Laissez-moi vous raconter l’une des expériences les plus étonnantes de mon voyage en Afrique australe : deux nuits dans un hôtel insolite sur la côte Atlantique de la Namibie, au Pelican Point Lodge.

Pourquoi choisir un hôtel insolite en Namibie ?

La Namibie est l’une des destinations que je recommande systématiquement à ceux qui ont envie de dépaysement, et cela concerne aussi les hébergements.

Depuis une dizaine d’années, ce vaste pays a vu émerger des hôtels de plus en plus luxueux tout en respectant des normes environnementales strictes. Si l’on peut découvrir la Namibie en van aménagé ou dans des hébergements à budget raisonnable, certains d’entre vous auront envie d’un confort plus élevé ou d’un séjour résolument différent.

Préparation du voyage en Namibie

J’ai préparé ce voyage d’exception avec grand soin, en relation étroite avec une agence de voyage Safaris à la Carte, spécialisée sur trois pays (Namibie, Zambie, Zimbabwe). Ayant déjà exploré une partie du nord du pays en 2007, je souhaitais vivre d’autres expériences.

J’avais lu plusieurs récits de voyages récents pour profiter des retours d’autres voyageurs et dresser une cartographie de ce second voyage en Namibie. Bien sûr, j’avais consulté le site web de chaque hôtel ou camp proposé par l’agence. Mais rien ne m’avait permis d’imaginer l’expérience que j’allais vivre pendant deux nuits au Pelican Point Lodge.

L’arrivée spectaculaire au Pelican Point Lodge

Survol en Cessna de la Skeleton Coast

Comme durant tout ce voyage en avion privé au-dessus de la Namibie, je suis assise à côté du pilote. Par choix délibéré, mais aussi pour photographier à travers un petit coin de vitre sans filtre UV.

Nous venons de survoler la Skeleton Coast pendant près d’une heure dans le petit Cessna piloté par Dan : épaves fantomatiques et nuées de flamants roses. Inoubliable !

Nous approchons de Swakopmund, située à une cinquantaine de kilomètres au nord du grand port de Walvis Bay. Swakopmund est officiellement fondée en 1892 par les colons allemands, même si un explorateur décrit l’endroit en 1793 comme luxuriant, avec éléphants et rhinocéros.

En arrivant à l’aéroport de Walvis Bay par la voie des airs, j’ai du mal à y croire : aucun arbre à l’horizon, pas le moindre bosquet dans ce désert immense.

La découverte depuis les airs

Soudain, mon pilote néerlandais me demande dans le micro qui nous relie : « Tu vas bien dormir au Pelican Point, n’est-ce pas ?« .

Je souris, sachant que cet hôtel sera sans doute le plus original de mon voyage, très différent des autres lodges et camps. J’acquiesce.

Il sourit à son tour et pointe du doigt une langue de sable à l’horizon qui se détache de la côte namibienne.

Je fouille du regard, cherche un bâtiment. Je ne vois rien de particulier.

Alors Dan change légèrement de cap, direction Est, et le Cessna se dirige vers l’Atlantique, vers cette langue de sable ourlée de noir.

Il arbore maintenant un grand sourire : « Là-bas !« .

Il y a bien un bâtiment sur cette langue de sable : un édifice grisâtre avec une sorte de tour. Seul, isolé. Aucune route d’accès. Les vagues de l’Atlantique s’écrasent d’un côté, tandis qu’une lagune s’étend entre la ville et la langue de sable.

Et puis la mousse noire au bord de l’écume commence à frémir…

Je regarde Dan. Il hoche la tête, amusé, et ajoute dans le micro : « Ton hôtel ! Un ancien phare. Et des milliers de phoques autour !« . Il éclate de rire.

Après un instant de stupéfaction, je suis ravie !

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Vol panoramique autour du phare

Quelques minutes plus tard, le Cessna effectue une large boucle autour du Pelican Point Lodge pour m’offrir une vue d’ensemble. Sous le soleil, je distingue les traces d’une piste sur le sable. Nos voisins les plus proches seront les flamants roses sur la lagune et les phoques qui ronflent sur le sable !

C’est la toute première impression que je garderai en mémoire : malgré le beau site web qui le décrivait, je n’avais pas visualisé le Pelican Point Lodge tel qu’il est véritablement : un hôtel insolite en un lieu improbable sur la côte namibienne. J’adore !

Ah, et en guise de phoques j’ai appris plus tard qu’il s’agit en réalité d’otaries à fourrure (énormes !).

En français, Arctocephalus pusillus ssp. pusillus est l’otarie à fourrure d’Afrique du Sud, aussi appelée otarie à fourrure du Cap ou otarie à fourrure brune. C’est le nom exact de la sous-espèce vivant le long des côtes de Namibie et du sud-ouest de l’Afrique du Sud.

Accès au Pelican Point Lodge : une aventure en soi

Après l’atterrissage à Walvis Bay, je grimpe dans un mini-van un peu délabré, le véhicule de l’hôtel.

Après avoir quitté Swakopmund puis traversé Walvis Bay, qui semble assoupie dans le désert, nous contournons la lagune aux flamants roses. Le chauffeur sympathique s’engage alors sur le sable.

Une piste éphémère sur le sable

Il suit la piste récemment tracée par ses allers-retours entre la ville et l’hôtel, une piste creusée par ses pneus. Les roues ne sont sûrement pas adaptées au sable mou qui se dérobe parfois sous le poids du véhicule. Cette piste est redessinée plusieurs fois par semaine, en fonction des pluies et de la furie de l’océan qui recouvrent souvent les traces au sol.

Informations cruciales à savoir

En posant quelques questions, j’apprends deux choses essentielles :
• Il n’y a pas d’électricité à l’hôtel en dehors des heures où le générateur fonctionne (donc wifi peu fréquent et surtout pas d’électricité de nuit)
• On ne roule pas sur cette piste après la nuit tombée, donc on accède à l’hôtel de jour seulement et quand les conditions météo sont convenables

Deux critères importants qui ne m’avaient pas été indiqués par l’agence de voyage et qui ne figurent pas non plus sur le site web de l’hôtel (je partage donc cette information avec vous).

Normalement, on ne vient à l’hôtel qu’en voiture. En cas de problème grave, un bateau rapide pourrait rallier la bande de sable en traversant la lagune, mais de jour seulement et si la météo le permet.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est étrange que l’on ait accordé à cet ancien phare l’autorisation d’accueillir des visiteurs, tant les conditions de sécurité semblent dépendre de la météo. L’hôtel est d’ailleurs fermé plusieurs mois de l’année.

Le Cormoran du Cap (Phalacrocorax capensis) niche le long des côtes namibiennes et d’Afrique du Sud, c’est un oiseau classé en danger d’extinction. La présence des flamants roses sur cette zone côtière fait la réputation de Walvis Bay et de Swakopmund.

Visite du Pelican Point Lodge

Quarante-cinq minutes après être sortie du Cessna, la directrice du Pelican Point Lodge m’accueille avec gentillesse et me fait visiter l’hôtel.

Les espaces communs

Plusieurs zones communes très confortables : un grand salon avec des fauteuils profonds et des canapés faits pour s’y réfugier avec une boisson chaude jouxtent une belle salle à manger. Ce soir, trois couples profiteront d’une cuisine élaborée, avec une carte restreinte mais conçue avec soin.

Les chambres du Pelican Point Lodge

Dix chambres sont proposées aujourd’hui (moins lors de ma visite), toutes avec vue sur la lagune et sur l’océan bien sûr.

Et sur les phoques.

Et sur les cormorans noirs !

La suite panoramique dans le phare

Une immense suite a été créée au sommet du phare, avec une vue à 360°, décorée avec charme. Instinctivement, on a envie de s’y poser pour admirer à loisir l’océan gris à perte de vue et pour observer les étoiles de nuit, en ce coin du monde sans pollution lumineuse.

D’un autre côté… le ciel s’est couvert en moins d’une heure depuis mon arrivée. La brume s’est levée et le paysage est tout en nuances de gris. J’ai beau être dans le désert en Afrique australe, à la mi-septembre et dans cette ambiance pluvieuse, je ressens l’envie de m’emmitoufler dans un plaid.

Les chambres standard

Je m’installe dans ma chambre : la salle de bain est côté océan, avec une vue imprenable sur les phoques et sur les chacals ! Côté chambre, c’est la vue sur la lagune et la ville au-delà.

Le lit est confortable, la chambre correctement équipée (pas de télévision, pas de wifi) avec, en plus, un chauffage au gaz qu’une main compatissante met en marche pendant le dîner pour offrir une atmosphère douillette avant le coucher.

Vie quotidienne au phare

Le dîner se prend tôt et se termine rapidement pour laisser aux convives le temps de rallier leur chambre et de profiter d’un peu de lumière, car le générateur s’arrête un peu après 22 heures (on vous prévient).

Mon expérience : une nuit mitigée

Si la soirée m’a plu, j’ai un peu déchanté au réveil. Le chauffage s’est éteint trop rapidement, mais bien couverte par l’édredon, j’ai passé une bonne nuit.

Pourtant, au réveil dans une chambre non chauffée et sous un ciel de plomb, il faut s’extraire du lit pour prendre une douche dans une atmosphère glaciale, avec de la buée qui ruisselle sur les vitres de toutes les fenêtres. Peu confortable, ça n’incite pas à la bonne humeur (en ce qui me concerne !).

En revanche, la gentillesse et le professionnalisme de vos hôtes et du personnel aident à retrouver le sourire pour passer une autre bonne journée sous le ciel de la Namibie.

Vous aurez le choix des activités dans la région. J’ai opté pour l’expérience du quad dans les dunes du désert au nord de Swakopmund. Je vous raconterai cela un peu plus tard.

Chacal à chabraque (Lupulella mesomelas), identifiable grâce à sa rayure sur le flanc.

Pelican Point Lodge : mon avis complet

Les avantages de l’hôtel Pelican Point Lodge

Un hôtel insolite et dépaysant
Loger au pied d’un phare est une expérience différente, surtout du fait de l’emplacement : perdu au milieu de nulle part, aux premières loges d’un océan capricieux. C’est très reposant, déconnexion assurée.

Solutions contre l’humidité
Le manque d’isolation des fenêtres et l’absence de chauffage créent un taux d’humidité important si vous essuyez du mauvais temps. Pour contrebalancer cet inconvénient, une bouillotte est placée dans chaque lit en soirée, et un petit feu au méthanol est allumé dans chaque chambre et dans le séjour pendant le dîner. Ce feu s’éteint seul vers 1h30 du matin, c’est appréciable, même s’il faut savoir s’endormir dans une ambiance lumineuse.

Confort et service
Le lit est confortable et le personnel très souriant et agréable. Bon dîner avec un menu court mais soigné.

Observation de la faune
• 30 000 otaries à fourrure dans la région (certains chiffres vont jusqu’à 100 000 individus)
• Une colonie de cormorans noirs
• 3 ou 4 chacals se promènent sur la plage, à l’affût des bébés otaries
• Les flamants roses qui colonisent la côte autour de Walvis Bay sont faciles à photographier, le long de la lagune de Swakopmund notamment

Les inconvénients de l’hôtel Pelican Point Lodge

Éloignement et coût élevé
Trop éloigné (40 minutes de Walvis Bay, 55 minutes de l’aéroport) : le coût du transfert hôtel/aéroport est élevé. Sur le trajet du retour (ou de l’aller), on fait des arrêts pour acheter du diesel pour le générateur ou pour assurer le transport du personnel (et de la directrice) depuis ou vers la ville. Sans ristourne pour autant.

Contraintes de déplacement
• Pas de transfert après le coucher du soleil (donc impossibilité de dîner ailleurs qu’à l’hôtel)
• Impossible de venir jusqu’à l’hôtel avec votre propre véhicule (pour des raisons de sécurité)

Conditions météo parfois difficiles
Cet hôtel insolite est situé entre lagune et océan Atlantique : le brouillard noie le paysage chaque jour (selon les dires de 3 employés différents). Mi-septembre, j’ai subi du mauvais temps sur l’hôtel chaque matin et en fin d’après-midi/soirée (2 nuits). Les chambres sont alors très humides matin et soir (buée ruisselant sur les baies vitrées le matin).

Commodités limitées
• La bouteille d’eau est facturée, alors que l’eau du robinet n’est pas potable
• Électricité grâce au générateur, assurée seulement de 6h à 10h du matin, puis de 18h à 22h (wifi aux mêmes horaires). Pas d’électricité (pas de lumière) la nuit. Prévoyez une lampe de poche et rechargez votre smartphone pendant le dîner
• Salle de bain ouverte dans les chambres (murs à mi-hauteur), toilettes idem : il vaut mieux être en couple, et peu regardant sur l’intimité

Points d’amélioration souhaités
Une bonne isolation du bâtiment et un service de navette plus efficace et moins coûteux amélioreraient grandement le confort.

Est-ce que je recommande l’hôtel Pelican Point Lodge en Namibie ?

Mon verdict final

Oui, absolument, pour l’originalité du bâtiment (dormir au pied d’un ancien phare) et pour l’improbabilité du lieu (quasiment seuls sur une bande de sable aux contours régulièrement redessinés par l’océan Atlantique).

Mais attention…

Il faut garder en mémoire que l’inconfort vient du manque d’électricité qui implique un manque de chauffage, de l’humidité importante dans la chambre au réveil et sans doute les jours de pluie, et de peu de moyens de communication avec l’extérieur.

Si vous êtes de santé fragile et susceptible de nécessiter des soins urgents, oubliez cette adresse. De même si vous avez besoin de wifi pour communiquer, pour quelques raisons que ce soit.

Le Héron cendré (Ardea cinerea) est le plus commun des hérons d’Europe, il se reproduit en zones tempérées d’Europe, d’Asie et d’Afrique australe. Ici, perché sur un pieu dans la marina de Walvis Bay, par une fin de journée nuageuse.

Durée de séjour recommandée

Très bien pour une expérience d’une nuit, mais deux c’est trop (ne serait-ce que pour des raisons de sécurité et pour l’éloignement qui augmente le coût des excursions à faire dans la journée).

Pour quelle clientèle est conçu cet hôtel ?

Si vous aimez le sentiment d’être coupé.e du monde, c’est l’endroit qu’il vous faut. On y mange bien, les lits sont confortables, on y est accueilli très gentiment, et on peut observer à loisir et de près les otaries par milliers, les cormorans noirs, les flamants roses et quelques chacals peu farouches.

Déconnexion garantie !

Et vous ? Si vous avez eu l’occasion de dormir au Pelican Point Lodge, n’hésitez pas à raconter votre expérience dans un commentaire ci-dessous. Merci !

Envie d’en apprendre davantage sur mes deux voyages en Namibie ? Voici quelques pistes à explorer :

• Tous mes articles sur la Namibie
• Le site web de l’hôtel : Pelican Point Lodge
• L’agence de voyage choisie : Safaris à la Carte
• Mes photos sur la Namibie : 500px.com, Getty Images, sur ma galerie photos, et pour des impressions (puzzles, tableaux,…) sur ma boutique photos
• Davantage d’informations : office du tourisme de la Namibie