Beaucoup ont du mal à situer la Tasmanie sur une carte. Une région ? Une île ?… Pourtant nous avons tous entendu parler de ce curieux petit animal, surnommé le diable de Tasmanie.
Comme pour tout voyageur, mes rêves d’évasion se sont nourris des livres qui m’ont été offerts tandis que j’étais encore une enfant. Parmi ceux-là, un magnifique ouvrage illustré sur les animaux “sauvages”, les inaccessibles ou tellement mythiques qu’il semble bien improbable qu’on les croise un jour. Et pourtant…
L’une des raisons majeures qui m’ont conduite en Tasmanie cette année est bel et bien un petit animal puissant, pourtant en voie d’extinction à cause d’un virus qui se transmet par morsure d’un individu à un autre, et qui cause une tumeur faciale mettant l’espèce toute entière en danger. Le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), comme son nom vernaculaire français l’indique, ne se rencontre qu’en Tasmanie, même si le gouvernement australien (dont la Tasmanie est l’un des États) a réparti sur la grande île en quelques parcs animaliers des couples de diables pour préserver l’espèce, si la population de Tasmanie venait à s’éteindre.
Ce petit marsupial carnivore est l’emblème de l’État de Tasmanie et il a donné son nom à des équipes sportives. Pour le voir évoluer en milieu naturel il faut être patient et arpenter les forêts et grands espaces, ou attendre la tombée de la nuit lorsqu’il chasse comme les nombreux autres animaux en liberté qui rendent les routes dangereuses après le coucher du soleil : wallabies, wombats, échidnés courent sur l’asphalte et se précipitent vers les véhicules, attirés par les lueurs des phares. Au petit matin vous compterez le nombre de petits corps rejetés sur le bord des routes… ou vous surprendrez un diable de Tasmanie en plein festin.
Un regard malin, des yeux pétillants de ruse et une expression frondeuse !
Lorsque je l’ai vu pour la première fois j’ai été surprise par son regard malin, des yeux pétillants de ruse et une expression frondeuse : bien campé sur ses quatre pattes après avoir tournoyé sur lui-même pendant quelques secondes, il vous scrute truffe au ras du sol, l’air de dire “alors, tu cherches la bagarre ?!”. Un instant interloqué(e) par cette attitude espiègle ou railleuse, vous vous souviendrez alors que sa gueule mais surtout ses dents fines et acérées sont capables de transpercer une peau épaisse et de broyer des os ! Lorsque vous l’entendrez, vous comprendrez aussi pourquoi les premiers Européens qui abordèrent la Tasmanie l’ont comparé au diable : son cri a de quoi glacer le sang !
Pourtant le diable de Tasmanie est un animal craintif, qui ne voit qu’en noir et blanc, qui souffre d’une réputation sulfureuse due à son appétit pour les charognes et d’un parfum… peu engageant.
La tête et le cou des mâles les plus âgés peuvent représenter le quart du poids total d’un diable (10 à 12 kg pour un mâle et même 14 kg pour ceux vivant dans des zones faciles à vivre, 7 à 8 kg pour une femelle). Leur mâchoire est quatre fois plus puissante que celle d’un chien de taille équivalente, environ 90cm de long. Leurs longues moustaches les aident à garder leurs distances avec d’autres compagnons autour d’une pitance. Elles servent aussi d’instruments de navigation quand ils chassent en végétation dense la nuit ou pour s’orienter dans les tunnels de leur terrier.
Une femelle peut donner naissance à 20 petits, d’avril à mai, après une gestation d’environ 100 jours. La mère les porte dans sa poche pendant 16 semaines mais n’ayant que quatre mamelles ce sont les 4 plus robustes qui survivront. Le jeune est mauvais chasseur, il apprend donc très vite à grimper aux arbres pour débusquer des oiseaux dans les nids même si son principal prédateur est l’aigle. Un diable ne vit en moyenne que 5 courtes années avec seulement 2 ans de vie adulte.
Les premiers marsupiaux sont arrivés en Australie par l’Antarctique, alors tempéré il y a plus de 10 millions d’années, en provenance de l’actuelle Amérique du Sud, à l’époque du supercontinent Gondwana. Ils auraient disparu d’Australie il y a 3 000 ans après l’arrivée de dingos qui n’ont pas atteint la Tasmanie où les diables ont continué à prospérer jusqu’à ce qu’ils soient quasiment exterminés par les colons européens qui craignaient pour leurs poulets et revendaient la fourrure.
Les diables de Tasmanie sont protégés depuis 1941, répertoriés sur la liste australienne des espèces en danger depuis 2009. On estime qu’il reste environ 10 à 15 000 diables en Tasmanie. Protégeons-les !
Quand un dessin animé s’engage : en 1954 la compagnie américaine Warner Bros fait apparaître une caricature du diable de Tasmanie dans l’un de ses dessins animés, Looney Tunes. Taz est né ! Il se nourrit de tout et n’importe quoi avec un tempérament explosif, se déplace comme une tornade et fait preuve d’une intelligence toute relative. En 1997 quand Warner Bros dépose la marque commerciale “Tasmanian Devil” le gouvernement australien obtient après d’âpres négociations qu’une partie des revenus de la vente de produits dérivés soient affectée à la lutte contre la tumeur de la face dont souffre l’espèce depuis quelques années et que 5000 peluches représentant le personnage de Taz soient mises en vente pour sensibiliser le public et alimenter le fonds financier en faveur de la recherche contre cette maladie.
J’ai rédigé cet article pour une publication sur le second numéro du magazine de voyages gratuit (et online) Repérages Voyages. Je publie cet article sur ce blog pour lui offrir une seconde vie, et permettre à de nouveaux lecteurs de découvrir mes publications sous toutes leurs formes.
Par ailleurs, et afin d’enrichir votre expérience de lecture, j’en profite pour ajouter davantage de photos sur cet article (prises en Tasmanie) que vous ne verrez pas sur le magazine.
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Mes articles sur l’Australie en général ou sur la Tasmanie en particulier
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Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Beaucoup ont du mal à situer la Tasmanie sur une carte. Une région ? Une île ?… Pourtant nous avons tous entendu parler de ce curieux petit animal, surnommé le diable de Tasmanie.
Comme pour tout voyageur, mes rêves d’évasion se sont nourris des livres qui m’ont été offerts tandis que j’étais encore une enfant. Parmi ceux-là, un magnifique ouvrage illustré sur les animaux “sauvages”, les inaccessibles ou tellement mythiques qu’il semble bien improbable qu’on les croise un jour. Et pourtant…
L’une des raisons majeures qui m’ont conduite en Tasmanie cette année est bel et bien un petit animal puissant, pourtant en voie d’extinction à cause d’un virus qui se transmet par morsure d’un individu à un autre, et qui cause une tumeur faciale mettant l’espèce toute entière en danger. Le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), comme son nom vernaculaire français l’indique, ne se rencontre qu’en Tasmanie, même si le gouvernement australien (dont la Tasmanie est l’un des États) a réparti sur la grande île en quelques parcs animaliers des couples de diables pour préserver l’espèce, si la population de Tasmanie venait à s’éteindre.
Ce petit marsupial carnivore est l’emblème de l’État de Tasmanie et il a donné son nom à des équipes sportives. Pour le voir évoluer en milieu naturel il faut être patient et arpenter les forêts et grands espaces, ou attendre la tombée de la nuit lorsqu’il chasse comme les nombreux autres animaux en liberté qui rendent les routes dangereuses après le coucher du soleil : wallabies, wombats, échidnés courent sur l’asphalte et se précipitent vers les véhicules, attirés par les lueurs des phares. Au petit matin vous compterez le nombre de petits corps rejetés sur le bord des routes… ou vous surprendrez un diable de Tasmanie en plein festin.
Un regard malin, des yeux pétillants de ruse et une expression frondeuse !
Lorsque je l’ai vu pour la première fois j’ai été surprise par son regard malin, des yeux pétillants de ruse et une expression frondeuse : bien campé sur ses quatre pattes après avoir tournoyé sur lui-même pendant quelques secondes, il vous scrute truffe au ras du sol, l’air de dire “alors, tu cherches la bagarre ?!”. Un instant interloqué(e) par cette attitude espiègle ou railleuse, vous vous souviendrez alors que sa gueule mais surtout ses dents fines et acérées sont capables de transpercer une peau épaisse et de broyer des os ! Lorsque vous l’entendrez, vous comprendrez aussi pourquoi les premiers Européens qui abordèrent la Tasmanie l’ont comparé au diable : son cri a de quoi glacer le sang !
Pourtant le diable de Tasmanie est un animal craintif, qui ne voit qu’en noir et blanc, qui souffre d’une réputation sulfureuse due à son appétit pour les charognes et d’un parfum… peu engageant.
La tête et le cou des mâles les plus âgés peuvent représenter le quart du poids total d’un diable (10 à 12 kg pour un mâle et même 14 kg pour ceux vivant dans des zones faciles à vivre, 7 à 8 kg pour une femelle). Leur mâchoire est quatre fois plus puissante que celle d’un chien de taille équivalente, environ 90cm de long. Leurs longues moustaches les aident à garder leurs distances avec d’autres compagnons autour d’une pitance. Elles servent aussi d’instruments de navigation quand ils chassent en végétation dense la nuit ou pour s’orienter dans les tunnels de leur terrier.
Une femelle peut donner naissance à 20 petits, d’avril à mai, après une gestation d’environ 100 jours. La mère les porte dans sa poche pendant 16 semaines mais n’ayant que quatre mamelles ce sont les 4 plus robustes qui survivront. Le jeune est mauvais chasseur, il apprend donc très vite à grimper aux arbres pour débusquer des oiseaux dans les nids même si son principal prédateur est l’aigle. Un diable ne vit en moyenne que 5 courtes années avec seulement 2 ans de vie adulte.
Les premiers marsupiaux sont arrivés en Australie par l’Antarctique, alors tempéré il y a plus de 10 millions d’années, en provenance de l’actuelle Amérique du Sud, à l’époque du supercontinent Gondwana. Ils auraient disparu d’Australie il y a 3 000 ans après l’arrivée de dingos qui n’ont pas atteint la Tasmanie où les diables ont continué à prospérer jusqu’à ce qu’ils soient quasiment exterminés par les colons européens qui craignaient pour leurs poulets et revendaient la fourrure.
Les diables de Tasmanie sont protégés depuis 1941, répertoriés sur la liste australienne des espèces en danger depuis 2009. On estime qu’il reste environ 10 à 15 000 diables en Tasmanie. Protégeons-les !
Plus d’info…
Association de protection (en anglais), Save the Tasmanian Devil
J’ai rédigé cet article pour une publication sur le second numéro du magazine de voyages gratuit (et online) Repérages Voyages. Je publie cet article sur ce blog pour lui offrir une seconde vie, et permettre à de nouveaux lecteurs de découvrir mes publications sous toutes leurs formes.
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