Pas le temps, pas le temps, pas le temps !… C’est frustrant de ne pouvoir raconter chaque soir les plaisirs du jour. Et il y en a ! Aujourd’hui, levés à 4 :30 pour prendre un vol au départ de Nuuk à 7 :00 du matin en direction d’Ilulissat où nous avons rejoint René, Aldo et Thomas. Au réveil, j’ouvre les rideaux de la chambre d’hôtel et je découvre un mince filet de lumière blanche auréolant la silhouette du fjord au-dessus de Nuuk dont vous apercevez la silhouette des maisons de bois ci-dessous. Le tout sous les étoiles dans le ciel pur !
Nous n’avons dormi que 4h30, et nous sommes tous morts de fatigue. Depuis dix jours les nuits sont trop courtes et les efforts intenses, d’autant que notre organisme doit s’habituer au changement de température et nous remontons de plus en plus vers le Nord… Nous sommeillons tous dans l’avion, entre deux photos prises rapidement par le hublot. Patrick tourne malgré tout quelques petites séquences, mais sans grand enthousiasme parce que la lumière était meilleure lors de notre arrivée deux jours plus tôt.
Atterrissage à Ilulissat, une petite ville bâtie à l’abri d’un fjord classé au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO (lire sa fiche ici).
À Ilulissat nous retrouvons nos amis à 9:00 autour d’un petit déjeuner copieux : soupe au poulet et fromage (Stilton, presque du roquefort…) accompagné d’un petit pain aux céréales qui croustille comme un croissant.
Puis, constatant que le soleil commence à montrer ses premiers rayons, Patrick part en vadrouille pour tourner quelques plans panoramiques, suivi par ma petite personne qui sait pertinemment que notre réalisateur ne filmera que les meilleurs points de vue et que j’aurai ainsi les plus beaux paysages en photo, et motivé par le fait que Nicolas, notre régisseur au Groenland, connaît si bien la région (pour y passer 6 mois par an) que nous pouvons lui faire confiance lorsqu’il nous dit : « je vais vous montrer les plus beaux icebergs de toute la baie de Disko » (l’île géante qui fait face à Ilulissat).
Et de fait, c’est… somptueux !
Après une petite balade grandiose de… 6 heures, entrecoupée d’une halte déjeuner à 14:30 au restau fast-food chinois du coin tenu par un Indien de New Delhi (fameuse sa soupe de nouilles au poulet !), Nicolas nous dépose à l’hôtel et Patrick et moi rejoignons nos chambres respectives pour prendre un peu de repos bien mérité : nous ne tenons plus debout et avançons avec peine !
Réveillés par Nicolas à… 19:50 l’Homme et moi rejoignons nos amis au restaurant de l’hôtel qui, en l’honneur de l’équipe de tournage française, a concocté un buffet de mets groenlandais. Nicolas nous assurant que nous ne mangerons nulle part ailleurs les produits groenlandais cuisinés aussi finement, j’ai goûté à tout ce qui était une première pour moi.
D’abord de la graisse de narval découpé en petits cubes (pouah… c’est d’abord croquant puis la graisse fond littéralement sous la langue mais c’est très énergétique pour les Inuits l’hiver par – 40° dehors). Puis j’ai goûté à de la soupe de baleine, tout à fait comestible.
J’ai enchaîné alors avec du saumon frais cru et mariné aux herbes, des crevettes (celles que vous achetez sous vide pour agrémenter vos avocats le dimanche), du flétan fumé (fondant, délicieux, on en trouve en France), du lompe (celui des œufs).
Et je me suis lancée dans plus original encore sur l’assiette ci-dessous, et de gauche à droite dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à partir de la mayonnaise : du bœuf musqué froid puis du bœuf musqué en ragoût (viande extrêmement dense, au goût un peu… musqué ! pas terrible), du ragoût de baleine (très agréable, une viande un peu filandreuse, pourrait ressembler si on tient vraiment à faire une comparaison à du bœuf bourguignon cuit pendant deux jours), du renne fumé (appelé plutôt caribou ici, j’en avais déjà mangé en Suède et en Finlande, goûteux), et enfin tout en haut de l’ours polaire en sauce. Oui, de l’ours blanc. C’est très bon, une viande qui ressemble au veau par la consistance, très douce au goût.
Alors oui certains d’entre vous pousseront peut-être les hauts cris : comment avez-vous pu manger des espèces protégées ?!…
Sans scrupule. Et sans état d’âme.
Pourquoi ? Parce qu’ici c’est ce que mangent les Inuits, comme vous mangez chaque semaine du bœuf, du poulet, du veau, du maquereau ou de la truite.
Parce qu’il s’agit de LEUR alimentation, traditionnelle, depuis des siècles.
Parce que ces viandes et poissons (agrémentés d’herbes et de racines, ou de baies) permettent aux Inuits du Nord du Groenland de survivre dans des températures démentes et dans la région la plus hostile du monde.
Et parce qu’ils ne pratiquent pas l’abattage comme certains bien-pensants aimeraient nous le faire croire, à l’abri de leurs résidences de luxe sur la côte d’Azur ou ailleurs.
Les photos de bébé phoques abattus sont cruelles, et réelles, dans certaines régions du monde (Canada, entre autres) et contribuent à la production de fourrures pour ces mêmes personnes aisées du reste du monde. Mais ici au Groenland, il s’agit juste de pêche et de chasse, indispensable à la survie des 56 000 Groenlandais qui vivent ici et qui se battent chaque jour.
Alors oui, peut-être n’aurais-je pas du en manger, pour ne pas accroître. Mais loin de toute polémique (qui a bien surpris puis blessé les Inuits qui n’ont pas compris pourquoi soudain le monde entier les méprisait pour une pratique traditionnelle de survie), j’ai voulu goûter à tout, en voyageuse curieuse. Et même si je n’ai pas aimé la graisse de narval, je garantis que si j’ai l’occasion de tester sa viande délicieuse, dit-on, j’en mangerai. Puisque les Inuits me l’auront préparée.
En attendant ce moment, je vous laisse parce que je dois rejoindre l’équipe : nous partons passer la journée en mer parce que nos plongeurs, l’Homme compris, doivent plonger sous un iceberg aujourd’hui et qu’il s’agit là de deux plongées très, très, très dangereuses.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Pas le temps, pas le temps, pas le temps !… C’est frustrant de ne pouvoir raconter chaque soir les plaisirs du jour. Et il y en a ! Aujourd’hui, levés à 4 :30 pour prendre un vol au départ de Nuuk à 7 :00 du matin en direction d’Ilulissat où nous avons rejoint René, Aldo et Thomas. Au réveil, j’ouvre les rideaux de la chambre d’hôtel et je découvre un mince filet de lumière blanche auréolant la silhouette du fjord au-dessus de Nuuk dont vous apercevez la silhouette des maisons de bois ci-dessous. Le tout sous les étoiles dans le ciel pur !
Nous n’avons dormi que 4h30, et nous sommes tous morts de fatigue. Depuis dix jours les nuits sont trop courtes et les efforts intenses, d’autant que notre organisme doit s’habituer au changement de température et nous remontons de plus en plus vers le Nord… Nous sommeillons tous dans l’avion, entre deux photos prises rapidement par le hublot. Patrick tourne malgré tout quelques petites séquences, mais sans grand enthousiasme parce que la lumière était meilleure lors de notre arrivée deux jours plus tôt.
Atterrissage à Ilulissat, une petite ville bâtie à l’abri d’un fjord classé au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO (lire sa fiche ici).
À Ilulissat nous retrouvons nos amis à 9:00 autour d’un petit déjeuner copieux : soupe au poulet et fromage (Stilton, presque du roquefort…) accompagné d’un petit pain aux céréales qui croustille comme un croissant.
Puis, constatant que le soleil commence à montrer ses premiers rayons, Patrick part en vadrouille pour tourner quelques plans panoramiques, suivi par ma petite personne qui sait pertinemment que notre réalisateur ne filmera que les meilleurs points de vue et que j’aurai ainsi les plus beaux paysages en photo, et motivé par le fait que Nicolas, notre régisseur au Groenland, connaît si bien la région (pour y passer 6 mois par an) que nous pouvons lui faire confiance lorsqu’il nous dit : « je vais vous montrer les plus beaux icebergs de toute la baie de Disko » (l’île géante qui fait face à Ilulissat).
Et de fait, c’est… somptueux !
Après une petite balade grandiose de… 6 heures, entrecoupée d’une halte déjeuner à 14:30 au restau fast-food chinois du coin tenu par un Indien de New Delhi (fameuse sa soupe de nouilles au poulet !), Nicolas nous dépose à l’hôtel et Patrick et moi rejoignons nos chambres respectives pour prendre un peu de repos bien mérité : nous ne tenons plus debout et avançons avec peine !
Réveillés par Nicolas à… 19:50 l’Homme et moi rejoignons nos amis au restaurant de l’hôtel qui, en l’honneur de l’équipe de tournage française, a concocté un buffet de mets groenlandais. Nicolas nous assurant que nous ne mangerons nulle part ailleurs les produits groenlandais cuisinés aussi finement, j’ai goûté à tout ce qui était une première pour moi.
D’abord de la graisse de narval découpé en petits cubes (pouah… c’est d’abord croquant puis la graisse fond littéralement sous la langue mais c’est très énergétique pour les Inuits l’hiver par – 40° dehors). Puis j’ai goûté à de la soupe de baleine, tout à fait comestible.
J’ai enchaîné alors avec du saumon frais cru et mariné aux herbes, des crevettes (celles que vous achetez sous vide pour agrémenter vos avocats le dimanche), du flétan fumé (fondant, délicieux, on en trouve en France), du lompe (celui des œufs).
Et je me suis lancée dans plus original encore sur l’assiette ci-dessous, et de gauche à droite dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à partir de la mayonnaise : du bœuf musqué froid puis du bœuf musqué en ragoût (viande extrêmement dense, au goût un peu… musqué ! pas terrible), du ragoût de baleine (très agréable, une viande un peu filandreuse, pourrait ressembler si on tient vraiment à faire une comparaison à du bœuf bourguignon cuit pendant deux jours), du renne fumé (appelé plutôt caribou ici, j’en avais déjà mangé en Suède et en Finlande, goûteux), et enfin tout en haut de l’ours polaire en sauce. Oui, de l’ours blanc. C’est très bon, une viande qui ressemble au veau par la consistance, très douce au goût.
Alors oui certains d’entre vous pousseront peut-être les hauts cris : comment avez-vous pu manger des espèces protégées ?!…
Sans scrupule. Et sans état d’âme.
Pourquoi ? Parce qu’ici c’est ce que mangent les Inuits, comme vous mangez chaque semaine du bœuf, du poulet, du veau, du maquereau ou de la truite.
Parce qu’il s’agit de LEUR alimentation, traditionnelle, depuis des siècles.
Parce que ces viandes et poissons (agrémentés d’herbes et de racines, ou de baies) permettent aux Inuits du Nord du Groenland de survivre dans des températures démentes et dans la région la plus hostile du monde.
Et parce qu’ils ne pratiquent pas l’abattage comme certains bien-pensants aimeraient nous le faire croire, à l’abri de leurs résidences de luxe sur la côte d’Azur ou ailleurs.
Les photos de bébé phoques abattus sont cruelles, et réelles, dans certaines régions du monde (Canada, entre autres) et contribuent à la production de fourrures pour ces mêmes personnes aisées du reste du monde. Mais ici au Groenland, il s’agit juste de pêche et de chasse, indispensable à la survie des 56 000 Groenlandais qui vivent ici et qui se battent chaque jour.
Alors oui, peut-être n’aurais-je pas du en manger, pour ne pas accroître. Mais loin de toute polémique (qui a bien surpris puis blessé les Inuits qui n’ont pas compris pourquoi soudain le monde entier les méprisait pour une pratique traditionnelle de survie), j’ai voulu goûter à tout, en voyageuse curieuse. Et même si je n’ai pas aimé la graisse de narval, je garantis que si j’ai l’occasion de tester sa viande délicieuse, dit-on, j’en mangerai. Puisque les Inuits me l’auront préparée.
En attendant ce moment, je vous laisse parce que je dois rejoindre l’équipe : nous partons passer la journée en mer parce que nos plongeurs, l’Homme compris, doivent plonger sous un iceberg aujourd’hui et qu’il s’agit là de deux plongées très, très, très dangereuses.
Vivement ce soir…
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Vous aimez ? N'hésitez pas à partager :
Articles similaires
Related posts
Visiter Tolède en quelques heures
Seychelles, recette langouste curcuma pâtes encre de seiche
Bhoutan, la cuisine bhoutanaise