Ce site classé parmi les plus beaux du monde est aussi appelé localement Shaab Abu Aamra (« les roches rouges », en référence a celles situées sur la côte en face). Mais son nom anglophone connu par la majorité des plongeurs lui a été donné par son découvreur en l’honneur du gouverneur de Bombay, Lord Elphinstone, à l’origine de l’expédition.
Ce qui fait la particularité d’Elphinstone ?… Sa faune : requins longimanus, requins gris ou pointes blanches, requins marteaux, raies, barracudas, dauphins,… tous sont au rendez-vous (en saison !). Et son fabuleux tombant flirte avec les 100 mètres de profondeur. Un tombant abrupt, couvert d’une profusion de coraux durs et mous, de voiles de gorgones d’une taille supérieure à la moyenne, tout un environnement qui croît à une vitesse exceptionnelle en raison de courants… exceptionnels.
Cette plongée est réservée à ceux qui ont déjà accumulé une certaine expérience. En gros, niveau 1, passez votre chemin ! Sauf si vous avez plus de cinquante plongées au compteur et que vous êtes à l’aise dans le courant puisque Elphinstone peut être abordé en deux fois, par le Nord ou le Sud du récif et se termine invariablement sur le plateau de la pointe Sud qui permet la rencontre des fameux longimanus. Ensuite, vous filez en dérivante avec parachute de palier pour que le bateau semi-rigide puisse vous repérer sur une mer toujours formée.
Pour nous ce matin, deux exceptions : d’abord un faible courant qui nous permet de travailler quelques photos sans trop de souci, puis… pas de gros du tout (puisque pas de courant) !… Nous espérions les longimanus mais Julien nous a prévenu dès notre arrivée qu’ils ne se sont pas présentés depuis au moins quatre mois. En 2005 ils comptaient jusqu’à près de 22 longimanus sur la même plongée, au palier, tournant autour des plongeurs, venant jusqu’au contact, et tout au long de l’année. Petit à petit ils se sont fait moins nombreux et en octobre dernier, saison phare pour les observer, ils n’étaient plus qu’une petite dizaine.
Par contre nous croiserons une tortue verte et nous verrons l’immanquable barracuda au palier, stationnaire dans le courant plus fort dans la zone des 10 mètres sous la surface agitée de la Mer Rouge.
Quel souvenir garderai-je de cette plongée ?… Un pur éblouissement.
Voguer dans l’immensité du grand bleu est toujours impressionnant pour un plongeur, c’est un sentiment de plénitude et un soupçon d’incertitude : quel prédateur surgira-t-il sans prévenir ? Nous l’attendons, nous l’espérons, tout en le redoutant un peu. On raconte ici que des requins tigres surgissent du fond sans crier gare… Pour se rassurer, on ne s’éloigne pas trop du tombant majestueux, immense falaise qui tombe à pic dans des profondeurs qu’on devine à peine (vous pourrez descendre jusqu’à 40 mètres maximum pour admirer le haut d’une arche tapissée d’alcyonnaires). Et cette paroi littéralement couverte d’espèces de toutes formes et de toutes couleurs est un véritable enchantement : alcyonnaires fushia, bouquets de gorgones géantes, coraux tabulaires, éponges, anémones,… tout y est, tout vit, tout explose. Et pour butiner dans ce jardin extraordinaire, des milliers d’anthias couleur de feu, des demoiselles étourdissantes, des poissons perroquets aux couleurs du lagon, un banc d’orphies, des dizaines de vivaneaux d’une taille surprenante, des rascasses volantes juvéniles,… Un monde de couleurs chatoyantes et une vie grouillante, à l’infini. A couper le souffle.
Je n’en suis qu’à ma troisième plongée en Egypte, avec une eau avoisinant les 22°, mais je sais qu’Elphinstone restera probablement pour moi l’image de la richesse extraordinaire de la Mer Rouge.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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