La réserve marine Cousteau située au large de Basse-Terre en Guadeloupe jouit d’une réputation internationale, comme tout ce qui est lié au nom du célèbre commandant. Pourtant, est-ce bien mérité ?…
J’ai passé mon niveau 1 de plongée en Martinique (formation CMAS) : ma toute première plongée s’est faite en juillet 1998, au moment du Mondial de foot (je ne suis pas fan mais les Antillais, oui !) en compagnie de mon fils qui n’avait que 12 ans à l’époque. Je tenais à ce que nous commencions tous deux cette activité ensemble.
Nous avons donc passé notre baptême de plongée en nous tenant la main, puis après une semaine de cours théoriques et pratiques nous avons révisé notre niveau 1 ensemble (cet enfant d’alors craignant férocement d’échouer !).
L’examen pratique fut difficile pour lui parce que le directeur du centre de plongée n’a fait que peu de concessions au fait que cet enfant n’avait pas la corpulence d’un adulte ni même alors celle d’un adolescent : il nous a fait parcourir 100 mètres en mer en nage de surface, avec bouteille de plongée sur le dos mais sans gilet stabilisateur (qui habituellement fait office de flotteur) ! En ce qui me concerne j’ai eu un peu de mal sur le retour (une bouteille pèse de 10 à 12 kg). De plus… il m’a fallu littéralement soutenir mon fils en surface dès la première moitié du périple parce que la bouteille était bien trop lourde pour lui.
Le moniteur qui nous surveillait étroitement depuis le ponton du centre m’a accueillie en me glissant entre les dents « il est dingue, il n’avait aucune raison de faire ça pour un gamin !« . J’ai su bien plus tard qu’effectivement, cet exercice stupide n’est pas inscrit sur la liste des épreuves, mais je n’ai toujours pas compris pourquoi ce directeur de centre a obligé mon enfant à le faire.
Quoiqu’il en soit, nous avons obtenu notre niveau 1 tous les deux et Romain n’était pas peu fier ! Il l’avait bien mérité. Evidemment après une semaine d’exercices pratiques et contraignants je n’avais pas conservé un souvenir flamboyant de mes plongées autour du célèbre Rocher du Diamant.
Lorsque j’ai replongé sur le même site (et d’autres) en janvier 2005, je n’ai toujours pas été éblouie. Pourtant j’y plongeais cette fois en compagnie du célèbre et pourtant humble Albert Falco, capitaine de la Calypso pendant 37 ans.
Une belle émotion que de plonger avec un grand Monsieur au comportement discret et d’une grande gentillesse (il a accepté de poser pour moi, j’ai même eu droit à une signature et quelques mots adorables sur mon carnet de plongée).
J’ai plongé dans la baie de Saint-Pierre, sur les épaves des bateaux coulés par la nuée ardente de la Montagne Pelée en 1902. Enormes crabes… dont vous entendez cliqueter les pinces sous l’eau.
Et j’ai replongé avec Albert sur le site du Rocher du Diamant, sur l’autre face. Je sais maintenant que ce directeur de centre de plongée en 1998 à l’époque de ma première qualification s’est bien moqué de nous : pendant une semaine nous n’avons vu qu’un seul site, plus un autre pour y faire des exercices d’apnée (dont une apnée jusqu’à 15 mètres que le moniteur qui nous contrôlait sous l’eau a ramené discrètement à 10 mètres lorsque ce fut le tour de mon fils, merci à lui !).
On l’appelle communément « Réserve Cousteau »… même si Cousteau n’y a jamais plongé !
En janvier 2006 j’ai découvert les fonds de la Guadeloupe au large de Basse-Terre, sur une surface que l’on appelle communément « Réserve Cousteau ». Enfin, c’est ainsi qu’elle est nommée… même si Cousteau n’y a jamais plongé !
Pourtant la Guadeloupe a saisi cette occasion de faire un peu de marketing et… un centre de plongée avisé a même décidé d’immerger là un buste en bronze du célèbre commandant. A moins de 10 ou 15 mètres de profondeur, vous vous retrouvez soudain avec le bonnet rouge (qui n’est pas rouge sous l’eau…) vous faisant un signe de communication. Etrange (et presque morbide).
Cette fois, puisque je n’étais pas prise par les difficultés du devoir (pas d’entraînement à la plongée et pas d’éclairagisme sous-marin à assurer pour un cameraman), j’ai davantage prêté attention au paysage et à la flore. Disons-le tout net : je n’ai pas été estomaquée.
Je n’ai pas vu de profusion de poissons, pas d’espèce de hauts fonds, pas de superbes coraux mous… Mais j’admets que je n’ai pas non plus vu tous les sites de plongée proposés par les centres de Guadeloupe. Par contre, j’ai apprécié la multitude d’éponges de toutes formes et de toutes couleurs qui font des Caraïbes un jardin différent du reste du monde. Savez-vous que les éponges peuvent être tubes ? barriques ? cornets ?…
Les gorgones filaires sont aussi étonnantes, de belles chevelures aux longs filaments blancs ou jaunes qui ondulent au gré des courants. Les poissons y jouent, s’y cachent.
Voici la plongée que je recommande : sans doute la plus réputée de Guadeloupe, celle du Sec-Pâté. Dénommé ainsi parce qu’à partir de 30 mètres depuis la surface, on aperçoit d’énormes pics rocheux qui montent des profondeurs. Ces pics sont littéralement couverts d’une épaisse flore sous-marine extrêmement diversifiée : coraux mous d’une belle couleur sombre, gorgones pourpres, coraux cuir, corail de feu, éponges par centaines,…
Évidemment lorsque la flore sous-marine abonde, la faune est présente également puisque les poissons s’y nourrissent et s’y dissimulent. De nombreuses espèces récifales s’y regroupent dont les lutjans, des petites perches de mer, des poissons-coffres pintades qui remuent du croupion frénétiquement, des anges empereurs majestueux, des anges français (qu’on ne voit que dans les Caraïbes), etc… Et par bonheur, une belle tortue déambulant nonchalamment au-dessus de la tête des rares plongeurs qui s’aventurent là, une habituée des lieux paraît-il.
Gorgones filaires, dans la réserve Cousteau.
Cette plongée du Sec-Pâté n’est pas accessible à tous les plongeurs, parce que le site est localisé en pleine mer, entre l’île de la Guadeloupe et l’archipel des Saintes. Parce que la houle de surface est souvent forte, voire très forte. Parfois le courant sous la surface interdit aux plongeurs la descente de 30 mètres vers le site… Le palier de décompression se fait en étant houspillés et accrochés à la corde d’ancrage, et la remontée sur le bateau s’avère sportive et assistée. Avis aux amateurs ! Mais pas de doute, si vous allez en Guadeloupe, et que vous avez le niveau nécessaire, il faut voir le Sec-Pâté !
Si vous y allez, rendez-vous à Bouillante face aux Ilets Pigeon pour plonger avec le centre de plongée Les Heures Saines (lien ci-dessous).
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Guadeloupe ? Voici quelques pistes à explorer :
Département français d’outre-mer et faisant partie des Antilles françaises, la Guadeloupe est un groupe d’îles situé dans le sud de la mer des Caraïbes. Ressemblant à un papillon, ses deux plus grandes îles sont séparées par la Rivière Salée. Pour les plongeurs comme pour les autres voyageurs on privilégiera la période sèche pour se rendre à la Guadeloupe, soit de décembre à avril ou mai : meilleure visibilité dans l’eau, et moins de pluie sur les plages.
Cet article a été publié une première fois en mai 2006 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.
Rédiger et illustrer un site web ou un blog représente des heures, des années de travail. Prélever sur Internet sans autorisation préalable des photos ou des textes (tout ou partie) est une violation des droits d’auteur. Des outils permettent de dénicher facilement les « emprunteurs » et de les poursuivre (dans le pire des cas), ce sont d’ailleurs souvent les lecteurs qui nous alertent. Si vous souhaitez utiliser un extrait d’article ou une photo n’hésitez pas à demander depuis la page Contact sur ce site. Merci pour votre compréhension.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
La réserve marine Cousteau située au large de Basse-Terre en Guadeloupe jouit d’une réputation internationale, comme tout ce qui est lié au nom du célèbre commandant. Pourtant, est-ce bien mérité ?…
J’ai passé mon niveau 1 de plongée en Martinique (formation CMAS) : ma toute première plongée s’est faite en juillet 1998, au moment du Mondial de foot (je ne suis pas fan mais les Antillais, oui !) en compagnie de mon fils qui n’avait que 12 ans à l’époque. Je tenais à ce que nous commencions tous deux cette activité ensemble.
Nous avons donc passé notre baptême de plongée en nous tenant la main, puis après une semaine de cours théoriques et pratiques nous avons révisé notre niveau 1 ensemble (cet enfant d’alors craignant férocement d’échouer !).
L’examen pratique fut difficile pour lui parce que le directeur du centre de plongée n’a fait que peu de concessions au fait que cet enfant n’avait pas la corpulence d’un adulte ni même alors celle d’un adolescent : il nous a fait parcourir 100 mètres en mer en nage de surface, avec bouteille de plongée sur le dos mais sans gilet stabilisateur (qui habituellement fait office de flotteur) ! En ce qui me concerne j’ai eu un peu de mal sur le retour (une bouteille pèse de 10 à 12 kg). De plus… il m’a fallu littéralement soutenir mon fils en surface dès la première moitié du périple parce que la bouteille était bien trop lourde pour lui.
Le moniteur qui nous surveillait étroitement depuis le ponton du centre m’a accueillie en me glissant entre les dents « il est dingue, il n’avait aucune raison de faire ça pour un gamin !« . J’ai su bien plus tard qu’effectivement, cet exercice stupide n’est pas inscrit sur la liste des épreuves, mais je n’ai toujours pas compris pourquoi ce directeur de centre a obligé mon enfant à le faire.
Quoiqu’il en soit, nous avons obtenu notre niveau 1 tous les deux et Romain n’était pas peu fier ! Il l’avait bien mérité. Evidemment après une semaine d’exercices pratiques et contraignants je n’avais pas conservé un souvenir flamboyant de mes plongées autour du célèbre Rocher du Diamant.
Lorsque j’ai replongé sur le même site (et d’autres) en janvier 2005, je n’ai toujours pas été éblouie. Pourtant j’y plongeais cette fois en compagnie du célèbre et pourtant humble Albert Falco, capitaine de la Calypso pendant 37 ans.
Une belle émotion que de plonger avec un grand Monsieur au comportement discret et d’une grande gentillesse (il a accepté de poser pour moi, j’ai même eu droit à une signature et quelques mots adorables sur mon carnet de plongée).
J’ai plongé dans la baie de Saint-Pierre, sur les épaves des bateaux coulés par la nuée ardente de la Montagne Pelée en 1902. Enormes crabes… dont vous entendez cliqueter les pinces sous l’eau.
Et j’ai replongé avec Albert sur le site du Rocher du Diamant, sur l’autre face. Je sais maintenant que ce directeur de centre de plongée en 1998 à l’époque de ma première qualification s’est bien moqué de nous : pendant une semaine nous n’avons vu qu’un seul site, plus un autre pour y faire des exercices d’apnée (dont une apnée jusqu’à 15 mètres que le moniteur qui nous contrôlait sous l’eau a ramené discrètement à 10 mètres lorsque ce fut le tour de mon fils, merci à lui !).
On l’appelle communément « Réserve Cousteau »… même si Cousteau n’y a jamais plongé !
En janvier 2006 j’ai découvert les fonds de la Guadeloupe au large de Basse-Terre, sur une surface que l’on appelle communément « Réserve Cousteau ». Enfin, c’est ainsi qu’elle est nommée… même si Cousteau n’y a jamais plongé !
Pourtant la Guadeloupe a saisi cette occasion de faire un peu de marketing et… un centre de plongée avisé a même décidé d’immerger là un buste en bronze du célèbre commandant. A moins de 10 ou 15 mètres de profondeur, vous vous retrouvez soudain avec le bonnet rouge (qui n’est pas rouge sous l’eau…) vous faisant un signe de communication. Etrange (et presque morbide).
Cette fois, puisque je n’étais pas prise par les difficultés du devoir (pas d’entraînement à la plongée et pas d’éclairagisme sous-marin à assurer pour un cameraman), j’ai davantage prêté attention au paysage et à la flore. Disons-le tout net : je n’ai pas été estomaquée.
Je n’ai pas vu de profusion de poissons, pas d’espèce de hauts fonds, pas de superbes coraux mous… Mais j’admets que je n’ai pas non plus vu tous les sites de plongée proposés par les centres de Guadeloupe. Par contre, j’ai apprécié la multitude d’éponges de toutes formes et de toutes couleurs qui font des Caraïbes un jardin différent du reste du monde. Savez-vous que les éponges peuvent être tubes ? barriques ? cornets ?…
Les gorgones filaires sont aussi étonnantes, de belles chevelures aux longs filaments blancs ou jaunes qui ondulent au gré des courants. Les poissons y jouent, s’y cachent.
Voici la plongée que je recommande : sans doute la plus réputée de Guadeloupe, celle du Sec-Pâté. Dénommé ainsi parce qu’à partir de 30 mètres depuis la surface, on aperçoit d’énormes pics rocheux qui montent des profondeurs. Ces pics sont littéralement couverts d’une épaisse flore sous-marine extrêmement diversifiée : coraux mous d’une belle couleur sombre, gorgones pourpres, coraux cuir, corail de feu, éponges par centaines,…
Évidemment lorsque la flore sous-marine abonde, la faune est présente également puisque les poissons s’y nourrissent et s’y dissimulent. De nombreuses espèces récifales s’y regroupent dont les lutjans, des petites perches de mer, des poissons-coffres pintades qui remuent du croupion frénétiquement, des anges empereurs majestueux, des anges français (qu’on ne voit que dans les Caraïbes), etc… Et par bonheur, une belle tortue déambulant nonchalamment au-dessus de la tête des rares plongeurs qui s’aventurent là, une habituée des lieux paraît-il.
Gorgones filaires, dans la réserve Cousteau.
Cette plongée du Sec-Pâté n’est pas accessible à tous les plongeurs, parce que le site est localisé en pleine mer, entre l’île de la Guadeloupe et l’archipel des Saintes. Parce que la houle de surface est souvent forte, voire très forte. Parfois le courant sous la surface interdit aux plongeurs la descente de 30 mètres vers le site… Le palier de décompression se fait en étant houspillés et accrochés à la corde d’ancrage, et la remontée sur le bateau s’avère sportive et assistée. Avis aux amateurs ! Mais pas de doute, si vous allez en Guadeloupe, et que vous avez le niveau nécessaire, il faut voir le Sec-Pâté !
Si vous y allez, rendez-vous à Bouillante face aux Ilets Pigeon pour plonger avec le centre de plongée Les Heures Saines (lien ci-dessous).
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Guadeloupe ? Voici quelques pistes à explorer :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Vous aimez ? N'hésitez pas à partager :
Articles similaires
Related posts
Maldives, le bal des mantas sur Hanifaru
Deux plongées aux Bermudes
10 ans : fin du blog Un Monde Ailleurs