Pendant plus de dix ans j’ai entendu les plongeurs sur tous les bateaux du monde s’exclamer en faveur de la Mer Rouge. De mon côté, fuyant farouchement les sites surpeuplés et les palanquées en rang d’oignons, j’avais vaillamment résisté mais j’avais conscience malgré tout qu’il me manquait ce point de comparaison. Alors quand Blue Lagoon et Red Sea Diving Safari nous ont offert cette opportunité de tester quelques nouvelles pépites réservées à leurs plongeurs, je ne me suis pas fait prier très longtemps…
Longue d’environ 1900 km sur une largeur maximum de 300 km, avec une profondeur moyenne de 500 mètres et des pics à – 2 500 mètres, cette mer intra continentale fait liaison entre océan indien et Méditerranée (par le canal de Suez) et sépare le continent africain de la péninsule arabique. Elle est plus salée que les océans (en atteignant 41 grammes de sel au litre) et son nom aurait été attribué à cause d’algues microscopiques qui teintent quelques kilomètres de côtes en certaines saisons. Je jure de n’avoir vu qu’un panel de nuances de bleu qui en font, dit-on, l’une des plus belles mers du monde…
Pourquoi cet engouement pour la Mer Rouge ?
Parce que sa température quasi constante, entre 20 et 25° en surface, favorise le développement et la croissance d’une faune sous-marine exubérante dans des paysages de roches, sculptées par des courants parfois violents, et une variété de 350 espèces de coraux, durs et mous, pour permettre aux deux mille espèces de poissons de s’épanouir au rythme de saisons peu marquées. On murmure qu’il y aurait en Mer Rouge 300 espèces de requins…
Ces conditions exceptionnelles en font la cible favorite des plongeurs de toute l’Europe qui trouvent là des conditions climatiques idéales toute l’année, à quelques heures d’avion à peine et avec une à deux heures de décalage horaire seulement, pour des conditions financières appréciables. L’Egypte est ainsi devenue la destination incontournable de tout plongeur désireux de passer huit jours la tête sous l’eau sans trop d’efforts ni contraintes. Ajoutez à cela l’attrait d’un pays qui ne reçoit que quelques jours de pluie par an, aux portes du désert riche en possibilités d’excursions, et vous comprendrez l’explosion du tourisme balnéaire des plages de Dahab jusqu’à Marsa Alam.
Mais il faut véritablement chausser ses palmes et ajuster son masque pour comprendre vraiment ce que Mer Rouge signifie. Toutes mes plongées, vous le savez, sont essentiellement axées sur la photo sous-marine. Et toutes celles que j’ai faites au large des trois villages du Red Sea Diving Safari m’ont convaincues du bien-fondé de cette réputation non usurpée. Mais si je devais n’en citer qu’une, petite et presque confidentielle, et pour m’éloigner un peu des sites phares tels qu’Elphinstone ou Samaddaï, je vous suggèrerais une belle et lente déambulation subaquatique parmi les coraux du récif Sud de Nakari.
Après une plongée d’une heure sur le site de Habili Nakari par – 25 mètres, je ressors enchantée et en pleine forme, malgré les longues séances de pose devant l’objectif. L’Homme se félicite de sa carte pleine et nous annonce qu’il a son content de petites grottes pour ce reportage, il souhaite rentrer à l’hôtel. Mais sur le semi-rigide, Julien doit sentir mon léger désappointement et propose une deuxième immersion juste devant le village de Nakari. L’Homme décline l’invitation mais pour moi l’occasion est trop belle de pouvoir en profiter en prenant mon temps, et j’accepte avec plaisir la suggestion de Julien. Au centre nous changeons de bouteille puis un semi-rigide nous fait la faveur de nous déposer cent mètres plus loin, le long du récif qui borde la plage Sud du village. Le courant nous ramènera tranquillement vers la plage.
Dès la mise à l’eau, je découvre avec bonheur une eau translucide, peut-être la plus claire que nous ayons eu au cours de tout ce voyage. Nous ne descendons que jusqu’à 14 mètres de profondeur et les rayons du soleil en ce milieu de matinée font éclater les couleurs des coraux. Parce que les coraux, c’est ce que je vais admirer le plus au cours de cette plongée ! Je suis naturellement portée sur l’observation des poissons mais ce jour-là je suis éblouie par cette débauche de vie : les petits poissons de récifs s’en donnent à cœur joie parmi le jardin extraordinaire qui se révèle. Corail de feu à la couleur évocatrice, mais aussi cônes bleu lavande qui me font penser à des choux romanesco passés au bleu de méthylène, corail cerveau, corail éventail, acropores, et coraux mous en tapis épais, tout un environnement qui favorise la vie intense sur le récif.
Avec Julien nous nous amusons à photographier plusieurs bénitiers aux lèvres impudiques qui s’épanouissent davantage encore sous la lumière de mon petit phare. Enchâssés dans le corail qui les retient prisonniers je me demande comment ils arrivent à atteindre une taille respectable…
Je surveille quelques minutes un couple de gobies qui se dispute la pointe frêle d’un corail madrépore pourpre puis j’étudie l’avancée scrupuleuse et méthodique d’un oursin aux pointes acérées. Plus loin c’est un arothron à la tête plus grosse que la mienne qui croise notre chemin et nous fixe quelques instants de ses yeux globuleux. Des balistes picasso arabes dansent une gigue au rythme du léger courant qui nous porte sans effort et le ballet incessant de poissons papillons aux flancs de soleil nous entraîne dans un joli labyrinthe de porches, failles et anfractuosités, dédale dans lequel il fait bon se perdre pour jouer avec les raies de lumière, pour surprendre la rascasse volante au détour d’une roche, ou admirer une raie à points bleus qui s’esquive sous nos palmes.
Nous resterons quarante-cinq minutes dans l’eau, en revenant doucement vers la plage au gré de notre curiosité. Une balade dont je vais garder le souvenir très longtemps. Alors pourquoi plonger en Mer Rouge ? Après tout, Julien Stein saura le résumer sans doute mieux que moi :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Pendant plus de dix ans j’ai entendu les plongeurs sur tous les bateaux du monde s’exclamer en faveur de la Mer Rouge. De mon côté, fuyant farouchement les sites surpeuplés et les palanquées en rang d’oignons, j’avais vaillamment résisté mais j’avais conscience malgré tout qu’il me manquait ce point de comparaison. Alors quand Blue Lagoon et Red Sea Diving Safari nous ont offert cette opportunité de tester quelques nouvelles pépites réservées à leurs plongeurs, je ne me suis pas fait prier très longtemps…
Longue d’environ 1900 km sur une largeur maximum de 300 km, avec une profondeur moyenne de 500 mètres et des pics à – 2 500 mètres, cette mer intra continentale fait liaison entre océan indien et Méditerranée (par le canal de Suez) et sépare le continent africain de la péninsule arabique. Elle est plus salée que les océans (en atteignant 41 grammes de sel au litre) et son nom aurait été attribué à cause d’algues microscopiques qui teintent quelques kilomètres de côtes en certaines saisons. Je jure de n’avoir vu qu’un panel de nuances de bleu qui en font, dit-on, l’une des plus belles mers du monde…
Pourquoi cet engouement pour la Mer Rouge ?
Parce que sa température quasi constante, entre 20 et 25° en surface, favorise le développement et la croissance d’une faune sous-marine exubérante dans des paysages de roches, sculptées par des courants parfois violents, et une variété de 350 espèces de coraux, durs et mous, pour permettre aux deux mille espèces de poissons de s’épanouir au rythme de saisons peu marquées. On murmure qu’il y aurait en Mer Rouge 300 espèces de requins…
Ces conditions exceptionnelles en font la cible favorite des plongeurs de toute l’Europe qui trouvent là des conditions climatiques idéales toute l’année, à quelques heures d’avion à peine et avec une à deux heures de décalage horaire seulement, pour des conditions financières appréciables. L’Egypte est ainsi devenue la destination incontournable de tout plongeur désireux de passer huit jours la tête sous l’eau sans trop d’efforts ni contraintes. Ajoutez à cela l’attrait d’un pays qui ne reçoit que quelques jours de pluie par an, aux portes du désert riche en possibilités d’excursions, et vous comprendrez l’explosion du tourisme balnéaire des plages de Dahab jusqu’à Marsa Alam.
Mais il faut véritablement chausser ses palmes et ajuster son masque pour comprendre vraiment ce que Mer Rouge signifie. Toutes mes plongées, vous le savez, sont essentiellement axées sur la photo sous-marine. Et toutes celles que j’ai faites au large des trois villages du Red Sea Diving Safari m’ont convaincues du bien-fondé de cette réputation non usurpée. Mais si je devais n’en citer qu’une, petite et presque confidentielle, et pour m’éloigner un peu des sites phares tels qu’Elphinstone ou Samaddaï, je vous suggèrerais une belle et lente déambulation subaquatique parmi les coraux du récif Sud de Nakari.
Après une plongée d’une heure sur le site de Habili Nakari par – 25 mètres, je ressors enchantée et en pleine forme, malgré les longues séances de pose devant l’objectif. L’Homme se félicite de sa carte pleine et nous annonce qu’il a son content de petites grottes pour ce reportage, il souhaite rentrer à l’hôtel. Mais sur le semi-rigide, Julien doit sentir mon léger désappointement et propose une deuxième immersion juste devant le village de Nakari. L’Homme décline l’invitation mais pour moi l’occasion est trop belle de pouvoir en profiter en prenant mon temps, et j’accepte avec plaisir la suggestion de Julien. Au centre nous changeons de bouteille puis un semi-rigide nous fait la faveur de nous déposer cent mètres plus loin, le long du récif qui borde la plage Sud du village. Le courant nous ramènera tranquillement vers la plage.
Dès la mise à l’eau, je découvre avec bonheur une eau translucide, peut-être la plus claire que nous ayons eu au cours de tout ce voyage. Nous ne descendons que jusqu’à 14 mètres de profondeur et les rayons du soleil en ce milieu de matinée font éclater les couleurs des coraux. Parce que les coraux, c’est ce que je vais admirer le plus au cours de cette plongée ! Je suis naturellement portée sur l’observation des poissons mais ce jour-là je suis éblouie par cette débauche de vie : les petits poissons de récifs s’en donnent à cœur joie parmi le jardin extraordinaire qui se révèle. Corail de feu à la couleur évocatrice, mais aussi cônes bleu lavande qui me font penser à des choux romanesco passés au bleu de méthylène, corail cerveau, corail éventail, acropores, et coraux mous en tapis épais, tout un environnement qui favorise la vie intense sur le récif.
Avec Julien nous nous amusons à photographier plusieurs bénitiers aux lèvres impudiques qui s’épanouissent davantage encore sous la lumière de mon petit phare. Enchâssés dans le corail qui les retient prisonniers je me demande comment ils arrivent à atteindre une taille respectable…
Je surveille quelques minutes un couple de gobies qui se dispute la pointe frêle d’un corail madrépore pourpre puis j’étudie l’avancée scrupuleuse et méthodique d’un oursin aux pointes acérées. Plus loin c’est un arothron à la tête plus grosse que la mienne qui croise notre chemin et nous fixe quelques instants de ses yeux globuleux. Des balistes picasso arabes dansent une gigue au rythme du léger courant qui nous porte sans effort et le ballet incessant de poissons papillons aux flancs de soleil nous entraîne dans un joli labyrinthe de porches, failles et anfractuosités, dédale dans lequel il fait bon se perdre pour jouer avec les raies de lumière, pour surprendre la rascasse volante au détour d’une roche, ou admirer une raie à points bleus qui s’esquive sous nos palmes.
Nous resterons quarante-cinq minutes dans l’eau, en revenant doucement vers la plage au gré de notre curiosité. Une balade dont je vais garder le souvenir très longtemps. Alors pourquoi plonger en Mer Rouge ? Après tout, Julien Stein saura le résumer sans doute mieux que moi :
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Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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