Bali, temple © Marie-Ange Ostré

Arrivée à destination, lorsque l’effet du décalage horaire s’ajoute à la fatigue du voyage et celle d’une année bien remplie, je me laisse parfois aller à une saine paresse. De celle qui vous englue dans un sentiment d’indolence, propice à la rêverie. Cette fois je viens d’arriver dans mon hôtel à Bali, et je suis terrassée de fatigue…

Nous étions à Paris hier matin, avec 6° seulement pour nous accueillir en descendant du TGV, bouh… Et donc heureux de rentrer chez nous hier soir avec 13° en fin de soirée… Marseille, c’est le bonheur ! Néanmoins… je vous offrirais bien ce matin une petite escale du côté de Bali, mais cette fois sous forme de contemplation-fiction, bercée entre abus de fuseaux horaires et observation d’un couple en réapprentissage du quotidien… Laissez-moi vous ramener à mon 5 juillet à moi…

Je n’ai pas encore tout raconté de nos aventures dans le Pacifique qu’il me faut déjà vous parler de Bali… Après une « escale » d’un peu plus de 48 heures à Marseille où nous avons à peine eu le temps de changer nos sacs de voyage, nous avons ajouté six heures à notre décalage horaire de onze heures avec les Tonga pour nous retrouver sous le ciel d’Indonésie, sur l’île la plus touristique de cet archipel : Bali, l’île des dieux. En moins de six jours nous avons fait le tour du monde en avion, cap vers l’Est.

Pas grand-chose à raconter pour l’instant si ce n’est que nous sommes littéralement épuisés par la tension des trois semaines de tournage dans le Pacifique qui, comme chaque fois, tombe de nos épaules, nous laissant un peu hébétés, presque apathiques. Ajoutez donc les dix-sept heures de décalage horaire au total et vous comprendrez pourquoi nous nous réveillons avec une faim féroce à 2:00 du matin et pourquoi une chape de plomb sclérose notre énergie à l’heure du thé.

Au moment où j’écris ces quelques lignes, bercée par le clapotis de la piscine à déversoir de cet hôtel de Seminyak, l’Homme dort encore profondément… Il est 11:00 du matin, il fait déjà 28° et le soleil joue avec les feuilles du frangipanier qui embaume l’atmosphère autour de notre petit pavillon balinais au toit de tuiles et porte de bois sculptée.

Les touristes arrivent un peu plus nombreux chaque jour et notre chauffeur de taxi hier m’expliquait que les heureux nantis de Java, l’île la plus peuplée d’Indonésie, arrivaient en masse sur Bali pendant les vacances scolaires qui s’étalent de mi-juin à mi-juillet. Ce qui expliquerait aussi l’excès de trafic dans les rues étroites et souvent en sens unique. Nous étions déjà ici en octobre dernier et s’il y avait moins de touristes dans les rues et sur la plage de Kuta, j’avais déjà noté une circulation dense partout en Indonésie, noyée notamment sous le flot incessant des deux-roues.

Dans dix jours se déroulera à Sanur, plus au Nord, le Festival International du cerf-volant, un « sport » national qui dévoile ici de véritables chef-d’œuvres flottant dans l’air sucré au gré des alizés. Un festival très prisé des Balinais.

Ce sera de toute évidence une journée sous le sceau de la nonchalance, voire de la paresse parfaitement acceptée. Bali s’y prête si bien… Peut-être irai-je siroter un jus de mangue dans quelques minutes, servi dans la piscine par un jeune homme soucieux de notre confort qui ajoutera quelques tranches d’ananas frais sur une délicate assiette décorée de fleurs d’hibiscus. A moins que je ne me laisse manipuler par les mains expertes de la masseuse qui s’offre à choyer nos corps broyés, du cuir chevelu jusqu’à la plante des pieds.

Ensuite nous hésiterons entre porcelet rôti et dorade coryphène tout juste grillée sous nos yeux, laissant courir notre regard sur les surfeurs qui cherchent LA vague, savourant le parfum de cacahuète de notre sauce satay.

Nous sommes cette fois en vacances et après cette année bien chargée, pas mécontents d’être éloignés de nos ordinateurs, et pourtant désorientés par le fait d’être à l’étranger mais cette fois hors contexte professionnel. Même si…

Même si j’observe alentour, en réflexe conditionné, pour raconter ensuite. Même si l’Homme a déjà repéré un ou deux beaux cadres pour des photos à venir. Même si je sais qu’il me faudra poser sous peu sous l’eau, parce que plonger sans faire de photo serait ici une hérésie !

Depuis la terrasse, confortablement lovée sur les coussins de ce lit de repos fait de bambou et de fibres tressées, j’observe un père de famille qui tient dans ses bras un enfant de trois ans. Il le rassure en français, lui apprenant à ne pas avoir peur de l’eau, à ne pas craindre l’éloignement de sa mère qui se tient, souriante et détendue, sur la chaise longue face à la piscine d’un bleu copié-collé sur le ciel. Lunettes de soleil à la Paris Hilton, bikini façon Victoria Beckham, elle caresse d’un doigt gourmand la pile de magazines français achetés à l’aéroport et conservés religieusement jusqu’à cet instant béni où elle pourra enfin s’abandonner aux joies du farniente pendant que Monsieur prendra le relais avec Junior dans la piscine.

Teint pâle, épaules tout juste rosées par la première exposition du matin, un peu gauche avec ce fils qu’il n’a pas le temps de voir grandir entre deux aller-retour vers New York, Tokyo ou Francfort, Monsieur retrouve sa place de père pour quelques jours dans la micro cellule familiale pour laquelle il s’échine toute l’année. Il aurait peut-être préféré le Lubéron, dans un hôtel de charme, pour s’éviter un voyage supplémentaire et le décalage horaire qui malmène son organisme déjà trop chahuté, mais le séjour tropical est un dû, une offrande à une épouse patiente qu’il chérit encore mais qui exige récompense pour une année de patience et de frustrations : « lui, il voyage toute l’année !« …

Alors ce matin Monsieur joue à profiter de son petit garçon, en toute bonne foi, avec tout l’amour qu’il ressent pour ce petit être potelé qui redécouvre le bonheur de se pendre au cou de son père. Et Madame les surveille du coin de l’œil tout en plongeant avec délices dans les affres des amours de Flavie Flament ou les turpitudes de Britney Spears. Cet après-midi ils prendront une baby-sitter. Elle profitera du spa et des produits Guerlain. Il filera en douce au Business Center de l’hôtel pour passer quelques coups de fil et vérifier ses e-mails. Pour organiser sa prochaine réunion. A Jakarta. Dans trois jours.

Chuuut… Elle ne le sait pas encore…

Cet article a été publié une première fois en octobre 2007 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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