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Le Liberty fut endommagé par une torpille japonaise pendant la seconde guerre mondiale ; puis en 1963 c’est l’éruption du volcan du Mont Agung, tout proche, qui a définitivement transformé le bateau accidenté en épave, les flots de magma le poussant vers une profondeur qui reste toutefois accessible aux plongeurs, même débutants. Les premières structures de cet immense bateau de ravitaillement américain sont visibles dès 4m. de profondeur.
C’est ma deuxième visite au Liberty, sans doute la plongée la plus réputée de Bali tant cette épave est connue pour son accessibilité et ses conditions d’exploration facile. Et pour éviter le rush des visites, il vaut mieux plonger tôt. Très tôt.
C’est ainsi qu’à l’heure où d’autres touristes dorment encore paisiblement dans leur chambre d’hôtel, nous palmons vers l’arrière de l’épave. Un groupe constitué de photographes amateurs suit l’Homme dans les premières entrailles du navire tandis qu’Arnaud, mon guide chez Safari Bali, me fait signe de le suivre.
Lors de ma première visite au Liberty les conditions en mer étaient idéales. C’était en octobre dernier et l’eau était cristalline, d’un beau bleu sombre enveloppant l’épave d’un voile mystérieux. Cette fois, l’eau est moins claire mais la faune me semble plus nombreuse, et je pars en exploration à la suite d’Arnaud qui m’a promis de me faire faire le tour complet de ce bateau qui affiche 120 mètres de long.
Dans un trou béant à l’arrière il me montre un énorme mérou d’au moins 10 kg, gueule béante, en plein nettoyage : des petits gobies fourmillent autour de ses crocs, lustrant les dents, frôlant les lèvres rebondies (sans collagène !) et visitant les ouies. Un petit lifting haut de gamme ! Une minute plus tard c’est un gros platax qui le rejoint et se fixe à la verticale, immobile, ouvrant la bouche et attendant sagement son tour. Puis un poisson perroquet s’exhibe avec un petit remora qui lui colle au menton !…
En me détournant je croise le regard inquiet de trois gros poissons-anges de différentes espèces qui semblent faire la queue : un ange semi-circulaire aux écailles vert métallisé qui doit bien atteindre les 40 cm de large, un ange annelé bleu un peu plus farouche et un ange à six bandes sombres qui me défie dans une sarabande plus désordonnée.
Arnaud m’entraîne plus loin, et un peu plus bas : sur la structure couverte de concrétions courent deux nudibranches différents, presque côte à côte, ce qui est relativement rare. Le premier est blanc crème, d’environ 2 cm de long, hérissé de taches grises ; je ne l’ai pas identifié dans le livre de Debelius. Le second est plus commun, jaune citron avec une alvéole orangée sur le dos. J’adore ces petites bestioles et Arnaud sait qu’il a rempli sa mission du jour !
Je m’éloigne déjà vers une énorme porcelaine qui tente de se cacher dans un trou étroit de la structure métallique. Sa jupe ourlée de blanc lui permet de glisser rapidement au fond du trou, à l’abri des regards. La nuit s’achève, les prédateurs savent qu’il n’y aura pas plus dangereux désormais, et pour quelques heures, que les plongeurs peu scrupuleux, soucieux de prélever leur écot dans ces eaux riches en coquillages.
En longeant les débris métalliques de l’épave j’admire les gorgones majestueuses qui tendent leurs bras aux crinoïdes avides qui en profitent pour s’agripper. Les éponges encroûtantes envahissent chaque centimètre carré, offrant des algues ou des micro-organismes aux poissons chirurgiens qui virevoltent en masse autour de nous. Des nasons noirs au museau bleu, des balistes titan qui partent en vrille, de timides murènes vertes, des poissons coffres malicieux, un poisson-scorpion soigneusement dissimulé, des nuées d’anthias et de demoiselles (photo ci-contre), un banc de lutjans en pleine chorégraphie, un couple de poissons-clowns à la robe délicate sur une anémone nacrée (photo ci-dessous),… je profite de tout, et de tous.
Mais bientôt un premier plongeur japonais, puis tout un groupe, puis un second bataillon, viennent envahir mon espace vital : les premiers visiteurs, les premiers flashs qui crépitent. Je reste ébahie devant leur équipement photo : ils ont tous un caisson entre les mains, hommes et femmes, et mitraillent au hasard ou attendant chacun leur tour, sagement, à la queue leu leu, palmes écartées. Ils me font penser aux groupes croisés sur les Champs Elysées ou ailleurs. Sages, disciplinés, et suréquipés !
Je suis alors Arnaud qui m’entraîne un peu plus loin sur le fond de sable et nous voici entourés de gaterins de belle taille et de diagrammes orientaux, aux flancs zébrés de noir. Ils sont si peu farouches que je pourrais presque les toucher, si je tendais le bras. J’ai l’impression de les déranger dans leur grasse matinée. A quelques mètres à peine de l’épave c’est un banc soyeux de poissons chirurgiens bruns qui nous rend visite. Ils sont nombreux, et agités. Tant et si bien que je crains soudain une coupure inopportune par l’un de leurs appendices caudales… Nous palmons plus énergiquement pour nous extraire de ce groupe un peu trop démonstratif et nous débouchons sur une plaine de sable noir, vestige du volcan tout proche. Et isolée, une anémone irisée qui offre son cœur aux regards indiscrets : dansent trois petites crevettes translucides piquetées de blanc et de rose dansent sur le tapis diaphane. Il suffit de s’allonger sur le sable, de croiser les bras et de les observer faire leur toilette matinale, sans les déranger davantage.
Les eaux indonésiennes sont un vaste terrain d’exploration sans fin et le bonheur du biologiste ou du photographe. Mais nous envisageons une seconde plongée un peu plus tard dans la matinée, sur un autre site, et il faut bientôt revenir vers la plage et quitter cette eau à 28°. Mes soixante-cinq minutes de plongée ont été un véritable enchantement sur une épave qui a beaucoup à offrir malgré les visites incessantes. Et je vous avais promis de vous en parler… Mais lorsque vous irez, offrez-vous le plaisir d’une seconde plongée sur le Liberty, de nuit, pour croiser les prédateurs et vivre une expérience encore plus originale…
Et vous ? Quelle est votre épave favorite ?…
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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