre chauffeur s’engage sur la route du retour, demandez à grimper tout là-haut, et vivre l’expérience unique d’une visite d’un monastère forteresse habité par des moines étudiants, abritant des reliques sacrées, au milieu d’un paysage himalayen à couper le souffle (nous sommes aussi à quelques dizaines de kms à vol d’oiseau de la frontière avec le Tibet). Visite privée effectuée par le maître des lieux, dans une atmosphère mi-rieuse mi-solennelle. Une journée exceptionnelle ! Même si le chauffeur n’a pas trop apprécié le retour sur cette route pénible à la tombée de la nuit. Mille excuses sincères !

Retour vers Mongar pour y passer une seconde nuit.

Bhoutan, langur ou entelle doré
Jour 10 : entre Mongar et Trashiyangtse (110km, soit environ 3 heures de route)

Une journée en demi-teinte, pour prendre un peu de repos (nécessaire aussi pour le chauffeur qui pourtant ne se plaint pas).

À quelques kms de Mongar en direction de Trashiyangtse arrêt soudain au bord de la route pour y admirer une espèce de singe rare : le langur doré de Gee (Trachypithecus geei) ou encore entelle doré est un primate en danger de disparition du fait de la fragmentation de son habitat naturel. On ne le trouve que dans le Nord de l’Assam (Inde, toute proche) et dans le centre Sud du Bhoutan. Deux individus jouent dans les arbres au-dessus de la route et offrent leur regard doré. Trente minutes plus tard, plus bas sur la route un autre langur doré est photographié.

À moins de 20km de Mongar vers l’Est et à peu de distance du col de Korila (2 450m) se trouve le monastère de Ngatshang (deux statues sacrées sont à l’intérieur, celle du guru Rinpoche et celle de Buddha).

En remontant vers le bourg de Trashiyangtse on traverse quelques villages et on s’arrête sur la route pour acheter de l’essence de citronnelle confectionnée sous vos yeux à travers un alambic de fortune. L’essence est 100% naturelle, versée dans une bouteille plastique vide (soda) de 33 cl, pour un prix dérisoire. Faites comme moi, achetez sans discuter le prix. Autour, du cannabis à l’état sauvage pousse librement à l’état sauvage (je rappelle que consommer de la drogue est strictement interdit au Bhoutan).

Nuit à Trashiyangtse (ou à Mongar si l’hôtel Karmaling ne vous convient pas, il semble avoir meilleure réputation en 2025).

Bhoutan, moine au temple de Gom Kora
Jour 11 : Mongar vers Trashiyangtse (125km soit environ 4 heures de route)

Direction Trashiyangtse (ou Trashi Yangtse), en traversant plusieurs villages qui permettent d’observer la vie locale, essentiellement rurale. Jusqu’à ce que vous rejoigniez le niveau de la rivière vous voici sur une portion de route à la fois spectaculaire et complexe (votre chauffeur sait gérer), avec ses portions de piste, de travaux en cours, virages en épingle, etc… Pas de danger, mais vitesse réduite qui permet aussi de profiter des paysages de vallées profondes et de forêts denses mêlées à des zones agricoles. Au niveau de la rivière Dangme Chu vous entrez dans le district de Trashigang (et la ville du même nom, qui offre la possibilité de remonter vers le Nord vers Trashiyangtse.

À 13km au Nord du pont de fer Chazam se trouve le temple de Gom Kora (ou Gomphu Kora, à 1h de route environ depuis Trashigang). C’est un lieu à ne pas manquer, vénéré par les Bhoutanais : selon la légende, Guru Rinpoché, le grand maître bouddhiste qui introduisit le bouddhisme tantrique au Bhoutan au VIIIème siècle, médita ici pour vaincre un démon maléfique qui s’était réfugié dans un rocher massif près du temple. Le Guru s’engagea dans une méditation intense, parvenant finalement à vaincre le démon, laissant son empreinte corporelle sur le rocher. Cet événement sacré transforma Gom Kora en un important lieu de pèlerinage pour les bouddhistes bhoutanais. On vous montrera sur une grosse roche noire derrière le temple l’empreinte du pouce du Guru Rinpoche, de son chapeau et de son corps. Outre l’aspect très photogénique du lieu, pour les Bhoutanais Gom Kora est plus qu’un monument religieux : c’est un lieu d’énergie spirituelle profonde, d’importance culturelle et de richesse historique. On y vient en pèlerinage, depuis le pays tout entier mais aussi depuis l’Inde toute proche.

Plus au Nord Trashiyangtse est une petite ville paisible à quelques kms de la frontière de l’État indien de l’Arunachal Pradesh (aucune route n’y conduit). Les habitants sont connus pour la fabrication de bols et de récipients en bois, la meilleure qualité au Bhoutan. Visiter la forteresse / monastère Trashiyangtse Dzong, construite sur un éperon rocheux au XVème siècle sur le site d’une autre forteresse du IXème siècle. C’est l’un des monastères les plus vénérés et les plus anciens de l’Est du Bhoutan.

Nuit à Trashigang (au Sud de Trashiyangtse).

Bhoutan, femme ethnie brokpa
Jour 12 : depuis Trashigang vers Rangjung et Radhi

J’ai fait modifier le programme de cette journée une fois sur place dès la veille au soir. En effet j’aurais du en ce 11ème jour faire une randonnée de deux heures au départ de Chorten Kora à Trashiyangtse pour arpenter une toute petite partie du Bumdeling – ou Bomdelling – Wildlife Sanctuary avant de visiter les fermes locales pour découvrir l’artisanat des bols et autres contenants en bois, fierté locale.

Le Bumdeling Wildlife Sanctuary (créé en 1998) couvre la majeure partie du district de Trashiyangtse sur 1 520 km2 à des altitudes comprises entre 1 500 et 6 000m. C’est un sanctuaire crucial pour la migration des oiseaux, essentiellement les grues à cou noir (espèce en danger quittant le Tibet tout proche pendant les mois d’hiver pour se réfugier sous les températures plus clémentes au Bhoutan) et les aigles à queue blanche. C’est aussi dans ce parc protégé que l’on peut admirer le seul papillon endémique du Bhoutan et que l’on ne peut voir nulle part ailleurs dans le monde, le Machaon du Bhoutan (Bhutanitis ludlowi).

Si ces deux perspectives m’avaient enthousiasmée sur le papier, en fin de journée la veille à Trashiyangtse j’ai posé des questions : le lendemain était un dimanche, et tous les lieux dans lesquels je devais observer la production de bols et vaisselle en bois seraient fermés. Par ailleurs… à la mi-octobre les fameuses grues à cou noir et autres espèces intéressantes d’oiseaux n’avaient pas encore traversé la frontière virtuelle entre Tibet et Bhoutan (trop tôt). J’avais donc très peu de chances de pouvoir observer ces grands oiseaux rares. J’ai alors fait modifier mon programme du lendemain pour ne pas perdre une journée complète, mais je vous indique néanmoins ces options pour vous permettre de les intégrer dans votre itinéraire si les circonstances vous étaient plus favorables.

Plus d’infos sur : Bumdeling Wildlife Sanctuary

En ce matin du 11ème jour donc, et au départ de Trashigang, j’ai pris la route vers l’Est en direction de Rangjung (environ 30mn) pour y visiter le monastère Rangjung Woesel Choeling et rencontrer les moines (environ 300) et les nonnes qui y étudient. On peut voir la statue de 3 gurus importants dans l’histoire du bouddhisme, et une représentation graphique unique des cinq sens moulée à partir de farine d’orge et de beurre, connue localement sous le nom de Torma, à l’intérieur du monastère (photos autorisées). Après le monastère ne pas hésiter à se promener à pied pendant une heure au moins dans les rues de Rangjung pour y observer la vie locale, entrer dans les échoppes, s’amuser avec les enfants et bavarder avec les adultes (80% d’entre eux en costume traditionnel).

Reprendre la route vers l’Est en direction du village de Radhi (ou Radi) puis celui de Phongmey, réputés pour leur bura, gho et leur kira, un tissu en soie grège. Pique-nique sur place. On peut bavarder avec des tisseuses qui oeuvrent sur le pas de leur porte, sous les tôles ondulées sur lesquelles sèchent viande de yak, piments et champignons.

Non loin de Radhi on visite brièvement le Nunnery Monastery à Khardung.

Au coeur de ces vastes paysages de cultures à flanc de montagne il est possible de rencontrer quelques Brokpas (portrait ci-contre), population semi-nomade en provenance des villages de Merak et Sakteng (situés plus au Sud), venus troquer leur beurre, fromage et viande de yak séchée contre des denrées alimentaires.

Nuit à Trashigang.

Bhoutan, paysage montagneux dans l'Est du pays
Jour 13 : depuis Trashigang vers Samdrup Jongkhar (180 Km soit environ 6 heures de route)

Une journée sans grand intérêt d’autant plus que fatiguée par toutes ces journées en voiture à visiter monastère après monastère l’intérêt s’émousse d’un coup.

Et puis en ce 14 octobre, l’automne s’installe et le temps se gâte soudain dans l’Est du Bhoutan. Après 12 jours de superbe beau temps les nuages s’amoncellent au-dessus des forêts denses sur les 60 premiers kilomètres de la route qui descend droit vers le Sud entre Trashigang et Samdrup Jongkhar qui n’est autre qu’une ville poussiéreuse et frontalière entre le Bhoutan et l’Inde.

J’ai fait un tour rapide de Samdrup Jongkhar en voiture, je n’ai pas cherché à visiter davantage. L’hôtel qui avait été réservé pour la nuit proposait des chambres qui sentaient l’urine à plein nez. Après avoir fermement refusé d’y dormir mon guide a trouvé rapidement un autre hôtel sans prétention mais d’une propreté irréprochable, offrant de surcroît un dîner indien authentique et savoureux.

Je quitte le chauffeur et le guide ce soir-là, les remercie sincèrement avec un pourboire à la hauteur de leurs services et de leur gentillesse.

Nuit à Samdrup Jongkhar.

Bhoutan, camion indien dans l'Est du pays
Jour 14 : Samdrup Jonkhar vers Guwahati puis Bangkok

Trois pays en une seule journée.

Je quitte le Bhoutan.

En matinée un taxi m’emmène depuis l’hôtel de l’autre côté de la frontière entre le Bhoutan et l’Inde, formalités rapides. Des champs de thé (peu photogéniques à cette période de l’année), des rues crasseuses et des ouvriers harassés sur des mobylettes à bout de souffle.

Guwahati est la capitale de l’Assam, une ville dotée d’un aéroport international qui me permet de m’envoler directement vers Bangkok à bord d’un vol Drukair (compagnie natioanle bhoutanaise), pour y passer quelques jours avant de repartir vers l’Indonésie où je vais séjourner quelques mois.

L’autre intérêt de cet aéroport international c’est qu’il est nettement moins grand que celui de Delhi donc les formalités sont rapidement effectuées.

N’oubliez pas que l’itinéraire que j’ai suivi aurait pu être enrichi d’expériences plus physiques si j’en avais eu le temps.

Il faut donc considérer que si vous souhaitez suivre ce road-trip de 14 jours au Bhoutan et que vous avez envie d’y ajouter un trek de 2 ou 3 jours dans l’un des districts au Sud de l’autoroute central, ou de randonner dans le parc national du centenaire (au Nord de Bumthang) pour y observer faune et flore il faudra ajouter environ une semaine, soit un séjour d’environ 3 semaines au Bhoutan et un budget alourdi d’autant.

Mais quelle expérience !

N’hésitez pas à cliquer sur les liens indiqués sous chaque journée afin d’en lire davantage sur mon voyage de 14 jours au Bhoutan, ou pour découvrir mes photos relatives à ce voyage.

Mon album photo sur le Bhoutan ? Voici 35 photos pour compléter cet article.

Et posez toutes les questions que vous souhaiterez en utilisant la partie commentaire ci-dessous ! Je repars en Chine cette semaine, et je vais enfin découvrir le Tibet.

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Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage au Bhoutan ? Voici quelques pistes à explorer :

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