Avant de m’y rendre pour la première fois j’ai cherché des informations sur la cuisine de Guyane, je n’ai rien trouvé sur Internet ! Pourtant une fois sur place j’ai découvert des produits et des saveurs qui méritent amplement d’être saluées.
Abordons ici le chapitre de la cuisine de Guyane. Vous êtes-vous jamais interrogé(e) sur la cuisine guyanaise ? Quels plats garnissent les tables de nos compatriotes guyanais ? Lors de chacun de mes voyages je me montre toujours curieuse de l’alimentation locale, de l’utilisation des produits naturels du pays ou de la région que je découvre, de ses marchés.
Guyane : un département français égaré en Amérique du Sud, couvert à 94 % par les confins de la forêt amazonienne (le delta est à quelques centaines de kilomètres au Sud et ses alluvions sont parfaitement visibles sur les cartes satellites). Il fait 28°, et 88 % d’humidité dans l’air sur les bords du fleuve Oyapock, frontière naturelle (depuis 1713 !) entre le Brésil et la Guyane.
A peine arrivés, et nous voici attablés : à Saint-Georges de l’Oyapock il n’existe que trois restaurants modestes. D’ailleurs, nous serons hébergés pendant trois jours « Chez Modestine« , une pension de famille comme on n’en voit qu’ici.
La cuisine est simple et elle tient compte des arrivages en provenance de Cayenne (qu’il faut aller chercher à une heure et demie par la route nationale quasi déserte), mais surtout de la pêche et de la chasse du jour.
Au menu nous avons le choix entre une friture de petits poissons du fleuve, une brochette de couman-couman (gros poisson de rivière d’environ un mètre de long à la chair jaune et savoureuse, voir la photo en tête de cet article) ou, plus exotique encore, du pécari, petit sanglier local. Ici on l’appelle plus communément le cochon bois, parce qu’il est chassé en forêt profonde, ou bien le pakira (en créole local). Il est cuisiné en fricassée dans une sauce brune, sa viande est dense. C’est celle qu’on nous proposera le plus souvent pendant ce séjour en Guyane.
Quand on le réclame le piment arrive très vite sur la table, mais il n’est pas offert systématiquement aux touristes qui évitent son feu. Antiseptique naturel, et gorgé de vitamine C, il faut pourtant savoir l’apprécier. Essayez le piment-cabresse, le plus aromatique, qui vous changera du célèbre piment oiseau des Antilles.
Au dîner nous goûtons à l’acoupa, un gros poisson sur lequel on peut prélever des filets larges comme votre main, servis ici avec une sauce aux câpres, même si la plupart du temps les Guyanais l’accommodent avec une sauce aux fruits de la passion.
Tout en appréciant notre poisson nous observons un bus se garer près du fleuve : des policiers sont là pour encadrer la vingtaine d’hommes qui en descend et nous devinons que ces clandestins sont reconduits sur leur sol d’origine ; le Brésil est sur l’autre rive. La police française est attentive à l’immigration sauvage, même si le contrôle strict est totalement impossible le long de cette frontière-jungle.
Au fil des jours nous essayons divers mets locaux, dont l’agouti (appelé ici le pack) qui est un rongeur d’un poids d’environ 2 kg, entre le lièvre et le rat. Une fricassée à la sauce claire, accompagné de riz créole.
Une salade de crudités accompagne tous les plats : carottes, pommes de terre, chou, ou papayes vertes sont débités en épaisse julienne et assaisonnés d’une vinaigrette classique.
Plat devenu plus rare en Guyane puisque l’espèce y est malheureusement en voie d’extinction pour avoir été trop chassée pour sa chair très appréciée et son cuir de qualité : le maïpouri. C’est le tapir, gros mammifère apparenté au cheval ou au rhinocéros, qui peut atteindre les 2 mètres de long et peser 300kg. Il se réfugie très souvent dans la boue pour se débarrasser des parasites et des insectes ou plus volontiers dans l’eau pour éviter son seul prédateur, le jaguar. Le tapir est cuisiné en sauce brune, épaisse, sa chair est blanche et tendre. Je ne le sais pas encore mais je verrai bientôt des tapirs pendant notre voyage au Brésil, dans le Mato Grosso do Sul.
A Ouanary, village dissimulé dans une anse de la rivière du même nom (un affluent de l’Oyapock près de son estuaire) une autre pension de famille nous offrira un menu unique (ce qui limite les atermoiements du délicat problème de la prise de commande pour toute une équipe de tournage). A nous le couman-couman pêché du jour, cuisiné en sauce curry, les salades mixtes de mangues vertes et papayes vertes (j’adore !), les compotes de banane plantain, et le pécari au curry. Nos petits déjeuners seront constitués de sandwiches au salami (!), de café et d’infusion de citronnelle chaude.
Enfin, avant de reprendre le chemin du retour, nous dévorerons à Cayenne une belle assiette de gambas grillées servies avec une sauce composée de piments et de cacahuètes hachées, ainsi qu’une somptueuse fricassée de crevettes charnues arrosées d’une sauce crémeuse à l’anis étoilé…
Preuve s’il en était besoin que ce beau département de la Guyane peut également se montrer surprenante et diversifiée sur le registre gastronomique !
Pour en découvrir bien davantage sur l’alimentation en Guyane lisez cet excellent article sur la cuisine en Guyane.
Cet article a été publié une première fois en décembre 2005 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.
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Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Avant de m’y rendre pour la première fois j’ai cherché des informations sur la cuisine de Guyane, je n’ai rien trouvé sur Internet ! Pourtant une fois sur place j’ai découvert des produits et des saveurs qui méritent amplement d’être saluées.
Abordons ici le chapitre de la cuisine de Guyane. Vous êtes-vous jamais interrogé(e) sur la cuisine guyanaise ? Quels plats garnissent les tables de nos compatriotes guyanais ? Lors de chacun de mes voyages je me montre toujours curieuse de l’alimentation locale, de l’utilisation des produits naturels du pays ou de la région que je découvre, de ses marchés.
Guyane : un département français égaré en Amérique du Sud, couvert à 94 % par les confins de la forêt amazonienne (le delta est à quelques centaines de kilomètres au Sud et ses alluvions sont parfaitement visibles sur les cartes satellites). Il fait 28°, et 88 % d’humidité dans l’air sur les bords du fleuve Oyapock, frontière naturelle (depuis 1713 !) entre le Brésil et la Guyane.
A peine arrivés, et nous voici attablés : à Saint-Georges de l’Oyapock il n’existe que trois restaurants modestes. D’ailleurs, nous serons hébergés pendant trois jours « Chez Modestine« , une pension de famille comme on n’en voit qu’ici.
La cuisine est simple et elle tient compte des arrivages en provenance de Cayenne (qu’il faut aller chercher à une heure et demie par la route nationale quasi déserte), mais surtout de la pêche et de la chasse du jour.
Au menu nous avons le choix entre une friture de petits poissons du fleuve, une brochette de couman-couman (gros poisson de rivière d’environ un mètre de long à la chair jaune et savoureuse, voir la photo en tête de cet article) ou, plus exotique encore, du pécari, petit sanglier local. Ici on l’appelle plus communément le cochon bois, parce qu’il est chassé en forêt profonde, ou bien le pakira (en créole local). Il est cuisiné en fricassée dans une sauce brune, sa viande est dense. C’est celle qu’on nous proposera le plus souvent pendant ce séjour en Guyane.
Quand on le réclame le piment arrive très vite sur la table, mais il n’est pas offert systématiquement aux touristes qui évitent son feu. Antiseptique naturel, et gorgé de vitamine C, il faut pourtant savoir l’apprécier. Essayez le piment-cabresse, le plus aromatique, qui vous changera du célèbre piment oiseau des Antilles.
Au dîner nous goûtons à l’acoupa, un gros poisson sur lequel on peut prélever des filets larges comme votre main, servis ici avec une sauce aux câpres, même si la plupart du temps les Guyanais l’accommodent avec une sauce aux fruits de la passion.
Tout en appréciant notre poisson nous observons un bus se garer près du fleuve : des policiers sont là pour encadrer la vingtaine d’hommes qui en descend et nous devinons que ces clandestins sont reconduits sur leur sol d’origine ; le Brésil est sur l’autre rive. La police française est attentive à l’immigration sauvage, même si le contrôle strict est totalement impossible le long de cette frontière-jungle.
Au fil des jours nous essayons divers mets locaux, dont l’agouti (appelé ici le pack) qui est un rongeur d’un poids d’environ 2 kg, entre le lièvre et le rat. Une fricassée à la sauce claire, accompagné de riz créole.
Une salade de crudités accompagne tous les plats : carottes, pommes de terre, chou, ou papayes vertes sont débités en épaisse julienne et assaisonnés d’une vinaigrette classique.
Plat devenu plus rare en Guyane puisque l’espèce y est malheureusement en voie d’extinction pour avoir été trop chassée pour sa chair très appréciée et son cuir de qualité : le maïpouri. C’est le tapir, gros mammifère apparenté au cheval ou au rhinocéros, qui peut atteindre les 2 mètres de long et peser 300kg. Il se réfugie très souvent dans la boue pour se débarrasser des parasites et des insectes ou plus volontiers dans l’eau pour éviter son seul prédateur, le jaguar. Le tapir est cuisiné en sauce brune, épaisse, sa chair est blanche et tendre. Je ne le sais pas encore mais je verrai bientôt des tapirs pendant notre voyage au Brésil, dans le Mato Grosso do Sul.
A Ouanary, village dissimulé dans une anse de la rivière du même nom (un affluent de l’Oyapock près de son estuaire) une autre pension de famille nous offrira un menu unique (ce qui limite les atermoiements du délicat problème de la prise de commande pour toute une équipe de tournage). A nous le couman-couman pêché du jour, cuisiné en sauce curry, les salades mixtes de mangues vertes et papayes vertes (j’adore !), les compotes de banane plantain, et le pécari au curry. Nos petits déjeuners seront constitués de sandwiches au salami (!), de café et d’infusion de citronnelle chaude.
Enfin, avant de reprendre le chemin du retour, nous dévorerons à Cayenne une belle assiette de gambas grillées servies avec une sauce composée de piments et de cacahuètes hachées, ainsi qu’une somptueuse fricassée de crevettes charnues arrosées d’une sauce crémeuse à l’anis étoilé…
Preuve s’il en était besoin que ce beau département de la Guyane peut également se montrer surprenante et diversifiée sur le registre gastronomique !
Pour en découvrir bien davantage sur l’alimentation en Guyane lisez cet excellent article sur la cuisine en Guyane.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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