Plus de trois ans de vie dans la cité phocéenne et je n’avais encore jamais sacrifié aux joies du tourisme. Aujourd’hui, entraînée par des amis, j’ai joué le jeu en partant à la découverte de l’Estaque… Marseille, c’est 60 000 ans d’histoire avant J.C., et les premières traces ont été retrouvées parmi les roches des falaises abruptes du quartier des Riaux, l’une des trois zones délimitant le village de l’Estaque (les autres étant Estaque-Gare et Estaque-Plage). Acculé à la Méditerranée qui lui offre l’un des plus beaux paysages sur l’autre extrémité de la ville, le village de l’Estaque tire son nom du provençal, « Estaco« , l’attache, celle qui permettait d’amarrer les bateaux à un pieu. Et l’Estaque est avant tout un port…
Jusqu’au début du XIXème siècle l’Estaque vit surtout autour de son port puis profite de l’implantation de tuileries dans les quartiers limitrophes. Puis viennent les artistes pendant près de soixante ans, au nombre desquels Emile Zola, et Paul Cézanne qui laissera plusieurs tableaux immortalisant le site, s’attachant à rendre hommage aux reflets des îles dans l’eau, aux couleurs chaudes des toits de tuiles et aux pins qui embaument.
Laissant de côté l’Estaque-Gare et les Riaux trop escarpés, nous avons déambulé dans le quartier de l’Estaque-Plage pour dévorer quelques panisses et chichis assis sur un banc sous les oliviers, face au port de plaisance. Les panisses sont brûlantes, à peine sorties de l’huile dans laquelle on a fait frire ces rouleaux de pâte de farine de pois chiches découpés en galettes. Cela ressemble à de mini pancakes, c’est aussi nourrissant, mais en version salée et vendus à la douzaine, dans un cornet de papier. Un petit côté foire foraine. A noter que la panisse a été créée par des Italiens dans la région de Gênes, puis importée par les Niçois avant de rejoindre Marseille…
Pour les chichis, je ne vous indiquerais pas la traduction qu’on m’en a donnée en marseillais, mais il s’agit d’un rouleau de pâte à beignet frit sous sa forme originale (longue et droite), que vous agrémenterez de sucre en poudre, de Chantilly ou de Nutella (au choix…), à laisser refroidir un peu sous peine de se brûler. Tout cela manque de raffinement, mais c’est local et c’est bon !
Histoire d’éliminer un peu les calories récemment englouties nous avons grimpé à l’assaut des ruelles étroites (ne vous y engagez pas en 4×4…) pour prendre un peu le temps de vivre et d’admirer le panorama depuis la place Malterre : au loin les îles de Marseille s’évanouissent sous la brume de chaleur mêlée aux embruns, plus près les viaducs de la voie ferrée percent la falaise pour rappeler le passé industriel du début du siècle dernier.
Dans l’église, les statues sont accolées à des filets de pêcheurs, ultime incantation pour une protection plus efficace…
Sur le chemin du retour nous avons eu envie d’une halte dans le jardin du Palais du Pharo dans lequel je n’étais jamais entrée. Grosse erreur pour une photographe… Si vous passez un jour par Marseille, montez découvrir une vue unique sur le Vieux-Port, célébrissime entre tous, et qui abritait il y a à peine dix jours le plus gros yacht du monde…
Mais si vous aimez les vues panoramiques, faites donc un effort : à quelques centaines de mètres du Pharo vous trouverez les marches donnant accès au Fort Saint-Jean dont la construction aurait commencé au début du XIIème siècle mais qui fut fortifié par décision de Louis XIV suite à une rébellion des Marseillais. Du haut des fortifications, vous découvrirez un autre point de vue plus complet sur l’ensemble du Vieux-Port et sur le fort, au cœur de la ville…
Alors qu’un escadron de pompiers et quelques véhicules lourds ont de nouveau pris place sous mes fenêtres pour rester en alerte toute la nuit suite à l’incendie qu’un malveillant a déclenché vendredi soir à l’orée de la calanque de Sormiou près de laquelle nous vivons, je réfléchis devant ce panorama unique aux actes de l’homme sur son environnement.
Je ne peux m’empêcher de vous livrer ici les deux photos que mon jeune voisin, Julien Dessolis, a prises depuis ses fenêtres samedi matin : la vue effrayante de nos calanques qui partent en fumée, ou l’impuissance de l’homme devant la bêtise humaine.
Tout le week-end le feu a repris par endroits, inlassablement attisé par un léger mistral dans la journée de samedi. Et pour la première fois je me suis rendue compte que j’ignorais leur numéro d’appel lorsque j’ai voulu contacter les marins-pompiers de Marseille pour leur signaler une reprise de feu à quelque centaine de mètres. Connaissez-vous ce numéro d’urgence que nous devrions tous avoir sur nos portables ?… Le 18. Souvenez-vous, il peut sauver des vies.
Cet incendie a ravagé ce week-end 80 hectares de pinède et de garrigue à proximité immédiate de quartiers d’habitations, monopolisant trois hélicoptères, 250 hommes et 75 véhicules qui ont œuvré sans discontinuer tout le week-end, un feu qui a fait quelques blessés parmi les pompiers. Un beau gâchis pour un noble paysage plusieurs fois millénaire…
Quel manque de respect pour un si bel environnement…
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Plus de trois ans de vie dans la cité phocéenne et je n’avais encore jamais sacrifié aux joies du tourisme. Aujourd’hui, entraînée par des amis, j’ai joué le jeu en partant à la découverte de l’Estaque… Marseille, c’est 60 000 ans d’histoire avant J.C., et les premières traces ont été retrouvées parmi les roches des falaises abruptes du quartier des Riaux, l’une des trois zones délimitant le village de l’Estaque (les autres étant Estaque-Gare et Estaque-Plage). Acculé à la Méditerranée qui lui offre l’un des plus beaux paysages sur l’autre extrémité de la ville, le village de l’Estaque tire son nom du provençal, « Estaco« , l’attache, celle qui permettait d’amarrer les bateaux à un pieu. Et l’Estaque est avant tout un port…
Jusqu’au début du XIXème siècle l’Estaque vit surtout autour de son port puis profite de l’implantation de tuileries dans les quartiers limitrophes. Puis viennent les artistes pendant près de soixante ans, au nombre desquels Emile Zola, et Paul Cézanne qui laissera plusieurs tableaux immortalisant le site, s’attachant à rendre hommage aux reflets des îles dans l’eau, aux couleurs chaudes des toits de tuiles et aux pins qui embaument.
Laissant de côté l’Estaque-Gare et les Riaux trop escarpés, nous avons déambulé dans le quartier de l’Estaque-Plage pour dévorer quelques panisses et chichis assis sur un banc sous les oliviers, face au port de plaisance. Les panisses sont brûlantes, à peine sorties de l’huile dans laquelle on a fait frire ces rouleaux de pâte de farine de pois chiches découpés en galettes. Cela ressemble à de mini pancakes, c’est aussi nourrissant, mais en version salée et vendus à la douzaine, dans un cornet de papier. Un petit côté foire foraine. A noter que la panisse a été créée par des Italiens dans la région de Gênes, puis importée par les Niçois avant de rejoindre Marseille…
Pour les chichis, je ne vous indiquerais pas la traduction qu’on m’en a donnée en marseillais, mais il s’agit d’un rouleau de pâte à beignet frit sous sa forme originale (longue et droite), que vous agrémenterez de sucre en poudre, de Chantilly ou de Nutella (au choix…), à laisser refroidir un peu sous peine de se brûler. Tout cela manque de raffinement, mais c’est local et c’est bon !
Histoire d’éliminer un peu les calories récemment englouties nous avons grimpé à l’assaut des ruelles étroites (ne vous y engagez pas en 4×4…) pour prendre un peu le temps de vivre et d’admirer le panorama depuis la place Malterre : au loin les îles de Marseille s’évanouissent sous la brume de chaleur mêlée aux embruns, plus près les viaducs de la voie ferrée percent la falaise pour rappeler le passé industriel du début du siècle dernier.
Dans l’église, les statues sont accolées à des filets de pêcheurs, ultime incantation pour une protection plus efficace…
Sur le chemin du retour nous avons eu envie d’une halte dans le jardin du Palais du Pharo dans lequel je n’étais jamais entrée. Grosse erreur pour une photographe… Si vous passez un jour par Marseille, montez découvrir une vue unique sur le Vieux-Port, célébrissime entre tous, et qui abritait il y a à peine dix jours le plus gros yacht du monde…
Mais si vous aimez les vues panoramiques, faites donc un effort : à quelques centaines de mètres du Pharo vous trouverez les marches donnant accès au Fort Saint-Jean dont la construction aurait commencé au début du XIIème siècle mais qui fut fortifié par décision de Louis XIV suite à une rébellion des Marseillais. Du haut des fortifications, vous découvrirez un autre point de vue plus complet sur l’ensemble du Vieux-Port et sur le fort, au cœur de la ville…
Alors qu’un escadron de pompiers et quelques véhicules lourds ont de nouveau pris place sous mes fenêtres pour rester en alerte toute la nuit suite à l’incendie qu’un malveillant a déclenché vendredi soir à l’orée de la calanque de Sormiou près de laquelle nous vivons, je réfléchis devant ce panorama unique aux actes de l’homme sur son environnement.
Je ne peux m’empêcher de vous livrer ici les deux photos que mon jeune voisin, Julien Dessolis, a prises depuis ses fenêtres samedi matin : la vue effrayante de nos calanques qui partent en fumée, ou l’impuissance de l’homme devant la bêtise humaine.
Tout le week-end le feu a repris par endroits, inlassablement attisé par un léger mistral dans la journée de samedi. Et pour la première fois je me suis rendue compte que j’ignorais leur numéro d’appel lorsque j’ai voulu contacter les marins-pompiers de Marseille pour leur signaler une reprise de feu à quelque centaine de mètres. Connaissez-vous ce numéro d’urgence que nous devrions tous avoir sur nos portables ?… Le 18. Souvenez-vous, il peut sauver des vies.
Cet incendie a ravagé ce week-end 80 hectares de pinède et de garrigue à proximité immédiate de quartiers d’habitations, monopolisant trois hélicoptères, 250 hommes et 75 véhicules qui ont œuvré sans discontinuer tout le week-end, un feu qui a fait quelques blessés parmi les pompiers. Un beau gâchis pour un noble paysage plusieurs fois millénaire…
Quel manque de respect pour un si bel environnement…
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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