Afrique du Sud, cap de Bonne-Espérance

Atteindre l’extrême Sud de l’Afrique était un symbole, un mythe, et l’un de mes Graal de voyageuse…

Je sais pourquoi l’émotion m’envahit soudain à ce point. Je viens de descendre de voiture, et j’aperçois ces panneaux de bois qui le confirment : j’ai atteint le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud.

Le ciel charrie des nuages indisciplinés, l’atmosphère est venteuse, grise, presque menaçante. Des pans de ciel bleu apparaissent fugitivement, un rayon de soleil surgit, un autre s’estompe. L’ambiance est conforme à l’idée que l’on se fait du passage du cap en mer.

Les trois autruches qui grattent le sol herbeux en bord de plage gardent malgré tout un oeil vers le large, comme si elles espéraient apercevoir enfin la silhouette d’un voilier du siècle dernier.

Des touristes chinois s’agitent autour des panneaux confirmant latitude et longitude. Ils veulent chacun leur photo souvenir, puis par deux, et enfin tout le groupe. Je patiente, ils ne sont pas nombreux, mon tour viendra.

Aujourd’hui je me tiens là où je me devais de venir pour honorer la mémoire de ces hommes…

Je fais quelques pas en humant l’air ambiant, j’avance sur ces roches granitiques pour prendre un peu de hauteur.

Je suis au cap.

Pas n’importe lequel : le cap de Bonne-Espérance.

Cape of Good Hope comme on le nomme ici en Afrique du Sud.

Mais moi, je suis sur la terre ferme, pas en mer.

Je sais que le cap de Bonne-Espérance n’est en fait pas le point le plus au Sud du continent africain puisqu’il s’agit du cap des Aiguilles à 149km plus à l’Est et plus au Sud.

Pourtant le cap de Bonne-Espérance a été de tout temps pour les navigateurs le point de rencontre de courants forts et imprévisibles, quand les courants froids de l’Atlantique rencontrent les courants plus chauds de l’océan Indien. Le point convergeant de deux grands océans capricieux, avec son lot de difficultés pour les marins. Le point d’entrée dans l’océan Indien et sa route vers la Chine avant la percée du canal de Suez en 1869.

Afrique du Sud, cap de Bonne-Espérance

Je suis la petite-fille d’un marin que j’ai bien connu, et la descendante de quelques voyageurs au long cours. Ma généalogie compte entre autres deux ancêtres capitaines au long cours.

Ce brevet prestigieux, remplacé en 1967 par un autre plus spécifique, permettait d’assumer les fonctions de commandement sur les navires de commerce et de pêche de tout tonnage sur des parcours de très longue distance qui sous-entendait sortir de l’océan Atlantique. Jusque dans les années 1930 il s’agissait encore de navires à voiles.

Outre des connaissances techniques et maritimes acquises au fil de nombreuses années de navigation et sans que cela soit strictement défini les capitaines au long cours avaient passé les trois grands caps : cap Horn au Sud de l’Amérique, cap de Bonne-Espérance en Afrique, et cap Leuuwin en Australie.

Lors de l’un de mes voyages en Australie je suis descendue jusqu’au Sud de la Tasmanie, plus bas donc que le cap Leuuwin situé plus haut au Sud-Ouest de l’Australie.

Afrique du Sud, cap de Bonne-Espérance

Cette fois je suis au Cap (Capetown) pour deux jours, un séjour court avant de rejoindre les chutes Victoria au Zimbabwe, puis la Zambie et enfin la Namibie pour la seconde fois. Si je souhaitais découvrir la ville du Cap, je tenais surtout à me rendre ici sur ce site symbolique qu’est le cap de Bonne-Espérance.

Je ne suis pas certaine que tous les voyageurs aient envie de descendre aussi loin, en des contrées aussi extrêmes, aussi symboliques. Pour moi, c’est un contexte particulier.

Afrique du Sud, cap de Bonne-Espérance

Tout à l’heure déjà, lors d’un arrêt sur la route qui m’a menée du Cap jusqu’ici, j’ai observé ces courants marins qui affleurent en surface (photo ci-dessus) et je me suis projetée en 1868 quand mon ancêtre François Marie HOMERY a obtenu son brevet de capitaine au long cours. Pas de sonar à l’époque, encore moins de radars pour percer la brume et avancer coûte que coûte avec sur ses épaules la responsabilité d’un équipage au grand complet sans compter les tonnes de marchandises.

Les touristes chinois remontent dans leur car pour filer vers un autre site à photographier.

Je m’approche enfin des panneaux de bois peint, et je caresse d’une main ce symbole du bout du monde. J’ai moi aussi ma photo au cap de Bonne-Espérance.

Puis je me tourne vers les deux océans qui se confrontent ici.

Afrique du Sud, cap de Bonne-Espérance

De soudaines bourrasques de vent font voler mes cheveux. Je grimpe sur des roches pour m’éloigner encore un peu vers ce grand Sud mais la force du vent me repousse. Comme si des mains géantes m’interdisaient d’aller plus loin. Alors je m’immobilise et j’observe l’horizon.

Le vent s’apaise…

Un jour mes ancêtres sont passés par là, en mer, bravant la furie des éléments. Aujourd’hui je me tiens là où je me devais de venir pour honorer la mémoire de ces hommes qui m’ont transmis les gènes du voyage au long cours.

Avec le Sud de la Tasmanie (sous l’Australie) et la pointe Sud de l’Afrique du Sud il me manque encore un Sud sur la carte de mes envies : un jour j’irai jusqu’au cap Horn, au Sud du Chili. Je relierai alors « mes » trois Sud.

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Afrique du Sud ? Voici quelques pistes à explorer :

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