Harbour Island fait partie de ces îles dont il vaut mieux se passer de mots pour la décrire ; les photos seront sans doute plus représentatives que toutes les phrases que je pourrais imaginer mettre en ligne aujourd’hui. J’ai passé une belle journée, à sillonner cette île sur toutes ses rues (Chapel Street, Dunmore Road,…), dans tous ses recoins. J’ai vu les plages, les docks, les petits magasins de mode, les épiceries, les églises, les maisons. Ces maisons fières d’être encore debout après des siècles, ces petites ladies remaquillées de peintures pastel qui offrent le meilleur des liftings.
Et puis j’ai fait des rencontres aujourd’hui, de celles qui embellissent une journée. Henry, Bahaméen au visage ciselé par le soleil et le sourire. Il gare sa voiturette de golf derrière la mienne, et vient me rejoindre à pas comptés tandis que je cherche le meilleur angle pour photographier ces maisons de poupée face aux docks : « je n’ai jamais compris pourquoi ils ont appelé cette maison Doll House » me dit-il en s’appuyant sur sa canne. Je souris et je suggère : « sans doute parce qu’elle est peinte en blanc et en rose, comme les vêtements de Barbie« . Il hausse un sourcil, éclate d’un rire bonhomme et me tend la main : « vous avez sans doute raison, ça fait pourtant des années que je cherchais ! Mais d’où vient votre accent européen, vous êtes Canadienne ?« . Et quand il apprend que je suis Française Henry s’exclame : « oh mais vous devez absolument aller voir mon amie Elodie, elle a travaillé en France et sera si heureuse de rencontrer une Française, je vous explique le chemin pour aller la voir chez elle« . Aussitôt fait…
Elodie, ancienne institutrice de 84 printemps qui sera honorée ce dimanche, cheveux blancs dissimulés sous son chapeau de paille à bords larges, et des yeux d’un bleu aussi pâle qu’un ciel d’hiver : née à York en Angleterre, elle fut institutrice à Fontainebleau pendant 4 ans avant de passer quelques saisons en Californie chez des amis. Puis un jour de 1963 elle débarque à Harbour Island, et n’en est plus repartie. Elle connaît tous les jeunes d’ici, et les moins jeunes. Elle parle de la délinquance (« trop de bière« ) et des bagarres – très rares – qui font intervenir la police. Les excessifs sont priés de dégriser en cellule jusqu’au lendemain. Ce sont les seuls crimes sur l’île.
Et Christine et Ludovic, deux Français qui vivent ici au service du tourisme : elle prend soin d’hôtes exclusifs dans une maison privée, il est Chef au restaurant de l’hôtel Coral Sands, avec en toile de fond toute la journée cette fameuse plage de sable rose. Ils se souviennent de leur arrivée sur l’île en 1998 : « il n’y avait pas la télévision, seulement des magnétoscopes avec des vidéos cassettes, et il n’y avait pas Internet non plus, on fonctionnait encore avec le fax ! Maintenant on a des vols quotidiens vers Nassau et le ferry rapide, ça nous a changé la vie tout ça !« .
Sur Harbour Island on se déplace à pied ou en voiturette de golf, et il faut être prudent : parce que la conduite se fait à gauche, mais aussi parce qu’à chaque fois que vous croisez quelqu’un, à pied ou en voiture, il vous salue et vous rendez la pareille. Une délicieuse façon de faire connaissance, d’engager la conversation.
Il fait bon vivre sur Harbour Island, et les Français installés ici craignent déjà le jour où il leur faudra rentrer. Je les comprends. Mais la plage de Pink Sands est-elle vraiment rose ?… Oui, de façon discrète. C’est davantage visible sur sable mouillé, au bord de l’eau, ou dans les vagues qui viennent rouler mollement jusqu’à vous. Regardez :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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