Seychelles, un archipel de 115 îles disséminées sur une surface de 1,4 millions de km2 dans l’océan indien. Un paradis pour lune de miel, et un paradis pour les plongeurs.
Mais un paradis mal connu des plongeurs donc peu plongé, et pourtant un véritable aquarium grandeur nature. Pourquoi les plongeurs francophones sont-ils tant attirés par l’île Maurice ou celle de La Réunion, plus au Sud, ou davantage encore par les Maldives, au Nord, transformées en moins de vingt ans en pistes d’atterrissage pour accros aux bulles et aux mantas, alors que l’archipel des Seychelles peine à trouver des volontaires pour tremper leurs palmes dans des eaux descendant rarement sous les 27°, hébergeant requins baleine, dauphins, raies, tortues, thons, espadons,… tout le bestiaire qui fait la richesse de l’océan indien ?
Je vous ai déjà raconté quelques-unes de mes plongées autour de Praslin, et je vous en raconterai d’autres prochainement. Mais juste avant de m’envoler vers les Maldives où j’espère croiser quelques raies manta, je voulais vous indiquer une adresse sympathique qui pourrait vous être fort utile si vous décidiez de franchir enfin ce préjugé des « Seychelles = trop cher ! » :
Le large sourire de Sylvain Mortier constitue le comité d’accueil du centre de plongée Blue Sea Divers, situé au Nord-Ouest de l’île de Mahé. Même si votre première impulsion aura été de jeter un coup d’oeil ébahi sur l’immense plage de Beau Vallon sur laquelle Sylvain a jeté son dévolu il y a deux ans et demi après 18 ans de plongée (et pour une grande partie en Mer Rouge), vous ne serez pas insensible à ce sourire qui met en confiance le plus hésitant des postulants au bonheur. Et du bonheur, il vous en donnera !
Après avoir plongé entre amis avec le Boat House de l’hôtel Lémuria Resort sur Praslin, je voulais explorer davantage les fonds sous-marins autour de Mahé et je cherchais, plus spécialement pour vous, un centre affilié F.F.E.S.S.M.. Et le Blue Sea Divers est à ce jour le seul centre F.F.E.S.S.M. de toutes les Seychelles !
Poignée de main franche, regard de porcelaine qui se plante droit dans le vôtre, ici on n’esquive pas, on accueille. Salutations d’usage, présentation rapide du centre dans lequel s’équipent déjà quelques plongeurs impatients mais sereins, et vous vous retrouverez avec, en mains, un petit thé ou un café offert par l’affable Vanessia (non, ce n’est pas une faute de frappe, c’est un prénom original pour une jeune femme adorable) qui veille au confort (et ce n’est pas un vain mot) et à l’administration du centre.
Qui pourrait avoir envie de sortir de l’eau turquoise après une douce promenade en eaux tièdes ?…
Vous êtes prêt à embarquer ?… Une petite vérification de votre matériel, un complément d’équipement sélectionné dans le local bien approvisionné du Blue Sea Divers, et vous enfilez votre combinaison néoprène (une 3 mm suffira…) en répondant aux « bonjour » des moniteurs présents qui se présentent spontanément et qui offrent leur aide ou quelques conseils précieux : lestage nécessaire, taille de vos palmes, ajustage du masque,… Isabelle, Ronny, Ara,… ils sont aux petits soins sans obséquiosité, avec juste l’attention qui rassure le néophyte ou le stressé et la décontraction naturelle qui est de mise sous les tropiques.
Avant que je n’ai le temps de m’en apercevoir, ma bouteille est embarquée à bord du bateau, et je traverse la plage de Beau Vallon en compagnie de Sylvain qui répond à mes questions sans se lasser :
– la meilleure période pour voir des baleines aux Seychelles ?… le plancton envahit les eaux seychelloises à partir de juin, les baleines croisent devant les îles entre septembre et décembre.
– la meilleure saison pour venir plonger à Mahé ?… si vous aimez les eaux chaudes et très claires, venez de mars à mai inclus, si vous voulez augmenter vos chances de voir des baleines et des requins baleine, privilégiez les mois d’octobre, novembre et décembre avec une très bonne visibilité malgré tout puisque les zones de plancton se déplacent.
J’entre dans l’eau avec mes palmes à la main, en saluant les enfants qui jouent dans les vagues et qui éclatent de rire quand mon masque glisse à l’eau et que je fais trois bonds (gracieux bien sûr…) pour le récupérer in extremis avant qu’il ne s’échappe définitivement. A bord du bateau de 12 mètres de long qui lève déjà l’ancre, deux plongeurs en formation écoutent déjà le brief de leur moniteur. C’est Ara aujourd’hui qui va me guider sous l’eau, sous l’oeil attentif d’Isabelle qui surveille sa formation de moniteur PADI. Je suis prévenue, et j’ai donné mon accord. J’ai demandé une plongée d’exploration, j’aurai juste besoin d’être orientée sous l’eau, rien de compliqué.
Nous sortons du lagon calmement, le temps pour moi d’admirer cette somptueuse baie de Beau Vallon qui compte la plus longue plage des Seychelles (celle qui porte le même nom). Il est à peine 09:00 du matin et malgré un léger alizé, le soleil mord déjà la peau des imprudents ; tout en manoeuvrant, Sylvain m’indique qu’il est possible de faire deux plongées le matin s’il emmène moins de dix plongeurs. Sinon la plongée de 14:00 reste davantage dédiée aux débutants, aux baptêmes de plongée, aux formations, et même aux explorations en snorkelling. Parce la pratique du palme, masque et tuba (pour parler français) est gratifiante dans le secteur : nous entrons déjà dans le parc marin national des Seychelles, où les immersions sont contrôlées et réglementées pour favoriser la croissance des coraux et l’augmentation de la faune sous-marine.
Avant d’entrer dans l’eau au-dessus d’un banc de sable, j’accepte de bon gré les recommandations strictes des moniteurs qui n’hésitent pas à rappeler qu’il est interdit de casser ou de toucher tous coraux, coquillages ou autres organismes vivants ou morts sous l’eau, et que vous ne rapporterez de vos plongées que des souvenirs et vos photos sous-marines. Dans un cadre pareil, au creux d’une petite baie qui vous abrite de la faible houle, entre collines d’un vert brillant et eau lapis-lazuli, comment contrevenir à des règles qui semblent aller de soi ?… Qui oserait participer à la destruction d’un tel site ?…
Bascule arrière dans moins de dix mètres d’eau, agréable fraîcheur de l’eau qui s’infiltre à peine entre peau et combinaison néoprène, signes échangés entre mes deux moniteurs (et moi, et moi, et moi !), et je me retrouve nez à nez avec une poignée de raies aigles qui battent du cil (non, de l’aile…) sous mon masque !
Ballet aérien des demoiselles assoupies tout juste dérangées dans leur résidence 5* que constitue ce banc de sable lumineux, elles virevoltent, hésitent entre droite et gauche pour notre plus grand bonheur, puis s’esquivent finalement pour se lancer vers le bleu sombre, au-delà de notre champs de vision. L’eau flirte avec les 28° ce matin, et à l’abri des courants dans cette baie, je resterais bien à profiter de la danse d’un banc de fusilliers alors que mes compagnons de palanquée m’indiquent déjà le chemin pour sortir de la zone de sable…
Commence alors une lente promenade en pente douce sur ce site de Light House, dans Anse du Riz, au pied du petit phare de Cap Ternay. C’est un jardin de coraux durs que je vais survoler pendant une heure et dans une profondeur maximum de 18 mètres, mais des coraux à foison ! De 1997 au printemps 1998, l’océan indien a souffert de l’effet El Nino , conséquence d’une augmentation de la température de l’eau de mer et induisant le blanchiment de certaines espèces de coraux à faible profondeur seulement, et surtout sur les îles intérieures de l’archipel des Seychelles. En plongeant sur les sites environnant Praslin quelques jours plus tôt, et alors que j’y revenais pour la première fois depuis quatre ans, j’avais constaté avec une agréable surprise la croissance et la renaissance de nombreux coraux sur tous les sites. Ici, en plongeant pour la première fois dans le parc marin national de Mahé, je ne peux qu’observer une abondance de coraux durs de toutes espèces qui me semblent en parfaite santé !…
Y pullule une dense population de poissons de récifs. Instinctivement, et avant de connaître le nom de ce site de plongée, je surnomme ce jardin de corail « l’aquarium » tellement la vie grouille autour de moi. Sous l’oeil attentif d’un couple de platax de l’envergure d’une assiette de Texan affamé, je déambule d’une patate de corail à une autre, excitant la curiosité des demoiselles vertes, des anthias saumon, d’une kyrielle de petits specimen couvrant toute la palette de l’arc-en-ciel. Un gros baliste brun marbré d’orange vient faire connaissance avec mes bulles, me passe sous le nez, s’enfuit, revient… Les dessinateurs du film Nemo ont du trouver là leur inspiration pour ce film à grand succès.
Sous un corail de souffre une délicate murène rosée tend le cou vers la visiteuse inopinée que je suis, offrant à mon regard les pointillés de son collier de geai, attendant que je passe mon chemin pour happer peut-être une proie plus à son goût. Je joue avec elle un moment, passant la main entre la lumière filtrant depuis la surface et sa tête gueule béante, la faisant disparaître dans son trou lorsque l’ombre survient, réapparaître lorsque je permets à la lumière de revenir inonder son antre…
Un banc de maquereaux attire alors mon attention et m’éloigne de la murène timide ; je m’élance lentement vers le millier de maquereaux au dos métallique qui fait scintiller le grand bleu au large comme autant de lames d’argent sur une robe sombre. Le banc compact s’émeut à peine de ma proximité, s’éloigne, revient, m’évite de peu, repart, fait demi-tour… Une danse infinie au gré de la houle timide qui nous oblige à palmer mollement pour progresser tandis que notre vol stationnaire nous permettrait de nous endormir béatement, bercés par Neptune, sous les yeux de poissons anges juvéniles qui nous houspillent pour mieux nous distraire.
Fouillant du regard les coraux multiples pour dénicher crevettes, coquillages et nudibranches, j’aperçois parfois Isabelle tendre des pièges à Ara, lui indiquant une panne d’air, une panique, un essoufflement. L’apprenti moniteur file illico la secourir, corrige ses gestes, répète les manoeuvres, jusqu’à ce que les automatismes viennent à sa rescousse. Isabelle approuve, fait signe que tout va bien, et Ara me jette un regard pour s’assurer que je suis toujours sagement en contemplation devant les poissons clowns ou les petits poissons anges semi-circulaires qui font des ronds dans l’eau…
Toujours accompagnée de mon couple de platax à l’affût du moindre geste, nous repartons vers le banc de sable au bout d’une petite heure d’errance tranquille dans ce monde de coraux. Avant d’entamer la petite remontée, Ara pointe son doigt vers un petit requin pointe blanche couché sur le sable sous un plateau de corail bas. Nous ne le dérangerons pas, il ne nous percevra même pas. Convenons qu’il ne bronchera pas parce qu’il ne percevra aucune agression dans notre comportement…
En refaisant surface, c’est sans précipitation que nous nous rapprocherons du bateau : les yeux pleins d’étoiles et la tête au soleil dans cet environnement de rêve, qui pourrait avoir envie de sortir de l’eau après une douce promenade dans des eaux aussi accueillantes ?…
Les deux plongeurs sont à bord avec leur moniteur et Sylvain nous aide à hisser notre bouteille sur le bateau. Peut-être le skipper a-t-il conscience d’un léger désarroi puisqu’il tend aussitôt bouteille d’eau minérale et mini bananes sucrées à souhait, mûries sous le soleil seychellois, sans doute achetées avant de partir au vendeur de fruits au bord de la plage. Mais sourire aux lèvres, je sais que je plongerai de nouveau cet après-midi avec Blue Sea Divers. Pourquoi me priver d’un tel plaisir en si bonne compagnie puisque les sites de plongée sont légion aux alentours ?…
Sur le chemin du retour effectué à allure modérée pour mieux profiter du voyage, j’interroge mon hôte du jour pour savoir si, oui ou non, il est possible de venir aux Seychelles sans y laisser son plan d’Epargne. Il sourit, bien sûr le billet d’avion n’est pas donné mais c’est à peu près le même tarif pour toutes les îles de l’océan indien, et puis ça préserve les Seychelles du tourisme de masse que n’ont pas su éviter d’autres destinations qui en souffrent aujourd’hui.
Mais établi sur Mahé depuis cinq ans, Sylvain est intarissable sur la beauté des Seychelles et saura vous indiquer les bonnes adresses pour vous loger et vous restaurer, à moindres frais, il suffit de le contacter. Si certains clients des grands hôtels viennent jusqu’à lui pour profiter d’une formation CMAS, PADI, DAN ou CEDIP, ou faire quelques explorations dans les eaux environnantes, ce sont souvent des plongeurs système D qui arrivent chez lui, sac sur l’épaule ou les mains vides, pour se laisser convaincre de grimper à bord du bateau qui danse sur l’eau de jade à quelques mètres devant le centre. Ils se souviendront longtemps des déjeuners pris à l’ombre de l’arbre lascif qui surplombe le sable de la plus longue plage de Mahé.
Je vous le dis, que du bonheur…
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages aux Seychelles ? Voici quelques pistes à explorer :
Notre hôtel aux Seychelles : Lemuria Resort, groupe Constance
Cet article a été publié une première fois en avril 2009 sur mon blog de voyages Un Monde Ailleurs (2004-2014), blog qui n’est plus en ligne aujourd’hui. Les articles re-publiés sur ce site le sont s’ils présentent à mes yeux une valeur émotionnelle ou s’ils offrent un intérêt informatif pour mes lecteurs. Ils sont rassemblés sous le mot-clé « Un Monde Ailleurs ». Malheureusement il a été impossible de réintégrer les commentaires liés à cet article, seul le nombre de commentaires est resté indiqué.
Rédiger et illustrer un site web ou un blog représente des heures, des années de travail. Prélever sur Internet sans autorisation préalable des photos ou des textes (tout ou partie) est une violation des droits d’auteur. Des outils permettent de dénicher facilement les « emprunteurs » et de les poursuivre (dans le pire des cas), ce sont d’ailleurs souvent les lecteurs qui nous alertent. Si vous souhaitez utiliser un extrait d’article ou une photo n’hésitez pas à demander depuis la page Contact sur ce site. Merci pour votre compréhension.
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
Seychelles, un archipel de 115 îles disséminées sur une surface de 1,4 millions de km2 dans l’océan indien. Un paradis pour lune de miel, et un paradis pour les plongeurs.
Mais un paradis mal connu des plongeurs donc peu plongé, et pourtant un véritable aquarium grandeur nature. Pourquoi les plongeurs francophones sont-ils tant attirés par l’île Maurice ou celle de La Réunion, plus au Sud, ou davantage encore par les Maldives, au Nord, transformées en moins de vingt ans en pistes d’atterrissage pour accros aux bulles et aux mantas, alors que l’archipel des Seychelles peine à trouver des volontaires pour tremper leurs palmes dans des eaux descendant rarement sous les 27°, hébergeant requins baleine, dauphins, raies, tortues, thons, espadons,… tout le bestiaire qui fait la richesse de l’océan indien ?
Je vous ai déjà raconté quelques-unes de mes plongées autour de Praslin, et je vous en raconterai d’autres prochainement. Mais juste avant de m’envoler vers les Maldives où j’espère croiser quelques raies manta, je voulais vous indiquer une adresse sympathique qui pourrait vous être fort utile si vous décidiez de franchir enfin ce préjugé des « Seychelles = trop cher ! » :
Le large sourire de Sylvain Mortier constitue le comité d’accueil du centre de plongée Blue Sea Divers, situé au Nord-Ouest de l’île de Mahé. Même si votre première impulsion aura été de jeter un coup d’oeil ébahi sur l’immense plage de Beau Vallon sur laquelle Sylvain a jeté son dévolu il y a deux ans et demi après 18 ans de plongée (et pour une grande partie en Mer Rouge), vous ne serez pas insensible à ce sourire qui met en confiance le plus hésitant des postulants au bonheur. Et du bonheur, il vous en donnera !
C’est l’office de tourisme des Seychelles qui m’a orientée vers le Blue Sea Divers en me fournissant, sur simple demande, une liste de tous les centres de plongée de l’île.
Après avoir plongé entre amis avec le Boat House de l’hôtel Lémuria Resort sur Praslin, je voulais explorer davantage les fonds sous-marins autour de Mahé et je cherchais, plus spécialement pour vous, un centre affilié F.F.E.S.S.M.. Et le Blue Sea Divers est à ce jour le seul centre F.F.E.S.S.M. de toutes les Seychelles !
Poignée de main franche, regard de porcelaine qui se plante droit dans le vôtre, ici on n’esquive pas, on accueille. Salutations d’usage, présentation rapide du centre dans lequel s’équipent déjà quelques plongeurs impatients mais sereins, et vous vous retrouverez avec, en mains, un petit thé ou un café offert par l’affable Vanessia (non, ce n’est pas une faute de frappe, c’est un prénom original pour une jeune femme adorable) qui veille au confort (et ce n’est pas un vain mot) et à l’administration du centre.
Qui pourrait avoir envie de sortir de l’eau turquoise après une douce promenade en eaux tièdes ?…
Vous êtes prêt à embarquer ?… Une petite vérification de votre matériel, un complément d’équipement sélectionné dans le local bien approvisionné du Blue Sea Divers, et vous enfilez votre combinaison néoprène (une 3 mm suffira…) en répondant aux « bonjour » des moniteurs présents qui se présentent spontanément et qui offrent leur aide ou quelques conseils précieux : lestage nécessaire, taille de vos palmes, ajustage du masque,… Isabelle, Ronny, Ara,… ils sont aux petits soins sans obséquiosité, avec juste l’attention qui rassure le néophyte ou le stressé et la décontraction naturelle qui est de mise sous les tropiques.
Avant que je n’ai le temps de m’en apercevoir, ma bouteille est embarquée à bord du bateau, et je traverse la plage de Beau Vallon en compagnie de Sylvain qui répond à mes questions sans se lasser :
– la meilleure période pour voir des baleines aux Seychelles ?… le plancton envahit les eaux seychelloises à partir de juin, les baleines croisent devant les îles entre septembre et décembre.
– la meilleure saison pour venir plonger à Mahé ?… si vous aimez les eaux chaudes et très claires, venez de mars à mai inclus, si vous voulez augmenter vos chances de voir des baleines et des requins baleine, privilégiez les mois d’octobre, novembre et décembre avec une très bonne visibilité malgré tout puisque les zones de plancton se déplacent.
J’entre dans l’eau avec mes palmes à la main, en saluant les enfants qui jouent dans les vagues et qui éclatent de rire quand mon masque glisse à l’eau et que je fais trois bonds (gracieux bien sûr…) pour le récupérer in extremis avant qu’il ne s’échappe définitivement. A bord du bateau de 12 mètres de long qui lève déjà l’ancre, deux plongeurs en formation écoutent déjà le brief de leur moniteur. C’est Ara aujourd’hui qui va me guider sous l’eau, sous l’oeil attentif d’Isabelle qui surveille sa formation de moniteur PADI. Je suis prévenue, et j’ai donné mon accord. J’ai demandé une plongée d’exploration, j’aurai juste besoin d’être orientée sous l’eau, rien de compliqué.
Nous sortons du lagon calmement, le temps pour moi d’admirer cette somptueuse baie de Beau Vallon qui compte la plus longue plage des Seychelles (celle qui porte le même nom). Il est à peine 09:00 du matin et malgré un léger alizé, le soleil mord déjà la peau des imprudents ; tout en manoeuvrant, Sylvain m’indique qu’il est possible de faire deux plongées le matin s’il emmène moins de dix plongeurs. Sinon la plongée de 14:00 reste davantage dédiée aux débutants, aux baptêmes de plongée, aux formations, et même aux explorations en snorkelling. Parce la pratique du palme, masque et tuba (pour parler français) est gratifiante dans le secteur : nous entrons déjà dans le parc marin national des Seychelles, où les immersions sont contrôlées et réglementées pour favoriser la croissance des coraux et l’augmentation de la faune sous-marine.
Avant d’entrer dans l’eau au-dessus d’un banc de sable, j’accepte de bon gré les recommandations strictes des moniteurs qui n’hésitent pas à rappeler qu’il est interdit de casser ou de toucher tous coraux, coquillages ou autres organismes vivants ou morts sous l’eau, et que vous ne rapporterez de vos plongées que des souvenirs et vos photos sous-marines. Dans un cadre pareil, au creux d’une petite baie qui vous abrite de la faible houle, entre collines d’un vert brillant et eau lapis-lazuli, comment contrevenir à des règles qui semblent aller de soi ?… Qui oserait participer à la destruction d’un tel site ?…
Bascule arrière dans moins de dix mètres d’eau, agréable fraîcheur de l’eau qui s’infiltre à peine entre peau et combinaison néoprène, signes échangés entre mes deux moniteurs (et moi, et moi, et moi !), et je me retrouve nez à nez avec une poignée de raies aigles qui battent du cil (non, de l’aile…) sous mon masque !
Ballet aérien des demoiselles assoupies tout juste dérangées dans leur résidence 5* que constitue ce banc de sable lumineux, elles virevoltent, hésitent entre droite et gauche pour notre plus grand bonheur, puis s’esquivent finalement pour se lancer vers le bleu sombre, au-delà de notre champs de vision. L’eau flirte avec les 28° ce matin, et à l’abri des courants dans cette baie, je resterais bien à profiter de la danse d’un banc de fusilliers alors que mes compagnons de palanquée m’indiquent déjà le chemin pour sortir de la zone de sable…
Commence alors une lente promenade en pente douce sur ce site de Light House, dans Anse du Riz, au pied du petit phare de Cap Ternay. C’est un jardin de coraux durs que je vais survoler pendant une heure et dans une profondeur maximum de 18 mètres, mais des coraux à foison ! De 1997 au printemps 1998, l’océan indien a souffert de l’effet El Nino , conséquence d’une augmentation de la température de l’eau de mer et induisant le blanchiment de certaines espèces de coraux à faible profondeur seulement, et surtout sur les îles intérieures de l’archipel des Seychelles. En plongeant sur les sites environnant Praslin quelques jours plus tôt, et alors que j’y revenais pour la première fois depuis quatre ans, j’avais constaté avec une agréable surprise la croissance et la renaissance de nombreux coraux sur tous les sites. Ici, en plongeant pour la première fois dans le parc marin national de Mahé, je ne peux qu’observer une abondance de coraux durs de toutes espèces qui me semblent en parfaite santé !…
Y pullule une dense population de poissons de récifs. Instinctivement, et avant de connaître le nom de ce site de plongée, je surnomme ce jardin de corail « l’aquarium » tellement la vie grouille autour de moi. Sous l’oeil attentif d’un couple de platax de l’envergure d’une assiette de Texan affamé, je déambule d’une patate de corail à une autre, excitant la curiosité des demoiselles vertes, des anthias saumon, d’une kyrielle de petits specimen couvrant toute la palette de l’arc-en-ciel. Un gros baliste brun marbré d’orange vient faire connaissance avec mes bulles, me passe sous le nez, s’enfuit, revient… Les dessinateurs du film Nemo ont du trouver là leur inspiration pour ce film à grand succès.
Sous un corail de souffre une délicate murène rosée tend le cou vers la visiteuse inopinée que je suis, offrant à mon regard les pointillés de son collier de geai, attendant que je passe mon chemin pour happer peut-être une proie plus à son goût. Je joue avec elle un moment, passant la main entre la lumière filtrant depuis la surface et sa tête gueule béante, la faisant disparaître dans son trou lorsque l’ombre survient, réapparaître lorsque je permets à la lumière de revenir inonder son antre…
Un banc de maquereaux attire alors mon attention et m’éloigne de la murène timide ; je m’élance lentement vers le millier de maquereaux au dos métallique qui fait scintiller le grand bleu au large comme autant de lames d’argent sur une robe sombre. Le banc compact s’émeut à peine de ma proximité, s’éloigne, revient, m’évite de peu, repart, fait demi-tour… Une danse infinie au gré de la houle timide qui nous oblige à palmer mollement pour progresser tandis que notre vol stationnaire nous permettrait de nous endormir béatement, bercés par Neptune, sous les yeux de poissons anges juvéniles qui nous houspillent pour mieux nous distraire.
Fouillant du regard les coraux multiples pour dénicher crevettes, coquillages et nudibranches, j’aperçois parfois Isabelle tendre des pièges à Ara, lui indiquant une panne d’air, une panique, un essoufflement. L’apprenti moniteur file illico la secourir, corrige ses gestes, répète les manoeuvres, jusqu’à ce que les automatismes viennent à sa rescousse. Isabelle approuve, fait signe que tout va bien, et Ara me jette un regard pour s’assurer que je suis toujours sagement en contemplation devant les poissons clowns ou les petits poissons anges semi-circulaires qui font des ronds dans l’eau…
Toujours accompagnée de mon couple de platax à l’affût du moindre geste, nous repartons vers le banc de sable au bout d’une petite heure d’errance tranquille dans ce monde de coraux. Avant d’entamer la petite remontée, Ara pointe son doigt vers un petit requin pointe blanche couché sur le sable sous un plateau de corail bas. Nous ne le dérangerons pas, il ne nous percevra même pas. Convenons qu’il ne bronchera pas parce qu’il ne percevra aucune agression dans notre comportement…
En refaisant surface, c’est sans précipitation que nous nous rapprocherons du bateau : les yeux pleins d’étoiles et la tête au soleil dans cet environnement de rêve, qui pourrait avoir envie de sortir de l’eau après une douce promenade dans des eaux aussi accueillantes ?…
Les deux plongeurs sont à bord avec leur moniteur et Sylvain nous aide à hisser notre bouteille sur le bateau. Peut-être le skipper a-t-il conscience d’un léger désarroi puisqu’il tend aussitôt bouteille d’eau minérale et mini bananes sucrées à souhait, mûries sous le soleil seychellois, sans doute achetées avant de partir au vendeur de fruits au bord de la plage. Mais sourire aux lèvres, je sais que je plongerai de nouveau cet après-midi avec Blue Sea Divers. Pourquoi me priver d’un tel plaisir en si bonne compagnie puisque les sites de plongée sont légion aux alentours ?…
Sur le chemin du retour effectué à allure modérée pour mieux profiter du voyage, j’interroge mon hôte du jour pour savoir si, oui ou non, il est possible de venir aux Seychelles sans y laisser son plan d’Epargne. Il sourit, bien sûr le billet d’avion n’est pas donné mais c’est à peu près le même tarif pour toutes les îles de l’océan indien, et puis ça préserve les Seychelles du tourisme de masse que n’ont pas su éviter d’autres destinations qui en souffrent aujourd’hui.
Mais établi sur Mahé depuis cinq ans, Sylvain est intarissable sur la beauté des Seychelles et saura vous indiquer les bonnes adresses pour vous loger et vous restaurer, à moindres frais, il suffit de le contacter. Si certains clients des grands hôtels viennent jusqu’à lui pour profiter d’une formation CMAS, PADI, DAN ou CEDIP, ou faire quelques explorations dans les eaux environnantes, ce sont souvent des plongeurs système D qui arrivent chez lui, sac sur l’épaule ou les mains vides, pour se laisser convaincre de grimper à bord du bateau qui danse sur l’eau de jade à quelques mètres devant le centre. Ils se souviendront longtemps des déjeuners pris à l’ombre de l’arbre lascif qui surplombe le sable de la plus longue plage de Mahé.
Je vous le dis, que du bonheur…
Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages aux Seychelles ? Voici quelques pistes à explorer :
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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