Tonga, marché de Tongatapu

Nous sommes en tournage dans les îles du Pacifique, aux Tonga. Arrivés depuis peu nous souffrons d’un gros décalage horaire mais surtout de la lenteur du mode de vie dans ces îles du bout du monde (ce qui n’est pas pour me déplaire !).

Parfois au cours d’un tournage, nous vivons un temps mort, quelques heures volées au planning serré, une attente entre deux moyens de transport. Ce matin, en meilleure forme, j’ai profité de deux heures vacantes avant d’embarquer sur « un cochon d’acier » (traduisez un bateau de bois aux allures métalliques en langage tongien). Vers 8:00, le soleil commençait tout juste à colorer le visage des commerçants sur le petit marché aux poissons du port situé à une centaine de mètres de notre hôtel. Donc j’ai filé prendre quelques photos de vie locale.

Le marché aux poissons de Nuku Alofa (capitale des Tonga) est succinct mais quotidien : chaque matin, puis tout au long de la journée, les pêcheurs apportent là le produit de leur récolte du jour ou de la nuit. Pesés, triés, les poissons et coquillages sont lavés sommairement mais non vidés, puis ensachés avant d’être proposés à la vente.

Sous les regards amusés et curieux, je fais le tour des étals disposés en large L.

Je retrouve la pêcheuse d’oursins que nous avons rencontrée hier soir sur ce même marché nocturne : après avoir passé la soirée à ouvrir puis vider les oursins rebondis, elle propose les petites bouteilles plastique pleines de langues d’oursins (photo ci-dessous)… L’eau minérale a été remplacée par cette pâte liquide finement iodée, d’une belle couleur corail. Si la gourmandise me fait saliver, les conditions de stockage de ces oursins prêts à consommer me laissent un peu dubitative quant à leur fraîcheur avant consommation.

Devant les petites bouteilles, elle me montre de gros bouquets de feuilles de palmes qui forment un petit ballon au creux duquel elle cache un mystère qu’elle accepte de me dévoiler. Lorsqu’elle écarte les feuilles luisantes je découvre une grosse louche de grappillons de minuscules billes translucides, vert jaune, dont elle m’explique avec des yeux gourmands qu’il s’agit là de l’une des friandises favorites des Tongiens. Un mets de luxe puisqu’il faut débourser cinq dollars tongiens pour se les offrir, ce qu’une Asiatique élégamment vêtue fait de suite ce matin.

Cherchant à en savoir davantage, je pose quelques questions qu’elle élude rapidement en m’invitant à goûter une petite grappe : elle ne connaît pas la signification du mot algue en anglais, et m’assure qu’il ne s’agit pas d’œufs de poissons même si sous ma langue les petites billes éclatent malicieusement pour offrir un goût iodé, délicat. Une texture moins grasse que le caviar, des œufs moins épais que ceux de saumon ou de truite, mais une gourmandise définitivement délicieuse.

Il s’agit donc d’une plante aquatique, qu’elle ramasse en mer et qui n’est pas si fréquente, mais ici aux Tonga je n’en apprendrai pas davantage. Et puis inutile de chercher une connexion Internet pour se renseigner : comme aux Marquises récemment – mais sans doute encore moins fréquentes ici – les connexions bas débit se font toujours désirer…

Si vous, à Paris ou ailleurs, vous bénéficiez d’informations complémentaires aux photos ci-dessus, je vous serais reconnaissante de me les fournir !

Sinon, je me jetterai sur Wikipedia ou Google en rentrant. Parce qu’ici aux Tonga, inutile de chercher une connexion Internet : comme aux Marquises, mais sans doute encore moins fréquentes, les connexions bas débit se font désirer…

Je comprends aussi la nécessité alimentaire dans un environnement aussi prolifique que ces archipels du Pacifique Sud…

Je poursuis mon petit tour de reconnaissance sur le marché et croise un couple d’Asiatiques (encore… mais ils ont la réputation aux Tonga d’être « plus intelligents« …) qui sélectionne du poisson : la jeune femme presse du bout de l’index l’œil d’un poisson cardinal pour tester sa fraîcheur. L’homme étudie les ouïes d’un énorme poisson perroquet à bosse auquel il préférera un mérou bleuté.

Sur l’étal des sachets de poissons de récifs cohabitent dans un chatoiement de couleurs avec des pieuvres séchées au soleil, de grosses praires et des oursins entiers. Je pratique la plongée sous-marine depuis des années sous tous les cieux, alors reconnaître ici sur des étals de superbes spécimen que je préfère admirer dans leur habitat naturel me serre le coeur. Néanmoins je comprends aussi la nécessité alimentaire dans un environnement aussi prolifique que ces archipels du Pacifique Sud.

J’aurais bien passé davantage de temps sur ce petit marché odorant : pas d’effluves qui font froncer le nez comme en de nombreux endroits dans le monde, non. Ici même si les standards de la chaîne du froid n’ont pas encore atteint l’archipel, le poisson est résolument frais, et ça se sent !

Je n’ai évidemment rien acheté sur ce marché aux poissons puisque nous devions prendre la mer deux heures plus tard à destination d’une autre île des Tonga, l’île d’Eua.

Néanmoins j’y ai passé un excellent moment, fort bien accueillie par les vendeuses et les pêcheurs souriants, gentiment désireux de répondre à mes questions, et surtout très surpris de découvrir une Française dans leur archipel du bout du monde ! Les Tongiens sont bien plus habitués aux touristes Néo-Zélandais ou Australiens, parfois Nord-Américains. Très peu d’Européens prennent le temps de venir jusqu’aux Tonga, archipel totalement méconnu des francophones avant la coupe du monde de rugby…

Dommage pour nous, car les Tonga, dernier royaume du Pacifique, forment un superbe archipel aux différents visages comme nous allons bientôt le découvrir.

 

Edit de juillet 2007, après notre retour de tournage dans les îles du Pacifique :

J’apprendrais plus tard que ces petites grappes (« sea grapes » en anglais) sont identifiées sous le nom latin de « caulerpa racemosa » dont il existe différentes variétés vivant sous des latitudes tropicales ou tempérées. La variété consommée dans les Tonga, aux Samoa et aux Fidji toutes proches est ramassée dans des eaux de faible profondeur, conservée dans de l’eau salée jusqu’à la vente, puis rincée à l’eau douce et agrémentée d’oignons, tomates et un filet de vinaigre sous la forme de salade composée. Inutile d’ajouter du sel, ces petites billes en contiennent naturellement bien assez.

Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage dans les îles Tonga ? Voici quelques pistes à explorer :

Cet article a été publié une première fois en juin 2007 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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