Chine, rizières en terrasses de Longji, Longsheng province du Guangxi © Marie-Ange Ostré

Lorsque j’ai préparé mon voyage en Chine je voulais voir les deux principales métropoles, Pékin et Shanghai, mais aussi des régions touristiques et d’autres plus reculées. Les incontournables, tout en sortant un peu malgré tout des sentiers battus.

 

L’immensité du territoire chinois permet de découvrir « ce qu’il faut voir » mais aussi ce qui correspond davantage à vos goûts personnels. Et rien ne me plaît autant qu’explorer des villages ignorés et établir une communication avec des populations isolées. En ce sens, et puisqu’il s’agissait aussi de mon tout premier voyage en Chine, je voulais voir l’incontournable : les rizières en terrasses de Longji et Longsheng.

Après avoir passé quelques jours aux alentours de Guilin dans la province du Guangxi, je suis remontée vers l’aéroport afin de rejoindre ma dernière étape en Chine, Shanghai. Mais avant cela je voulais rencontrer ces femmes de l’ethnie Yao à la chevelure si longue qu’elles ont été enregistrées dans le livre Guiness des Records.

J’ai donc loué un taxi pour la journée (difficile de s’orienter seule dans la région avec des panneaux écrits en chinois), et je suis partie avant l’aube pour être sur place avant 08:00.

Mais ce qui attire le voyageur et le photographe, c’est d’abord le paysage dans lequel vivent aujourd’hui les Yao à moins de deux heures de route de Guilin. Les Chinois dans leur volonté de développer le tourisme national ne s’y trompent pas : les villages aux alentours des rizières du comté de Longsheng sont devenues de véritables petites usines à touristes.

Ma première déception pendant ce voyage en Chine, qui m’incombe en totalité, fut de découvrir des rizières… prêtes à moissonner !

La veille j’avais encore nettoyé mes objectifs avec la naïveté de la voyageuse qui ne s’est pas suffisamment renseignée avant de partir…

J’avais déjà vu des rizières en Indonésie, sur les îles de Java et Bali, mais je rêvais cette fois de photographier des rizières en eau, de ces paysages façon puzzle, en pleins et déliés, miroitant de reflets d’argent et n’attendant que les premiers rayons du soleil pour vibrer de toute leur beauté. D’une poésie sans pareil.

La veille j’avais encore nettoyé mes objectifs avec la naïveté de la voyageuse qui ne s’est pas suffisamment renseignée avant de partir : même si vous êtes coutumier des voyages autour du monde, ne négligez pas la fameuse « bonne saison » ! Elle diffère selon les latitudes mais surtout selon votre centre d’intérêt : en effet, si d’un point de vue climatique vous aimez la saison sèche, peu arrosée, pour profiter du paysage et sortir beaucoup, vous verrez une nature à son stade de développement le plus avancé, proche de la récolte.

Mais si vous préférez les paysages embués et les rivières pleines, favorisez le printemps. C’est aussi simple que cela… Sauf que, en nettoyant mon matériel la veille au soir je croisais les doigts pour que les rizières soient en eau en comptant sur ma bonne étoile. Belle déception !

Bref, ma « belle saison » pour photographier les rizières telles que je les voulais, c’est le printemps chinois dans CETTE région du Guangxi. Pas la fin septembre…

J’étais tellement déçue après m’être levée à 05h du matin pour parcourir le trajet jusqu’à Longsheng que je fus bien près de renoncer et de tourner les talons en arrivant, par dépit.

D’autant que, pour avoir le droit de pénétrer à l’intérieur de ces 60 km2 de rizières en terrasses qu’on peut difficilement apercevoir de l’extérieur, il faut payer un droit d’entrée, ce que je traduis assez rapidement par les termes : zone à touristes ! Or si avant mon départ pour la Chine, et pendant tout mon périple, j’avais été heureuse de constater que peu de touristes étrangers font le voyage jusque-là, j’ai surtout sous-estimé la puissance – donc le nombre – des touristes chinois en Chine…

Je ne suis pas contre un droit de péage gouvernemental s’il sert à protéger une zone géographique et à soutenir financièrement le développement des populations locales. Mais quand ce ticket d’entrée génère un tourisme de masse organisé, structuré à la Disney dans un pays au tourisme tout juste émergeant, je grimace un peu.

Dès que vous passez le tourniquet d’entrée (en laissant bien sûr votre véhicule à l’extérieur sur un parking géant), vous êtes sollicité par une population nombreuse qui tend la main pour vous servir de guide et se chamaille quand l’un s’est montré plus malin que l’autre.

Ce n’est pas non plus le fait de payer pour être guidée qui me gêne, bien au contraire, mais j’ai été déçue parce que l’image que je me faisais de ce site ne correspond pas (ou plus) à la réalité économique de ce pays en pleine expansion qui tente de gérer son tourisme aux perspectives gargantuesques. Et ce, partout en Chine.

Heureusement, j’ai décidé malgré tout de passer outre cette déception et de profiter de cette dernière journée que je devais passer dans les montagnes chinoises du Guangxi. Et je ne le regrette pas.

Il faut être chaussé confortablement pour visiter ces rizières ; certains guides papier annoncent trente minutes de marche, d’autres deux heures. Tout dépend bien sûr du point auquel vous souhaitez accéder. Pour ma part j’ai passé 6 heures trente à grimper sur des chemins de chèvre ou sur des sentiers soigneusement empierrés pour accéder au sommet et profiter d’un paysage somptueux, même si les rizières étaient… pleines de riz !

J’avais donné rendez-vous à mon chauffeur de taxi pour la fin de l’après-midi, je disposais donc de tout mon temps pour explorer, me poser, photographier, bavarder. Et je ne m’en suis pas privée.

Les rizières en terrasses de Longji sont étagées sur un ensemble de collines plus ou moins élevées, culminant à 1 600 mètres d’altitude, la plupart ne dépassant pas les 800 mètres. Aucun véhicule à moteur ne pénètre à l’intérieur de cette région, tout y parvient à dos d’hommes : les denrées, les biens de consommation courante, les matériaux de construction et… les hommes eux-mêmes !

Après avoir étudié une carte des rizières j’ai décidé de me passer de guide, n’importe quel photographe vous confirmera qu’il se sent plus à l’aise lorsqu’il est seul : s’il veut s’arrêter dix fois en cinq minutes, il peut le faire sans craindre de lasser son compagnon de route, sans culpabiliser. Je venais pour voir, pour photographier, j’avais besoin de ma liberté.

Et vous ne pouvez pas vous perdre sur les chemins qui mènent d’un village à l’autre ; vous parcourez vallons et bosses, vous suez, soufflez, respirez, mais vous passez forcément de l’un à l’autre. Au pire, vous reviendrez au même point. Et puis les sentiers sont balisés, en chinois et en caractères occidentaux ; à vous de repérer les noms des villages, donc vous ne passerez pas deux fois au même endroit. L’orientation une fois sur place est assez simple.

Les villages sont différents les uns des autres, selon qu’ils sont – ou non – facilement accessibles. Dans l’un vous pourrez boire une bière ou un thé vert en échange de quelque menue monnaie. Dans l’autre on tentera de vous vendre plaids, écharpes tissées, nuit d’hôtel ou déjeuner dans ce qui pousse ici comme des champignons : les hôtels pour randonneurs, pratiquant des tarifs qui n’ont rien de modeste pour des logis ressemblant souvent à des dortoirs ou à des chambres d’étudiants pour 4, avec salle de douche commune.

Parce que la région est à la mode, j’ai croisé de nombreux Asiatiques qui n’étaient pas tous Chinois, bardés de matériel photographique (des particuliers, pas des professionnels) avec de lourds trépieds et des objectifs parfois monstrueux. Et entre photographes chacun évalue d’un oeil discret la force de frappe de l’autre. Et puis les femmes photographe harnachées de Canon sont rares sur les chemins de Longji… Chaque fois que je croisais un « collègue », j’ai eu droit à des sourires sympathiques, quelle que soit la nationalité asiatique. De la compassion en voyant la taille de mon sac photo sur les sentiers de grimpette ? Peut-être un peu. Mais de toutes façons dans ces collines, tout le monde vous salue, vous sourit, surtout si vous le faites en premier. Le sourire est universel.

Je vous laisse découvrir mes photos, et puis je vais préparer le récit de ma rencontre avec les femmes Yao du Guangxi ici à Longsheng. Je vous montrerai aussi la vidéo filmée sur place.

Je repars demain pour une autre région de Chine, je vous emmène avec moi.

Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage en Chine ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en avril 2010 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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