Certains d’entre vous s’offrent de temps en temps le plaisir d’une nuit d’hôtel, un site soigneusement sélectionné pour sa région, son charme, son confort. Pour un moment d’exception, ou par nécessité. Pour quelques heures, une nuit, ou plusieurs.


D’autres fréquentent ces établissements plus assidûment, pendant leurs vacances ou pour des raisons professionnelles. Si j’ai souvent usé de ces chambres pendant mes congés, j’en abuse le plus souvent au cours de voyages liés à l’exercice de mes fonctions. Et lorsque vous choisissez avec soin le cadre d’une nuit en amoureux, votre sélection peut se montrer très différente dès lors que vous cherchez davantage de fonctionnalités. Mais qu’il s’agisse de l’emplacement, du confort ou des services, que de soucis en perspective !!!…

Croyez-moi, j’en ai pratiqué beaucoup, sur tous les continents et… ils sont tous différents, tout en gardant une certaine homogénéité dans les défauts !


Passons outre certains petits hôtels de montagne, à la clientèle rompue aux pistes blanches ou noires, dont la moquette sur les murs des couloirs sent la raclette, et les couvertures les vieux pieds (ou le contraire !). Oublions la vue sur jardin annoncée sur le catalogue de la chaîne hôtelière qui ne précise pas que le jardin public est situé de l’autre côté de l’avenue dont le carrefour est situé juste sous vos fenêtres. Ecartons également l’hôtel sans prétention, « proche toutes commodités » (c’est-à-dire au-dessus du sex-shop près de la gare) et dont les néons roses clignotent toute la nuit derrière vos rideaux trop étroits. Gardons le silence sur la salle de billard juste sous votre chambre, et celle située face au parking de l’hôtel, avec un bus de touristes allemands qui débarquent en riant juste avant minuit (il faudra au moins deux heures pour que tout ce petit monde localise sa chambre et cesse de prendre des douches ou de tirer la chasse d’eau !). Que dire aussi de ces monstrueux dinosaures de l’hôtellerie, perdus dans des villes d’eau qui sentent encore la poudre de riz, victimes de couloirs interminables qui rappellent l’inoubliable Shining de Stanley Kubrick?…


Commençons par l’arrivée : vous avez appelé trois fois, en pleine nuit, sur des routes désertes de France profonde (avec un temps de Norvégien, c’est encore mieux) pour essayer de repérer l’hôtel que vous réclamez à grands cris (à moins que ce ne soit votre estomac qui le réclame, dans ce cas dépêchez-vous car les restaurants, en région, ne servent plus après 21:00 !… nous avons pris l’habitude d’avoir toujours dans la voiture un baluchon gourmand de survie pour ces aléas…). Enfin, vous arrivez : mais… le parking qui devait être fermé, ne l’est plus : un client a défoncé la barrière il y a deux mois et elle n’a pas encore été remplacée. Vous devez donc vous garer sur la place du village (ou derrière l’église, au choix, et de préférence face au cimetière, c’est plus ambiance). A 300 mètres de l’hôtel. Avec vos bagages et votre matériel le plus fragile qu’il faudra bien transporter jusqu’à l’hôtel dans ce cas…


Ou alors, vous avez pris soin de réserver un hôtel en ville et surtout de vous assurer qu’il y a bien un parking (je le dis : je hais Bordeaux pour cela !). Mais on a oublié de vous préciser que le parking consiste en trois
places (déjà prises) dans le parking souterrain de la clinique sur le trottoir d’en face (100 mètres plus bas, le jour où il fait un temps de Normand) et que ledit parking n’accepte pas de véhicule d’une hauteur supérieure à 1,80 m.(oui nous avons un 4 x 4 ! qui mesure 1,87 m. de haut, et que celui qui n’a jamais transporté 2 bi-bouteilles avec tout l’équipement de plongée spéléo pour deux personnes et pour 1 semaine, avec tout le matériel de tournage pour des conditions extrêmes nous jette la pierre ! et non, un 4×4 récent n’est pas plus polluant qu’un autre véhicule « normal » plus ancien, arrêtez de croire tout ce qu’on essaie de vous faire avaler comme couleuvres soi-disant écologiques ! ces niaiseries de bon ton qui cherchent à donner bonne conscience à ceux qui n’ont pas l’utilité d’un 4×4 m’exaspèrent totalement ! Voilà, c’est dit… ;-).


Si parfois il faut réclamer par trois fois à la réception une couverture supplémentaire qui finalement ne viendra pas, avant de se résoudre à enfiler un sweat-shirt pour dormir dans de bonnes conditions, il arrive aussi de temps en temps qu’un radiateur trop généreux vous incite à dormir nu(e), sans draps, en plein mois de janvier (en Ardèche !). Ignorons les mini bars qui ne fonctionnent pas, ou verrouillés, ou qui n’ont pas été réapprovisionnés. Idem pour les petits savons indispensables qui dépannent parfois, ne serait-ce que pour laver cette tache que vous venez de faire à votre tee-shirt ou à votre chemise. Quand il ne faut pas vous contenter de partager votre serviette de toilette avec votre conjoint parce qu’il est bien connu qu’une chambre double est forcément destinée à un célibataire !…


Mais ce qui m’agace le plus, au fil des ans, c’est cette propension qu’ont les hôtels à vouloir s’équiper de ces fameuses cartes électroniques qui remplacent les clés ! Soyez honnête, vous est-il arrivé une seule fois d’introduire la carte du premier coup dans le bon sens et de réussir à ouvrir votre porte sans vous y reprendre à plusieurs fois pendant que vous tentez de retenir sur votre épaule la sacoche de l’ordinateur portable qui glisse dangereusement et de coincer sous votre coude votre sac à main ou le gros dossier qu’on vient de vous remettre ?!…


N’avez-vous jamais été surpris par une climatisation intempestive (aux Etats-Unis ? avouez…) qu’il vous est impossible de régler vous-même ? Et on vous annonce à la réception à 23:00 que la température des chambres est réglée chaque matin par le gérant. Vous savez immédiatement que vous allez geler toute la nuit, et pire : que vous allez attraper froid et que votre plongée sous-marine du lendemain est sans aucun doute compromise !


Et pourquoi les hôtels n’ont-il pas tous un système électrique identique ? Pourquoi faut-il toujours chercher les interrupteurs de la salle de bains (à l’intérieur ou à l’extérieur ?…), sans compter qu’il faut parfois vous relever après vous être assoupi(e) en douceur sur votre roman puisque la lampe principale ne peut être éteinte que par l’interrupteur situé dans l’entrée ! Oh, et que penser de ces hôtels plus « sophistiqués » qui commandent avec la carte électronique qui fait clé (la fameuse…) et qu’il faut ranger dans son petit étui (non moins électronique) quelque part sur un mur et qui commande tout dans la chambre ?!… Et vous passez trois minutes à vous demander comment couper la clim’ sans vous priver de lumière et sans couper la charge de votre ordi… Oh, et le lendemain matin, n’oubliez surtout pas de récupérer votre téléphone mis en recharge sous les double-rideaux parce que la seule prise disponible se trouve là !


Plus rageant encore : tous ces hôtels qui vous promettent une connexion Internet libre, facile et gratuite !… Vous arrivez dans votre chambre exténué(e) après une journée de réunion ou avec un bon décalage horaire (je vous recommande le Paris / San Francisco) et vous avez commandé à la réception en passant un room-service pour le dîner qui vous permettra de travailler plus longuement sur vos emails. Passons sur la prise téléphonique tellement éloignée d’une prise électrique classique que vous avez intérêt à avoir une batterie chargée pour votre portable avant même de vous connecter. Vous voici donc à quatre pattes sous le bureau, à tâter derrière les pieds du meuble les prises supposées vous rendre l’immense service de favoriser votre connexion. Or, évidemment, vous n’avez pas le bon câble avec la bonne sortie ! Ou bien l’hôtel a utilisé une prise de téléphone hermétique qui vous interdit tout bonnement de brancher quoique ce soit !… Qu’à cela ne tienne, ce valeureux établissement vante les mérites d’une connexion wi-fi et vous êtes équipé(e) d’un splendide ordinateur suffisamment récent pour être compatible avec ce service. Vous passez donc quelques minutes acharnées à tenter la connexion. De guerre lasse, et un peu honteux, vous appelez la réception pour demander les codes de connexion ou un coup de main. Et on vous annonce qu’il faut descendre à la réception pour acheter une carte qui vous « offrira » une heure de connexion (une offre qui n’est plus vraiment gratuite…). Mais vous avez pris votre douche, au mieux vous êtes en peignoir, pieds nus, les cheveux emmêlés, et pas la moindre intention de vous rendre présentable pour descendre douze étages et affronter le regard des derniers arrivants devant lesquels vous devrez défendre votre projet le lendemain ! Lorsque votre dîner arrive, à peine tiède et avec 30 minutes de retard, vous avaleriez n’importe quoi, même froid, tellement vous crevez de faim et de frustration ! Il ne vous reste plus que la télévision…


Parlons-en !… Du câble, du satellite, des chaînes comme s’il en pleuvait. Sur une télévision avec un écran de 15 cm de large, suspendue tellement haut sur le mur que vous allez vous dévisser le cou rien qu’en cherchant à comprendre comment fonctionne cette g@&#$*rrr de télécommande !… Ou bien avec une antenne défectueuse qui permet à Ursula Andress de débarquer sur une plage tropicale… sous la neige ! Ou bien vous avez les trois chaînes nationales (évitez le samedi soir…) et vingt-cinq chaînes internationales dont aucune en français (néanmoins, je vous recommande un bon George Clooney en version originale, ne serait-ce que pour craquer au son de sa voix grave à souhait…). Quand cette saleté de
télécommande n’est pas défectueuse, sans piles, ou carrément brisée ou absente.

Alors vous essayez de dormir. Et lumière enfin éteinte, vous ronchonnez après le manque d’oreillers (ça, c’est l’Homme) et vous fermez les yeux avec délectation… Pour les rouvrir 10 secondes plus tard : ces trucs immondes qui pendent devant la fenêtre ne sont que décoratifs, on a oublié de les doubler et toute la lumière de l’éclairage public inonde votre chambre d’une nuance orangée (qui vous fait d’ailleurs un teint de reblochon !). Avec un peu de chance, en rase campagne et avec l’âme du poète, vous passerez une nuit blanche à contempler les reflets de la lune sur le visage de votre cher(e) et tendre !…

De toutes façons vous ne dormirez pas bien longtemps, parce que vous avez beau suspendre scrupuleusement chaque soir votre panonceau « ne pas déranger » (dans toutes les langues), dès 7:00 du matin les malotrus claquent la porte de leur chambre une première fois pour descendre au petit déjeuner puis rabrouent leur conjoint au moment de partir (et re porte qui claque !). Ensuite, vous avez beau être dans un établissement qui est normalement destiné au sommeil, dès 8:00 du matin, l’escadron de femmes de chambre joue de l’aspirateur, de l’interpellation altière dans les couloirs (tu as vu Fogiel hier soir ?…) et… de la porte qui claque ! Là, c’est vous qui claqueriez bien quelque chose…

Bien sûr, quand on aborde le 5 étoiles, on a plus de chances de trouver son bonheur ou au moins d’avoir le droit (payant) de l’exiger. La recherche de l’excellence est une constante pour ces établissements et rares sont les critiques qu’on peut leur faire : une douche trop vaste ?… une vue étourdissante ?… des draps trop doux ?… Ou peut-être un personnel trop nombreux, trop zélé souvent. J’ai parfois du mal à supporter que deux serveurs ne quittent pas ma table des yeux, prêts à bondir à la moindre serviette qui s’échapperait de mes genoux ou à la plus petite miette qui irait danser follement sur la nappe amidonnée… Oubliez ce jour-là les conversations intimes et régalez-vous avec le coucher de soleil…


Heureusement, il reste encore quelques bastions de sérénité, quelques endroits privilégiés qui vous laissent imaginer que confort et service ne sont pas de vains mots, et qui réconcilient avec la notion d’hospitalité. Rien qu’en France, et en cherchant un peu, vous trouverez ces établissements (peu fréquents) dans toutes les catégories. Un hôtel sans étoile qui vous offre la confiture faite maison sur le pain chaud et croustillant au petit déjeuner et le bouquet de fleurs des champs dans la salle de bains ; une chambre lambrissée de pin avec une vraie grosse couette moelleuse et un vrai thé bergamote offert dans votre chambre à votre arrivée pendant qu’il pleut sur l’Auvergne ; une autre aménagée dans une ancienne grange mais avec tout le confort moderne (et de bon goût) dans les replis d’un village catalan ; un hôtel tout neuf qui inaugure sa chambre nuptiale avec le lit à baldaquin et un paysage du Périgord à couper le souffle ; cette maison d’hôte dont chaque chambre est décorée avec une élégance moderne, ne serait-ce que pour le réveil devant le somptueux paysage de la vallée de Vézelay et la baignoire jacuzzi enchâssée dans des murs laqués de noir ; etc…


La prochaine fois je vous raconterai peut-être mes meilleurs souvenirs d’hôtel. Mais après tout, le meilleur endroit pour dormir n’est-il pas celui que vous retrouvez après chacune de vos itinérances ?… Qu’en pensez-vous ?…

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