Raconter les Maldives en évoquant les plages, les couchers de soleil et les hôtels de luxe ne serait qu’effleurer un domaine qui devient essentiel : l’impact du tourisme sur l’environnement.
Je me suis rendue plusieurs fois aux Maldives depuis 1999 et à deux reprises cette année dans le cadre de mes activités de blogueuse voyage. Ces dernières années les Maldives ont changé de discours : il n’y a plus seulement la plongée sous-marine et les voyages de noces, il y a aussi désormais la préservation de l’environnement. Sur place je me suis penchée sur cette nouvelle orientation.
1 190 îles coralliennes regroupées en 26 atolls qui s’étendent sur 300 km2 au Sud de l’Inde : 200 îles habitées par les Maldiviens, auxquelles il faut ajouter au moins 95 îles hôtels dévolues aux milliers de touristes qui affluent chaque mois. Le tourisme, et par association les taxes sur les produits d’importation, représentent le revenu économique majeur des Maldives.
Les toutes premières élections présidentielles offrant un choix de plusieurs candidats se sont déroulées en octobre 2008, au bénéfice de Mohamed Nasheed, jeune érudit ayant étudié en Angleterre. Nasheed impose immédiatement de nouvelles règles pour soutenir l’économie de son pays et communique au niveau international sur le thème du réchauffement de la planète et du danger de l’élévation du niveau de la mer : en leur point le plus élevé les Maldives affichent 2,40 mètres.
Je pratique la plongée sous-marine depuis une quinzaine d’années. Pour la richesse de ses fonds marins l’archipel des Maldives est l’une des destinations favorites des Allemands, des Italiens, des Français (pour les Européens) et désormais des Chinois, Japonais, Coréens (depuis un an).
Sur l’île hôtel d’Angsana Velavaru, comme sur celle de Landaa Giraavaru, les centres de plongée oeuvrent désormais à la préservation des espèces. Les hôtels de luxe s’adjoignent des biologistes marins pour étudier, répertorier, replanter, éduquer. Plongeurs et non plongeurs sont invités à mieux connaître, mieux comprendre, et à prendre en charge financièrement une plantation de corail s’ils le souhaitent.
Sur Angsana Velavaru c’est Mirta Moraitis, biologiste marin, qui m’a entraînée à sa suite pour observer le corail autrement, découvrir des espèces non répertoriées, prendre des photos pour échanger avec des réseaux de scientifiques sur Internet. Une plongée éducative qui a fait son chemin dans mon esprit puisque j’ai relevé depuis la présence de certaines gorgones non-identifiées sur d’autres sites, quelques îles et deux mois plus tard. L’occasion d’en parler avec le responsable de plongée local et de le mettre en relation avec la précédente.
Le centre de plongée du Four Seasons Landaa Giraavaru propose deux activités aux clients de l’hôtel : plonger avec un spécialiste des raies manta aux Maldives, et participer à l’implantation de nouveaux récifs de corail sous la direction de Thomas Le Berre, un Breton convaincu.
Dans le cadre du Conservatoire Marin (laboratoire d’étude et de préservation) , premier du genre implanté par un hôtel aux Maldives, Guy Stevens, Britannique et habile communiquant, s’est imposé auprès des autorités maldiviennes pour représenter la population des raies manta de l’archipel au niveau international. Sur place, vous le suivez dans son recensement des sites favoris des mantas dans l’atoll réputé de Baa et il partage ses observations avec tout plongeur désireux d’en apprendre davantage. J’ai ainsi fait avec lui une plongée unique (en masque, palmes et tuba) au milieu de 32 raies manta.
Ailleurs, il compare ses données avec celles des représentants d’autres états fréquentés par les mantas, pour tenter d’établir un recensement mondial des espèces et une charte de protection internationale.
On ne vient plus aux Maldives avec innocence ou insouciance ; on y vient en tant que touriste responsable…
À Landaa Giraavaru, comme sur Angsana Velavaru, vous pourrez aussi participer à l’introduction de nouveaux plants de corail. Les hôtels de luxe ont compris que sans préservation des fonds marins, le développement touristique est restreint. Et ils s’activent à renouveler, ou à enrichir, les sites de plongée à proximité. Sans corail, pas de poissons. Pas de poissons, pas de touristes.
Des biologistes marins sont donc présents pour vous accompagner sur un parcours découverte des récifs avoisinants, en palmes, masque et tuba pour permettre aux enfants de suivre. Puis ils proposent des ateliers pratiques consistant à planter ou à bouturer des plants de corail. Réimplantation à l’aide de boules de ciment à prise rapide sur Angsana Velavaru, ou bouturage avec des colliers de serrage en plastique sur Landaa Giraavaru, aucune technique n’est vraiment certifiée mais il est évident que cela fonctionne puisque les résultats sont incontestables : en deux ou trois ans de travail acharné, les récifs se créent ou se régénèrent à proximité immédiate des hôtels. Pour le bénéfice de tous.
Une autre tendance qui se développe en matière de protection de l’environnement est le souci des groupes hôteliers à gérer leurs déchets et celui de créer de petites digues pour casser les vagues et ralentir l’érosion des plages.
Le groupe Six Senses & Spa est pionnier en la matière : l’hôtel Soneva Fushi fut le premier hôtel de luxe implanté aux Maldives en 1995. Le premier également à privilégier les matières naturelles pour la construction de ses villas. Sur place une unité de gestion des détritus recycle déchets organiques, cartons et papiers, et trie le bon grain de l’ivraie : chaque client peut librement visiter ces installations et il est invité à ramener avec lui en Europe ses emballages plastiques, flacons d’huiles solaires vides ou piles usagées. Quand la capitale, Malé, s’essouffle sous le joug de ses déchets, les îles hôtels tentent de trouver des solutions pour le bien commun.
Outre ces opérations qui se multiplient depuis peu aux Maldives le gouvernement insiste également pour que les investisseurs hôteliers prennent en charge une partie de l’éducation et de la formation des Maldiviens. Chaque année le groupe Banyan Tree participe à la sensibilisation et à la formation d’un certain nombre d’étudiants des îles voisines : de jeunes adultes qu’il faut informer sur les dangers de la dégradation de leur environnement par des techniques de pêche ancestrales parfois peu adaptées et auxquels on apprend à protéger tout en favorisant le commerce. L’observation des tortues marines et la protection des sites de pontes font partie de cet apprentissage.
Enfin le gouvernement maldivien, avec quelques opérations de communication créative telle ce Conseil des Ministres sous l’eau qui a fait grand bruit en 2009, impose chaque année des mesures plus contraignantes aux hôtels de luxe, mesures qui semblent fluctuer selon les interlocuteurs. J’ai ainsi entendu parler de quotas de plantations de cocotiers ou de fruitiers qui doivent être ensuite transplantés chaque année sur une île voisine habitée par les Maldiviens. Une mesure inconnue par un autre hôtelier à une centaine de kilomètres de là…
Toujours est-il que les comportements évoluent semble-t-il dans le bon sens. Les clients viennent aussi aux Maldives différemment, davantage concernés ces dernières années par la protection de cet archipel de toute beauté qui continue à attirer des millions de touristes. Qui n’a pas survolé ces perles de l’océan indien une fois dans sa vie ne peut comprendre l’engouement du visiteur.
Les hôteliers sont désireux désormais d’une meilleure gestion de l’environnement, ce qui plaît aux clients soucieux d’un moindre impact écologique et adeptes de jardins bio qui font la richesse de leurs assiettes.
Ce que je retiens surtout c’est l’enthousiasme et la volonté de tous ces biologistes marins, jardiniers, cuisiniers, directeurs et moniteurs de centres de plongée : passionnés par leur métier et amoureux des Maldives, ils cherchent à faire mieux et en sensibilisant la clientèle.
On ne vient plus aux Maldives avec innocence ou insouciance ; on y vient en tant que touriste responsable, dans le cadre d’une participation commune.
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages aux Maldives ? Voici quelques pistes à explorer :
Cet article a été publié une première fois en septembre 2010 sur mon blog dédié aux voyages pour le quotidien français Libération, blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux un intérêt informatif pour mes lecteurs. J’ai ajouté des photos à ces articles en les re-publiant ici mais il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles.
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Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Raconter les Maldives en évoquant les plages, les couchers de soleil et les hôtels de luxe ne serait qu’effleurer un domaine qui devient essentiel : l’impact du tourisme sur l’environnement.
Je me suis rendue plusieurs fois aux Maldives depuis 1999 et à deux reprises cette année dans le cadre de mes activités de blogueuse voyage. Ces dernières années les Maldives ont changé de discours : il n’y a plus seulement la plongée sous-marine et les voyages de noces, il y a aussi désormais la préservation de l’environnement. Sur place je me suis penchée sur cette nouvelle orientation.
1 190 îles coralliennes regroupées en 26 atolls qui s’étendent sur 300 km2 au Sud de l’Inde : 200 îles habitées par les Maldiviens, auxquelles il faut ajouter au moins 95 îles hôtels dévolues aux milliers de touristes qui affluent chaque mois. Le tourisme, et par association les taxes sur les produits d’importation, représentent le revenu économique majeur des Maldives.
Les toutes premières élections présidentielles offrant un choix de plusieurs candidats se sont déroulées en octobre 2008, au bénéfice de Mohamed Nasheed, jeune érudit ayant étudié en Angleterre. Nasheed impose immédiatement de nouvelles règles pour soutenir l’économie de son pays et communique au niveau international sur le thème du réchauffement de la planète et du danger de l’élévation du niveau de la mer : en leur point le plus élevé les Maldives affichent 2,40 mètres.
Je pratique la plongée sous-marine depuis une quinzaine d’années. Pour la richesse de ses fonds marins l’archipel des Maldives est l’une des destinations favorites des Allemands, des Italiens, des Français (pour les Européens) et désormais des Chinois, Japonais, Coréens (depuis un an).
Sur l’île hôtel d’Angsana Velavaru, comme sur celle de Landaa Giraavaru, les centres de plongée oeuvrent désormais à la préservation des espèces. Les hôtels de luxe s’adjoignent des biologistes marins pour étudier, répertorier, replanter, éduquer. Plongeurs et non plongeurs sont invités à mieux connaître, mieux comprendre, et à prendre en charge financièrement une plantation de corail s’ils le souhaitent.
Sur Angsana Velavaru c’est Mirta Moraitis, biologiste marin, qui m’a entraînée à sa suite pour observer le corail autrement, découvrir des espèces non répertoriées, prendre des photos pour échanger avec des réseaux de scientifiques sur Internet. Une plongée éducative qui a fait son chemin dans mon esprit puisque j’ai relevé depuis la présence de certaines gorgones non-identifiées sur d’autres sites, quelques îles et deux mois plus tard. L’occasion d’en parler avec le responsable de plongée local et de le mettre en relation avec la précédente.
Le centre de plongée du Four Seasons Landaa Giraavaru propose deux activités aux clients de l’hôtel : plonger avec un spécialiste des raies manta aux Maldives, et participer à l’implantation de nouveaux récifs de corail sous la direction de Thomas Le Berre, un Breton convaincu.
Dans le cadre du Conservatoire Marin (laboratoire d’étude et de préservation) , premier du genre implanté par un hôtel aux Maldives, Guy Stevens, Britannique et habile communiquant, s’est imposé auprès des autorités maldiviennes pour représenter la population des raies manta de l’archipel au niveau international. Sur place, vous le suivez dans son recensement des sites favoris des mantas dans l’atoll réputé de Baa et il partage ses observations avec tout plongeur désireux d’en apprendre davantage. J’ai ainsi fait avec lui une plongée unique (en masque, palmes et tuba) au milieu de 32 raies manta.
Ailleurs, il compare ses données avec celles des représentants d’autres états fréquentés par les mantas, pour tenter d’établir un recensement mondial des espèces et une charte de protection internationale.
On ne vient plus aux Maldives avec innocence ou insouciance ; on y vient en tant que touriste responsable…
À Landaa Giraavaru, comme sur Angsana Velavaru, vous pourrez aussi participer à l’introduction de nouveaux plants de corail. Les hôtels de luxe ont compris que sans préservation des fonds marins, le développement touristique est restreint. Et ils s’activent à renouveler, ou à enrichir, les sites de plongée à proximité. Sans corail, pas de poissons. Pas de poissons, pas de touristes.
Des biologistes marins sont donc présents pour vous accompagner sur un parcours découverte des récifs avoisinants, en palmes, masque et tuba pour permettre aux enfants de suivre. Puis ils proposent des ateliers pratiques consistant à planter ou à bouturer des plants de corail. Réimplantation à l’aide de boules de ciment à prise rapide sur Angsana Velavaru, ou bouturage avec des colliers de serrage en plastique sur Landaa Giraavaru, aucune technique n’est vraiment certifiée mais il est évident que cela fonctionne puisque les résultats sont incontestables : en deux ou trois ans de travail acharné, les récifs se créent ou se régénèrent à proximité immédiate des hôtels. Pour le bénéfice de tous.
Une autre tendance qui se développe en matière de protection de l’environnement est le souci des groupes hôteliers à gérer leurs déchets et celui de créer de petites digues pour casser les vagues et ralentir l’érosion des plages.
Le groupe Six Senses & Spa est pionnier en la matière : l’hôtel Soneva Fushi fut le premier hôtel de luxe implanté aux Maldives en 1995. Le premier également à privilégier les matières naturelles pour la construction de ses villas. Sur place une unité de gestion des détritus recycle déchets organiques, cartons et papiers, et trie le bon grain de l’ivraie : chaque client peut librement visiter ces installations et il est invité à ramener avec lui en Europe ses emballages plastiques, flacons d’huiles solaires vides ou piles usagées. Quand la capitale, Malé, s’essouffle sous le joug de ses déchets, les îles hôtels tentent de trouver des solutions pour le bien commun.
Outre ces opérations qui se multiplient depuis peu aux Maldives le gouvernement insiste également pour que les investisseurs hôteliers prennent en charge une partie de l’éducation et de la formation des Maldiviens. Chaque année le groupe Banyan Tree participe à la sensibilisation et à la formation d’un certain nombre d’étudiants des îles voisines : de jeunes adultes qu’il faut informer sur les dangers de la dégradation de leur environnement par des techniques de pêche ancestrales parfois peu adaptées et auxquels on apprend à protéger tout en favorisant le commerce. L’observation des tortues marines et la protection des sites de pontes font partie de cet apprentissage.
Enfin le gouvernement maldivien, avec quelques opérations de communication créative telle ce Conseil des Ministres sous l’eau qui a fait grand bruit en 2009, impose chaque année des mesures plus contraignantes aux hôtels de luxe, mesures qui semblent fluctuer selon les interlocuteurs. J’ai ainsi entendu parler de quotas de plantations de cocotiers ou de fruitiers qui doivent être ensuite transplantés chaque année sur une île voisine habitée par les Maldiviens. Une mesure inconnue par un autre hôtelier à une centaine de kilomètres de là…
Toujours est-il que les comportements évoluent semble-t-il dans le bon sens. Les clients viennent aussi aux Maldives différemment, davantage concernés ces dernières années par la protection de cet archipel de toute beauté qui continue à attirer des millions de touristes. Qui n’a pas survolé ces perles de l’océan indien une fois dans sa vie ne peut comprendre l’engouement du visiteur.
Les hôteliers sont désireux désormais d’une meilleure gestion de l’environnement, ce qui plaît aux clients soucieux d’un moindre impact écologique et adeptes de jardins bio qui font la richesse de leurs assiettes.
Ce que je retiens surtout c’est l’enthousiasme et la volonté de tous ces biologistes marins, jardiniers, cuisiniers, directeurs et moniteurs de centres de plongée : passionnés par leur métier et amoureux des Maldives, ils cherchent à faire mieux et en sensibilisant la clientèle.
On ne vient plus aux Maldives avec innocence ou insouciance ; on y vient en tant que touriste responsable, dans le cadre d’une participation commune.
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages aux Maldives ? Voici quelques pistes à explorer :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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