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Aujourd’hui c’est une plongée purement et volontairement égoïste, juste pour moi : l’Homme descend avec un groupe de plongeurs photographes amateurs et il va leur enseigner quelques techniques flash et lumière, il n’a donc pas besoin de moi. Alors je réponds : « justement, tout ! Je veux tout voir !« , parce que je sais que cette fois, je verrai tout, tout ce que je n’ai plus eu le temps de voir depuis quatre ans que je suis l’Homme sur ses tournages, tout ce qui prenait trop de temps, tout ce qui est une vraie plongée d’exploration. Arnaud sourit largement, « alors on y va !« .
Arnaud s’assure que chacun de ses plongeurs est bien équipé puis les remet entre les mains de ses deux moniteurs compétents, chargés de les encadrer. Il se tourne vers moi et un plongeur niveau 4 et nous invite à le suivre : direction le bleu.
Les rayons du soleil percent l’eau laiteuse pour éclairer la pente de sable blanc ponctué de petites patates de coraux que nous suivons doucement. Dans ce désert nous apercevons une large gorgone grisâtre, légèrement incurvée au gré du courant dont elle s’abreuve pour se nourrir. Arnaud se dirige résolument vers elle et plaque son masque sur ses ramures. Alors, je comprends : l’hippocampe pygmée !
Ce matin, Arnaud me désigne deux, puis trois hippocampes pygmées ! (lire aussi l’article écrit le soir même de cette découverte) Je règle ma flottabilité de façon à ne pas m’écraser comme un coup de gong contre la gorgone délicate qui abrite ces petits éléments si fragiles puis j’approche à mon tour mon masque à quelques centimètres à peine des ramifications pour scruter attentivement. Et soudain, je les distingue grâce à leurs tout petits yeux ronds et noirs : ils sont bien là, arrimés grâce à leur queue enroulée autour d’une minuscule branche de gorgone, oscillants au gré du courant, petits êtres à la peau verruqueuse, en parfait mimétisme avec leur habitat. En surface, Arnaud m’expliquera que quelques scientifiques s’accordent à penser que contrairement à ce qu’il était admis auparavant, ce n’est pas l’hippocampe qui imite son habitat mais bien la gorgone qui « contamine » en quelque sorte l’hippocampe, allant jusqu’à faire pousser sur son corps de minuscules fleurs de gorgone, d’où ces micro verrues éruptives.
Une fois mon regard habitué à la taille et à la forme de ces tous petits êtres, j’imite Arnaud et en cherche d’autres. Succès : j’en trouve deux autres, localisés un peu plus haut sur la gorgone. Ils ne mesurent qu’un centimètre de haut (certains vont jusqu’à deux, mais pas ceux que j’ai vu) et ont des pudeurs de vierge : dès qu’ils nous aperçoivent, ils se détournent. Je ne peux pas leur en vouloir : comment réagirais-je si brusquement un masque de verre gigantesque venait se plaquer à quelques centimètres de moi ?…
Mais Arnaud nous entraîne déjà ailleurs et commence la valse des espèces…
Sur le sable, à un mètre de la gorgone, je découvre deux nudibranches assez communs dans les eaux balinaises. D’une livrée orange striée de blanc et de bleu, l’un fait environ le double de la taille de l’autre, sans doute un couple. Quelques mètres plus loin, deux gobies gris montent la garde devant le trou d’une grosse crevette enfouie dans le sable : à notre approche, la demoiselle est invitée prestement à regagner son abri, encouragée par un vigoureux coup de queue sans appel de l’un des gobies. Lorsqu’elle tente une sortie quelques instants plus tard, l’autre gobie la bloque d’un coup bref qui la catapulte derechef dans son trou.
Abandonnant ces demoiselles (pour être si curieuses, elles ne peuvent qu’être du sexe dit faible), je rejoins les deux plongeurs sur le récif très fleuri : un gros arbre de corail m’intrigue avec son tronc épais brun ou noir, et ses fleurs blanches… Si l’un d’entre vous l’a déjà identifié, merci de me le signaler !
Puis Arnaud nous entraîne à l’aplomb d’un tombant extrêmement riche : ici règne une guerre sans merci ! Chaque centimètre est littéralement pris d’assaut : les crinoïdes jaunes ou noires se battent avec les alcyonnaires de toutes les couleurs, les éponges brunes ou bleues rivalisent avec les tuniciers et les coraux cuir, et tout ce petit monde déploie des trésors d’énergie pour filtrer l’eau plus claire qui laisse apparaître un fond outremer de soixante-dix mètres…
Partout au-dessus de ce tombant fourmille un aquarium virevoltant, qui me fait hésiter entre vertige et narcose : je descends jusqu’à 25 mètres de fond, juste pour me faire plaisir mais renonçant à descendre plus bas pour ne pas attirer inconsciemment les plongeurs moins expérimentés qui nous ont rejoints sur ce tombant qui excite leur convoitise de photographes en herbe. Pourtant le bleu me tend les bras et ce n’est pas la famille de cinq énormes napoléons qui m’en dissuaderait : le gros mâle de près de deux mètres fait le guet autour des siens, s’interposant entre plongeurs et juvéniles. Des juvéniles qui pèsent déjà leur poids (un mètre de long environ) et qui suivent sagement leur mère placide. Lorsqu’un autre gros mâle surgit, le père lui donne l’assaut, le poursuit et l’entraîne vers le fond, avant de revenir victorieux monter la garde autour des siens.
L’Homme me fait alors signe et je dois m’exécuter : quelques photos exemple, avec phare orienté vers les alcyonnaires chatoyants, pour mieux mettre en valeur la colonie de poissons de verre qui profitent du plancton. Mais dès que possible, je tends mon phare à Pim, l’un des moniteurs, et je prends la poudre d’escampette pour retourner à mon exploration insouciante.
Je traverse une pluie d’anthias et de petits poissons de récif habitués des anémones multiples et des tables de corail qui s’étendent ici et là. Un énorme banc de poissons chirurgiens d’un bleu de velours sombre m’enveloppe à tel point que je crains soudain le possible danger d’une coupure à travers ma combinaison néoprène. Je m’extraie de ce voile virevoltant pour suivre l’évolution d’énormes carangues aux gros yeux saillants. Ici, tout est profusion, variété, surprise. Ce n’est plus un aquarium, c’est un échantillonnage grandeur nature de tout l’écosystème indonésien !
Notre compagnon de plongée est en réserve d’air et il nous faut alors songer à sortir de ce rêve. Un léger courant nous fait planer en douce dérivante, survolant une plaine de sable blanc habitée de coraux noirs et de gorgones fouets dressant leurs bras sombres vers le soleil, m’évoquant une forêt de bois calciné, et pendant qu’Arnaud gonfle son parachute de palier nous croisons des platax argentés et des balistes titan lippus donnant la chasse à des congénères trop entreprenants.
Une plongée décidément trop courte, que nous demanderons à refaire dans l’après-midi, avec le même plaisir et le même enthousiasme. Cette plongée de Menjangan, nous aurions pu la faire cinq ou six fois, sans nous lasser. C’était ma première plongée loisir depuis longtemps, et Arnaud a tenu sa promesse : j’ai (presque) tout vu !
Profondeur : de 8 à 17 m en restant raisonnable, tombant splendide descendant à 70 m
Qualification : à partir du niveau 1
Durée de la plongée : 72 mn puis 86 mn dans l’après-midi
Température de l’eau : 28 à 29° (juillet)
Localisation : au Nord Ouest de Bali.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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