Aborigènes d'Australie à Sydney, vidéo

C’est un sujet à la fois épineux et ultra-sensible, qui touche autant à la politique qu’à la poésie de l’aube des temps. 

Ils étaient entre 500 000 et 750 000 Aborigènes présents sur le sol australien depuis au moins 40 000 ans lors de l’arrivée des premiers colons britanniques en 1788. Aujourd’hui ils ne représentent plus que 2,3 % de la population australienne et les Aborigènes subissent les pires fléaux de la pauvreté : alcoolisme, drogue, chômage, faible degré d’instruction, incarcération. Après deux siècles et demi d’une colonisation sans merci, après avoir été dépouillés de leurs terres et plus tard de leurs enfants issus de sangs mêlés (dans les années 1930 des dizaines de milliers d’enfants ont ainsi été arrachés à leur famille pour être placés dans des institutions ou des familles blanches dans le cadre d’une politique « Australie blanche »), les Aborigènes retrouvent petit à petit dignité et droits, le gouvernement allant même jusqu’à présenter les excuses de la nation à ces « générations volées » en février 2008.

Dans ce malaise sous-jacent qui filtre dans les conversations dès que vous abordez ce sujet délicat, le touriste que vous êtes comprend vite qu’être ouvert d’esprit jusqu’à la compassion spontanée peut ne pas être forcément bien vu. Parlez donc des Tibétains de Lhassa avec des Chinois de Beijing, et vous obtiendrez des réactions légèrement identiques à celles que j’ai eu ici à Sydney.

Si le gouvernement australien semble réellement désireux de faire peau neuve quant au traitement des Aborigènes en multipliant la promotion de leur culture tous azimuts autant que les objets d’art aborigènes dans les boutiques de souvenirs (allez trier le bon grain de l’ivraie made in Asia…), les Australiens eux-mêmes n’ont sans doute pas la même conception de leurs origines. Hier soir au restaurant on me précisait d’ailleurs – avec un sourire amusé – qu’un Australien né en Australie peut être un « ABC ». Comprenez : « Australian Born Chinese« , soit un enfant issu de parents Chinois mais né sur le sol australien. Pour les Australiens descendants de Britanniques, la nuance est d’importance même s’il est de bon ton de ne pas le clamer.

Alors un Aborigène ?…

Je ne passerai pas suffisamment de temps sur le sol australien cette année pour me forger une vraie conviction personnelle à ce sujet, malheureusement. Après avoir rencontré au cours de ces dernières années des populations dites minoritaires et des tribus survivantes, j’aurais aimé passer quelques jours dans l’un des territoires du centre ou du Nord du pays dans lesquelles vivent des communautés d’Aborigènes sur des terres restituées par le gouvernement. Ne serait-ce que pour en apprendre davantage sur leur culture. Un peuple lié d’aussi près à la terre, au ciel et aux étoiles ne peut qu’exciter mon imagination et mon désir de savoir.

Mais cette année comme il y a 18 mois lorsque j’étais venue à Sydney pour la première fois, je me suis sentie mal à l’aise : le long de Circular Quay où se promènent des hordes de touristes, deux hommes se produisaient assis à même le sol dans des parodies de musique aborigène remise au goût du jour. Torse nu, peinturlurés à la va-vite, ils soufflaient dans leur instrument de musique pour faire croire à la survivance de leurs traditions et pour attirer le gogo : pour quelques piécettes de monnaie, ils incitaient à se faire photographier à côté d’eux. Triste pantomine d’une civilisation perdue ou profit juteux aux dépens de la bêtise humaine ?…

L’année dernière je m’étais refusée à les photographier. Mais aujourd’hui je me suis dit qu’il fallait vous montrer et surtout demander votre avis : que penser en voyant ces hommes qui faisaient semblant de souffler dans leur instrument (l’un avec un serpent roulé au bout) tandis qu’un haut-parleur hurlait le rythme saccadé et lancinant d’un air que David Guetta ne renierait peut-être pas ? qui est le plus malin, le (faux ?) Aborigène avec lunettes de soleil cerclées d’or ou les jeunes pubères qui leur parlent comme à des sous-hommes lorsqu’ils veulent être pris en photo à leurs côtés ?

Je vous laisse regarder cette vidéo faite cet après-midi et dont j’ai laissé le son original. Je vous laisse donner votre avis ; de mon côté j’ai surtout l’impression d’avoir observé un spectacle dont le clown triste n’est sans doute pas celui que l’on croit. Un sentiment de malaise, en ce qui me concerne.

Qu’en pensez-vous ?

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Cet article a été publié une première fois en octobre 2009 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne. Les articles re-publiés ici le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont tous rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». J’ai ajouté davantage de photos à ces articles en les re-publiant mais malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à ces articles, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.

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