Je suis arrivée sur l’île de Lombok (Indonésie) mi-juin pour une période de cinq mois ; cinq mois qui s’achèveront bientôt bien que je n’en ai nulle envie.
Après plusieurs mois sur Lombok il est temps de faire un petit bilan, autant pour vous que pour moi.
Je me suis montrée discrète ces derniers mois, parce que j’avais beaucoup à apprendre ici, et aussi parce que j’avais beaucoup de travail tout autant qu’une grande envie de céder au “ne rien faire”. J’ai donc travaillé, en alternant les périodes intenses et les phases de déconnexion.
Pour la déconnexion, c’est plutôt facile sur Lombok : au moment où je rédige ces quelques lignes des trombes d’eau s’abattent sur les montagnes et les plages, obligeant les touristes à se replier dans les restaurants ou dans leur chambre d’hôtel, faisant sourire les Indonésiens qui attendaient le début de la saison des pluies avec une impatience teintée de fatalité. La rainy season vient enfin de pointer son nez ! Si jardins, champs et rizières seront désormais abreuvés chaque jour de façon naturelle, il faudra aussi subir les inondations dans les rues à l’asphalte irrégulier et aux trottoirs absents, et repousser l’eau qui s’infiltre jusque sous les vitres dans les montants de fenêtres qui ne connaissent pas, ou peu, les joints d’étanchéité.
J’aime la pluie, et j’ai toujours aimé les orages tropicaux. Bien à l’abri d’une maison, ou d’une chambre d’hôtel, je ne me lasse jamais d’observer la tristesse des feuilles de palmiers sans gloire, attendant que le ciel s’éclaircisse à nouveau. J’aime le parfum de l’orage, celui qui marie l’eau et la terre. J’aime le cri de l’orage, celui qui tonne et rugit le long des sommets, celui qui me fait craindre aussi la coupure d’électricité sauvage en pleine rédaction…
Je sauvegarde mon document toutes les minutes, automatiquement, attendant l’écran noir qui peut survenir à tout instant (c’est arrivé avant que je n’ai le temps de me relire). Parce que les pannes d’électricité (“power cut” comme on dit ici) sont fréquentes sur Lombok, même si l’on m’a laissé entendre que jusqu’il y a deux ans il y en avait tous les jours. Depuis l’inauguration du nouvel aéroport en novembre 2011 ce phénomène se serait nettement réduit, permettant ainsi à de nombreuses familles d’envisager aussi l’achat d’un réfrigérateur, électro-ménager encore inexistant dans la plupart des foyers ruraux en Indonésie.
Ici on conserve les oeufs en dehors de toute réfrigération. Ne vous étonnez pas alors si l’on vous sert vos oeufs au plat avec un jaune aussi cuit que celui d’un oeuf dur. Précaution sanitaire…
Depuis quelques jours donc la saison sèche (qui devrait normalement s’étendre de juin à mi-octobre) a laissé place aux premières pluies de la saison des pluies (à ne pas confondre avec la mousson, plus intense à hauteur de l’équateur, plus haut). Depuis fin juillet sur la côte ouest de Lombok nous n’avions pas reçu une seule goutte de pluie, rien. Le ciel bleu et le soleil en permanence, doublés d’un vent chaud et parfois violent.
Juillet n’a pas été particulièrement beau, mélange de soleil, pluie et vent important avec un ciel souvent blanc gris, affadissant toutes les photographies que j’ai pu prendre à cette période.
Août s’est montré chaud, sec, et radieux, jusque mi-septembre lorsque le vent a repris sa course au quotidien, suffisamment désagréable pour interdire les soirées en extérieur sauf à avoir envie de porter une petite laine et des pantalons longs. Ici, je m’y refuse.
Les quinze premiers jours d’octobre ont été superbes et chauds, avec peu de vent. L’occasion pour les derniers touristes de la saison de goûter à des plages désertes même à Senggigi. Par contre la mer s’est montrée agitée, houleuse, ralentissant parfois les liaisons maritimes entre Lombok et les îles Gili non loin, ou entre Lombok et Bali. Appauvrissant également les marchés locaux puisque les pêcheurs ne peuvent sortir en mer.
Savoir voyager c’est aussi savoir revenir…
J’ai appris chaque jour autant la langue sasak que la cuisine locale : “traditional m’am !”. J’ai goûté à la sauce aux poissons séchés, et aux bananes roulées dans une crêpe, frites et nappées de caramel maison. Je préfère ces dernières au poisson séché, trop exotique pour mon palais d’Européenne, un met au parfum trop… prononcé.
J’ai appris qu’un Indonésien pris en flagrant délit d’incompréhension ou la main dans le sac rit pour cacher son embarras.
J’ai appris que Lombok recèle une quantité impressionnante de papillons que l’on n’observe habituellement que sur les documentaires télévisés de la BBC ou de National Geographic. Superbes ! Et souvent de grande taille !
J’ai appris à choisir, puis à utiliser les piments à Lombok. À les faire griller, sécher, frire dans l’huile. Souvenez-vous que le nom de « lombok » en langage sasak (langue ethnique pratiquée uniquement sur Lombok) signifie piment.
J’ai appris que quelques jours avant les fêtes musulmanes importantes les Indonésiens les moins honnêtes viennent prélever dans les chambres d’hôtels ou chez les particuliers les menus objets (électroniques de préférence) qu’ils pourront revendre à la sauvette le lendemain afin de leur permettre de gagner un peu d’argent pour rejoindre leur famille sur une île voisine (Java, Sumbawa,…) ou d’agrémenter le menu du festin familial du lendemain. Coupe-coupe à l’appui, pour mieux effrayer la victime surprise dans sa chambre en pleine nuit. Désagréable, effrayant, et très frustrant.
J’ai appris que tous les autres Indonésiens alentours se montrent alors désolés et compatissants, essayant de vous aider au mieux, mais incapables de dénoncer qui que ce soit. Solidarité oblige…
J’ai appris que ces incidents relèvent surtout de l’anecdotique et qu’un séjour à Lombok est plus sécurisant qu’un séjour sur la côte d’Azur en plein mois d’août. Et puis ici il y a le sourire permanent, le soleil, les fleurs, les parfums, l’accueil, les plages, les montagnes, le volcan, les singes, la cuisine, le dépaysement, les couchers de soleil (voyez ma photo en tête de cet article !).
Et j’en oublie…
Lombok me manquera lorsque je repartirai vers l’Europe.
Je n’entendrai plus le frottement quasi permanent d’un balais constitué de quelques branchettes d’alang-alang sur le sol devant les maisons.
Je n’entendrai plus les pots d’échappement qui pétaradent sous les coups d’accélérateur des jeunes ados cherchant à épater les copains, et cassant les oreilles de tous les autres.
Je n’entendrai plus la ritournelle agaçante du marchand de glaces sur la plage.
Je n’aurai plus peur au volant d’une voiture, pilant violemment devant un jeune adulte s’engouffrant sur la voie par la gauche sans même un regard derrière son épaule. Ils font tous cela…
Je ne m’agacerai plus de tous ceux qui considèrent qu’un rétroviseur sur un véhicule est juste un ornement (que l’on dirige vers le ciel, au mieux, ou que l’on enlève pour éviter de le casser). À Lombok il y a ceux qui ont passé leur permis de conduire, et ceux qui l’ont acheté. Or personne ne passe son permis pour conduire un deux-roues. Que tous les candidats à la location de voiture sur Lombok se le répètent avant de signer un contrat sans assurance (souscrite auprès de votre banque et garantie par le paiement par carte de crédit).
Lorsque je rentrerai en Europe je pourrai profiter d’un Internet haut débit, et d’un réseau électrique stable. Je pourrai aussi boire l’eau du robinet, acheter de la crème fraîche et du vrai bon chocolat. Je pourrai acheter du porc pour manger du jambon ou des saucisses “normales”, avoir des lardons dans mes spaghettis carbonara, et trouver des oeufs d’une taille digne de ce nom. Ici, ils sont tout petits, à tel point que je double la dose lorsque je me lance dans une confection de pâtisserie sur la base d’une recette occidentale. Et puis je pourrai manger du saumon fumé à Noël, et du foie gras au nouvel an. Me gaver de camembert normand, et de champagne bien français.
Lorsque je rentrerai en Europe je pourrai me parfumer de nouveau chaque matin (en plus de chaque soir). Ici il vaut mieux éviter le parfum en journée, l’alcool qu’il contient supporte mal le soleil.
En Europe je pourrai trouver des salons pour épilation ; sur Lombok c’est denrée rare, quasi unique (j’ai une adresse pour celles que cela intéresse !).
Et puis en Europe on me vend des vernis à ongles qui résistent plus d’une journée (malgré la couche de base dessous ET dessus). Et je pourrai me faire un brushing qui tiendra toute la soirée, parce que la température de l’air ne sera pas trop humide et parce que je n’aurai pas besoin obligatoirement de m’attacher les cheveux pour dégager mon cou et avoir moins chaud (de jour comme de nuit).
Mais lorsque je rentrerai en Europe je serai triste…
Triste de quitter mes nouveaux amis qui fêteront Noël et le nouvel an ici sans moi, sous le soleil et les cocotiers. Triste de ne pas avoir tout appris, de ne pas avoir tout compris. Il y a tant à vivre et à apprendre en Indonésie…
Il faudra que je me réadapte (difficilement) à la grisaille du périphérique parisien, aux autoroutes dispendieuses, aux rames de métro froides et bruyantes, aux personnes qui vous bousculent dans la rue sans s’excuser, à ceux qui vous insultent au volant de leur voiture, aux tristes mines et à la mauvaise grâce des vendeurs dans les magasins ou aux regards supérieurs et lasses des serveurs.
Il faudra que je me réhabitue aux journaux télévisés avec leur litanie de phrases assassines et de catastrophes à pleurer. Il faudra retrouver les petites guerres intestines d’une politique française qui fait rire jusqu’ici, en Asie-Pacifique.
Et puis il faudra que je remette des chaussures fermées, des pantalons, et un manteau ou un blouson. J’enfouirai mon nez dans une écharpe et non plus dans une fleur de frangipanier. Je m’accrocherai à mon sac à main dans la rue (ici je n’en ai nul besoin), mais je pourrai acheter des vêtements à ma taille (ici le XL équivaut à du M en France).
Bref, le retour va être difficile…
Voyager n’est pas seulement absorber pour un temps le mode de vie et le rythme d’une autre population, d’une autre culture. C’est aussi s’adapter à un environnement qui, lorsqu’il est plaisant, rend plus difficile le retour à votre réalité d’origine.
Mais savoir voyager c’est aussi savoir revenir. Se couler dans le moule à nouveau, reprendre des habitudes, retrouver des produits quotidiens, des gestes maintes fois répétés.
Je vais bientôt rentrer, mais il me reste encore un mois pour respirer ce pays par toutes les pores de ma peau, pour accroître mes connaissances et rentrer plus riche encore grâce aux sourires des Indonésiens.
Je vous ferai signe lorsque je serai rentrée, mais en attendant vous pouvez aussi me suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.
Ou bien sur le blog Discover Lombok que j’ai lancé en septembre.
Cet article a été publié une première fois en octobre 2013 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne. Les articles re-publiés ici le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.
Rédiger et illustrer un site web ou un blog représente des heures, des années de travail. Prélever sur Internet sans autorisation préalable des photos ou des textes (tout ou partie) est une violation des droits d’auteur. Des outils permettent de dénicher facilement les « emprunteurs » et de les poursuivre (dans le pire des cas), ce sont d’ailleurs souvent les lecteurs qui nous alertent. Si vous souhaitez utiliser un extrait d’article ou une photo n’hésitez pas à demander depuis la page Contact sur ce site. Merci pour votre compréhension.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Je suis arrivée sur l’île de Lombok (Indonésie) mi-juin pour une période de cinq mois ; cinq mois qui s’achèveront bientôt bien que je n’en ai nulle envie.
Après plusieurs mois sur Lombok il est temps de faire un petit bilan, autant pour vous que pour moi.
Je me suis montrée discrète ces derniers mois, parce que j’avais beaucoup à apprendre ici, et aussi parce que j’avais beaucoup de travail tout autant qu’une grande envie de céder au “ne rien faire”. J’ai donc travaillé, en alternant les périodes intenses et les phases de déconnexion.
Pour la déconnexion, c’est plutôt facile sur Lombok : au moment où je rédige ces quelques lignes des trombes d’eau s’abattent sur les montagnes et les plages, obligeant les touristes à se replier dans les restaurants ou dans leur chambre d’hôtel, faisant sourire les Indonésiens qui attendaient le début de la saison des pluies avec une impatience teintée de fatalité. La rainy season vient enfin de pointer son nez ! Si jardins, champs et rizières seront désormais abreuvés chaque jour de façon naturelle, il faudra aussi subir les inondations dans les rues à l’asphalte irrégulier et aux trottoirs absents, et repousser l’eau qui s’infiltre jusque sous les vitres dans les montants de fenêtres qui ne connaissent pas, ou peu, les joints d’étanchéité.
J’aime la pluie, et j’ai toujours aimé les orages tropicaux. Bien à l’abri d’une maison, ou d’une chambre d’hôtel, je ne me lasse jamais d’observer la tristesse des feuilles de palmiers sans gloire, attendant que le ciel s’éclaircisse à nouveau. J’aime le parfum de l’orage, celui qui marie l’eau et la terre. J’aime le cri de l’orage, celui qui tonne et rugit le long des sommets, celui qui me fait craindre aussi la coupure d’électricité sauvage en pleine rédaction…
Je sauvegarde mon document toutes les minutes, automatiquement, attendant l’écran noir qui peut survenir à tout instant (c’est arrivé avant que je n’ai le temps de me relire). Parce que les pannes d’électricité (“power cut” comme on dit ici) sont fréquentes sur Lombok, même si l’on m’a laissé entendre que jusqu’il y a deux ans il y en avait tous les jours. Depuis l’inauguration du nouvel aéroport en novembre 2011 ce phénomène se serait nettement réduit, permettant ainsi à de nombreuses familles d’envisager aussi l’achat d’un réfrigérateur, électro-ménager encore inexistant dans la plupart des foyers ruraux en Indonésie.
Ici on conserve les oeufs en dehors de toute réfrigération. Ne vous étonnez pas alors si l’on vous sert vos oeufs au plat avec un jaune aussi cuit que celui d’un oeuf dur. Précaution sanitaire…
Depuis quelques jours donc la saison sèche (qui devrait normalement s’étendre de juin à mi-octobre) a laissé place aux premières pluies de la saison des pluies (à ne pas confondre avec la mousson, plus intense à hauteur de l’équateur, plus haut). Depuis fin juillet sur la côte ouest de Lombok nous n’avions pas reçu une seule goutte de pluie, rien. Le ciel bleu et le soleil en permanence, doublés d’un vent chaud et parfois violent.
Juillet n’a pas été particulièrement beau, mélange de soleil, pluie et vent important avec un ciel souvent blanc gris, affadissant toutes les photographies que j’ai pu prendre à cette période.
Août s’est montré chaud, sec, et radieux, jusque mi-septembre lorsque le vent a repris sa course au quotidien, suffisamment désagréable pour interdire les soirées en extérieur sauf à avoir envie de porter une petite laine et des pantalons longs. Ici, je m’y refuse.
Les quinze premiers jours d’octobre ont été superbes et chauds, avec peu de vent. L’occasion pour les derniers touristes de la saison de goûter à des plages désertes même à Senggigi. Par contre la mer s’est montrée agitée, houleuse, ralentissant parfois les liaisons maritimes entre Lombok et les îles Gili non loin, ou entre Lombok et Bali. Appauvrissant également les marchés locaux puisque les pêcheurs ne peuvent sortir en mer.
Savoir voyager c’est aussi savoir revenir…
J’ai appris chaque jour autant la langue sasak que la cuisine locale : “traditional m’am !”. J’ai goûté à la sauce aux poissons séchés, et aux bananes roulées dans une crêpe, frites et nappées de caramel maison. Je préfère ces dernières au poisson séché, trop exotique pour mon palais d’Européenne, un met au parfum trop… prononcé.
J’ai appris qu’un Indonésien pris en flagrant délit d’incompréhension ou la main dans le sac rit pour cacher son embarras.
J’ai appris que Lombok recèle une quantité impressionnante de papillons que l’on n’observe habituellement que sur les documentaires télévisés de la BBC ou de National Geographic. Superbes ! Et souvent de grande taille !
J’ai appris à choisir, puis à utiliser les piments à Lombok. À les faire griller, sécher, frire dans l’huile. Souvenez-vous que le nom de « lombok » en langage sasak (langue ethnique pratiquée uniquement sur Lombok) signifie piment.
J’ai appris que quelques jours avant les fêtes musulmanes importantes les Indonésiens les moins honnêtes viennent prélever dans les chambres d’hôtels ou chez les particuliers les menus objets (électroniques de préférence) qu’ils pourront revendre à la sauvette le lendemain afin de leur permettre de gagner un peu d’argent pour rejoindre leur famille sur une île voisine (Java, Sumbawa,…) ou d’agrémenter le menu du festin familial du lendemain. Coupe-coupe à l’appui, pour mieux effrayer la victime surprise dans sa chambre en pleine nuit. Désagréable, effrayant, et très frustrant.
J’ai appris que tous les autres Indonésiens alentours se montrent alors désolés et compatissants, essayant de vous aider au mieux, mais incapables de dénoncer qui que ce soit. Solidarité oblige…
J’ai appris que ces incidents relèvent surtout de l’anecdotique et qu’un séjour à Lombok est plus sécurisant qu’un séjour sur la côte d’Azur en plein mois d’août. Et puis ici il y a le sourire permanent, le soleil, les fleurs, les parfums, l’accueil, les plages, les montagnes, le volcan, les singes, la cuisine, le dépaysement, les couchers de soleil (voyez ma photo en tête de cet article !).
Et j’en oublie…
Lombok me manquera lorsque je repartirai vers l’Europe.
Je n’entendrai plus le frottement quasi permanent d’un balais constitué de quelques branchettes d’alang-alang sur le sol devant les maisons.
Je n’entendrai plus les pots d’échappement qui pétaradent sous les coups d’accélérateur des jeunes ados cherchant à épater les copains, et cassant les oreilles de tous les autres.
Je n’entendrai plus la ritournelle agaçante du marchand de glaces sur la plage.
Je n’aurai plus peur au volant d’une voiture, pilant violemment devant un jeune adulte s’engouffrant sur la voie par la gauche sans même un regard derrière son épaule. Ils font tous cela…
Je ne m’agacerai plus de tous ceux qui considèrent qu’un rétroviseur sur un véhicule est juste un ornement (que l’on dirige vers le ciel, au mieux, ou que l’on enlève pour éviter de le casser). À Lombok il y a ceux qui ont passé leur permis de conduire, et ceux qui l’ont acheté. Or personne ne passe son permis pour conduire un deux-roues. Que tous les candidats à la location de voiture sur Lombok se le répètent avant de signer un contrat sans assurance (souscrite auprès de votre banque et garantie par le paiement par carte de crédit).
Lorsque je rentrerai en Europe je pourrai profiter d’un Internet haut débit, et d’un réseau électrique stable. Je pourrai aussi boire l’eau du robinet, acheter de la crème fraîche et du vrai bon chocolat. Je pourrai acheter du porc pour manger du jambon ou des saucisses “normales”, avoir des lardons dans mes spaghettis carbonara, et trouver des oeufs d’une taille digne de ce nom. Ici, ils sont tout petits, à tel point que je double la dose lorsque je me lance dans une confection de pâtisserie sur la base d’une recette occidentale. Et puis je pourrai manger du saumon fumé à Noël, et du foie gras au nouvel an. Me gaver de camembert normand, et de champagne bien français.
Lorsque je rentrerai en Europe je pourrai me parfumer de nouveau chaque matin (en plus de chaque soir). Ici il vaut mieux éviter le parfum en journée, l’alcool qu’il contient supporte mal le soleil.
En Europe je pourrai trouver des salons pour épilation ; sur Lombok c’est denrée rare, quasi unique (j’ai une adresse pour celles que cela intéresse !).
Et puis en Europe on me vend des vernis à ongles qui résistent plus d’une journée (malgré la couche de base dessous ET dessus). Et je pourrai me faire un brushing qui tiendra toute la soirée, parce que la température de l’air ne sera pas trop humide et parce que je n’aurai pas besoin obligatoirement de m’attacher les cheveux pour dégager mon cou et avoir moins chaud (de jour comme de nuit).
Mais lorsque je rentrerai en Europe je serai triste…
Triste de quitter mes nouveaux amis qui fêteront Noël et le nouvel an ici sans moi, sous le soleil et les cocotiers. Triste de ne pas avoir tout appris, de ne pas avoir tout compris. Il y a tant à vivre et à apprendre en Indonésie…
Il faudra que je me réadapte (difficilement) à la grisaille du périphérique parisien, aux autoroutes dispendieuses, aux rames de métro froides et bruyantes, aux personnes qui vous bousculent dans la rue sans s’excuser, à ceux qui vous insultent au volant de leur voiture, aux tristes mines et à la mauvaise grâce des vendeurs dans les magasins ou aux regards supérieurs et lasses des serveurs.
Il faudra que je me réhabitue aux journaux télévisés avec leur litanie de phrases assassines et de catastrophes à pleurer. Il faudra retrouver les petites guerres intestines d’une politique française qui fait rire jusqu’ici, en Asie-Pacifique.
Et puis il faudra que je remette des chaussures fermées, des pantalons, et un manteau ou un blouson. J’enfouirai mon nez dans une écharpe et non plus dans une fleur de frangipanier. Je m’accrocherai à mon sac à main dans la rue (ici je n’en ai nul besoin), mais je pourrai acheter des vêtements à ma taille (ici le XL équivaut à du M en France).
Bref, le retour va être difficile…
Voyager n’est pas seulement absorber pour un temps le mode de vie et le rythme d’une autre population, d’une autre culture. C’est aussi s’adapter à un environnement qui, lorsqu’il est plaisant, rend plus difficile le retour à votre réalité d’origine.
Mais savoir voyager c’est aussi savoir revenir. Se couler dans le moule à nouveau, reprendre des habitudes, retrouver des produits quotidiens, des gestes maintes fois répétés.
Je vais bientôt rentrer, mais il me reste encore un mois pour respirer ce pays par toutes les pores de ma peau, pour accroître mes connaissances et rentrer plus riche encore grâce aux sourires des Indonésiens.
Je vous ferai signe lorsque je serai rentrée, mais en attendant vous pouvez aussi me suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram.
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Et sur le numéro Hors-Série Spécial Bahamas du magazine Repérages Voyages qui a été publié il y a déjà 2 semaines. Profitez-en, il est gratuit !
Voyez, j’ai tout de même travaillé sur Lombok ! 😉
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages et ma vie en Indonésie ? Voici quelques pistes à explorer :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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