Norvège, photographier aurores boréales à Tromsø

J’ai partagé avec vous le récit de mon court séjour à Tromsø dans le Nord de la Norvège, voici celui de ma soirée sous les aurores boréales…

Admirer et photographier des aurores boréales était inscrit depuis bien longtemps sur ma liste de rêves de voyageuse (découvrir cette liste sur cet article : Ce que j’aimerais voir dans le monde avant de mourir).

Depuis la publication de cette liste j’ai eu la chance de réaliser quelques-uns de mes rêves, et notamment celui de partir « chasser » les aurores boréales à Tromsø dans le Nord de la Norvège.

Si comme moi vous souhaitez profiter d’une bonne probabilité pour les voir je vous recommande la lecture de mon article sur les aurores boréales en Europe. Vous y trouverez des recommandations pour organiser votre voyage. Mais aujourd’hui je voudrais vous faire profiter de mon expérience personnelle, je vais donc vous raconter ma soirée sous les aurores boréales.

Une fois votre destination choisie et votre voyage organisé (transport + hébergement) il vous faudra réserver à l’avance une structure touristique spécialisée ou bien un guide local pour vous emmener au bon endroit, au bon moment. J’ai préféré l’option du guide local pour un service plus personnalisé.

Une recherche sur Google m’a orientée vers le guide Gunnar, un professionnel qui exerce depuis près de 20 ans dans le Nord de la Norvège, en tant qu’indépendant. Il offre des prestations qui m’ont séduite : il n’emmène que 12 personnes maximum (enfants à partir de 8 ans), et il organise aussi des sorties privatisées (notamment pour les enfants en-dessous de 8 ans et pour des petits groupes). Voici son site web et ses tarifs : Guide Gunnar.

Gunnar Hildonen vient vous chercher au centre de Tromsø. Vérifications d’usage, petit briefing dans les lumières de la ville, puis à 19h nous grimpons dans son mini-bus qui peut contenir jusqu’à 17 passagers. Ce soir-là nous sommes 13 passagers à bord dont un couple chinois et son enfant, les autres passagers sont Britanniques dont trois enfants.

Gunnar m’offre de m’installer sur le siège passager à l’avant, à ses côtés, ce qui me permettra de discuter avec lui (et de profiter de la vue sur la route glacée qui luit sous les phares).

Première impression : ces Norvégiens ont l’habitude de conduire sur la glace ! Même pas peur… Je le constaterai aussi le lendemain lors de ma sortie dans la région des fjords.

Le problème inhérent à cette nuit sombre c’est que la mise au point s’avère extrêmement difficile…

Le guide Gunnar sort 4 à 5 fois par semaine, grosso modo du 14 septembre au 14 avril, selon les années (et surtout selon les conditions). Il m’explique qu’il y a des aurores boréales tous les jours, de jour comme de nuit, mais confirme qu’on ne peut les voir toutes à l’oeil nu du fait de la luminosité ambiante et des conditions climatiques.

Nous nous éloignons de la ville et partons à environ 80-100km de Tromsø. Pendant le trajet il surveille sur son téléphone fixé à proximité du volant un site web qui indique les impulsions magnétiques. Dès qu’il voit un pic d’activité il descend de voiture et observe le ciel.

Il se gare définitivement à la troisième alerte (les deux autres spots étant déjà occupés par des concurrents). Gunnar ne me donnera pas d’autre indication plus précise sur notre spot, chaque guide tentant de préserver le secret sur la localisation des meilleurs sites pour observer les aurores boréales. Malgré tout d’autres groupes s’installeront à quelques centaines de mètres mais de façon à ne pas gêner les photos des uns et des autres.

Quoique… j’aurais aussi apprécié de ne pas avoir tous ces feux de camp et les phares de voitures présents sur toutes mes photos prises autour de ce lac norvégien.

Avant même de nous laisser descendre du mini-bus Gunnar part à l’arrière du véhicule et en sort des combinaisons une pièce, de différentes tailles, à enfiler par-dessus nos vêtements. Il distribue aussi des boots de neige à ceux qui ne sont pas suffisamment équipés, des gants épais, et tout ce qu’il faut pour nous assurer une soirée prolongée et confortable dans le grand froid. Il confirme la température extérieure : -2,5° vers 20h, mais le ressenti est pour l’instant de +5°.

Il distribue deux ou trois trépieds à ceux qui n’en ont pas apporté.

Une fois équipés nous sommes autorisés à sortir du véhicule.

Et immédiatement en levant le nez nous apercevons cette traînée blanchâtre qui se dessine doucement au-dessus de nos têtes. Blanchâtre ? Oui, parce qu’il faut la sensibilité du capteur de l’appareil photo pour voir les couleurs !

Gunnar nous entraîne vers le bord d’un lac, sur lequel nous profiterons des reflets dans l’eau. Idéal pour photographier des aurores boréales.

Utilisation obligatoire du trépied et de la télécommande pour déclencher sans risque de bouger.

Je déplie mon trépied rapidement et je tente de l’équilibrer sur les grosses pierres couvertes de mousse et de glace. Pas évident.

De fait Gunnar va passer la soirée à nous assister pour nous permettre de prendre des photos, allant de l’un à l’autre, aidant à modifier les réglages de chaque appareil photo. J’admire son aptitude à gérer cela en fonction des différents appareils présents ce soir-là, ainsi que sa gentillesse déployée pour faire en sorte que chacun reparte heureux et satisfait.

C’est la première fois que je photographie des aurores boréales et je sais qu’il s’agit de l’un des exercices les plus difficiles à réaliser. Avant de partir je me suis donc longuement renseignée sur Internet, j’ai pris des notes et je les ai relues avant la soirée. Pourtant… je patauge un peu sur site, distraite par l’ébahissement de voir danser dans le ciel ces lueurs laiteuses qui parfois sont ourlées d’un peu de vert timide. Distraite par ce sentiment aussi de satisfaire enfin ce désir d’admirer ce phénomène d’une étrangeté rare.

Vous êtes sur un blog de voyages, avec priorité à la photo : n’oubliez pas de cliquer sur chacune des photos ci-dessous pour l’afficher en grand format sur votre écran. C’est aussi la raison pour laquelle ce blog est conçu pour un affichage de préférence sur ordinateur ou sur tablette.

Première grosse difficulté : hier soir la neige avait envahi le ciel pendant ma sortie en mer dans la baie de Tromsø mais ce soir le ciel est d’encre, pas de lune ou presque. Nous avons du mal à distinguer où nous posons les pieds sur cette lande rase.

Quelques traînées de nuages voilent un peu le ciel mais les étoiles brillent comme des diamants dans un silence quasi absolu. Tout juste si nous percevons quelques rumeurs depuis les feux de camp qui s’allument à gauche et à droite.

Le problème inhérent à cette nuit sombre c’est que la mise au point s’avère extrêmement difficile

Comment faire le point sur un noir d’encre ?…

Comment garantir la netteté sur mes photos quand mes doigts sont enfouis dans des gants et qu’il faut pourtant manipuler l’appareil photo fixé sur un trépied pour zoomer sur chaque image après la prise de vue (au retardateur) ?… Après une heure j’abandonnerai la vérification !

Avant toute chose il faut comprendre que pour photographier des aurores boréales il faut passer en mode manuel, et tenter différents réglages tout au long de la soirée parce que les aurores ne restent pas fixes : elles sont mouvantes et elles ont une intensité qui varie presque toutes les dix secondes. Il faut donc jouer sans cesse des Iso et de l’ouverture (pour favoriser l’entrée de la lumière) mais aussi du temps de pose (pour capter le mouvement et maximiser la netteté).

Gunnar m’aide à faire mes réglages photos même s’il n’a jamais utilisé mon Canon G3X qu’il observe comme un spécimen rare : il recommande une pose de 8 secondes, je vais jouer entre 10 et 13 secondes. Il me recommande 800 Iso, je vais tester puis descendre parfois jusqu’à 1250.

Comme tous les pros que j’ai lu sur Internet il me recommande l’ouverture à f2,8, et je le suis. De toutes façons mon appareil ne me permet pas de descendre en-dessous.

Nous parlons un peu balance des blancs, il dit rester en balance automatique, je vais suivre sa recommandation sachant que je pourrais aussi la modifier sous Lightroom.

À 1000 Iso, avec une ouverture à f2,8 et une pause de 10 à 13 secondes les couleurs sont vibrantes, les étoiles fixes. Mais sur toute la soirée je n’obtiendrai qu’une vingtaine de photos qui me semblent tout juste correctes, même après une heure ou deux de travail sous Lightroom au retour à la maison.

Un travail qui me permettra de comprendre qu’il aurait fallu avoir la possibilité de profiter d’une seconde soirée sous les étoiles et si possible avec une demie lune pour profiter de la lumière environnante et donc favoriser une meilleure mise au point et des photos plus claires.

Les aurores boréales sont mouvantes, elles adoptent de multiples formes et des intensités variables, autant d’occasions de prendre des photos différentes. Si l’aurore est intense, elle sera aussi rapide. Je n’ai pas deux photos identiques !

Comme d’habitude lorsque vous maniez un appareil photo soyez mobile pour multiplier vos possibilités de cadrages ! Ne restez pas au même endroit toute la soirée, même s’il faut pour cela bien sûr déplacer votre trépied sans tomber sur les roches qui entourent ce lac !

J’ai tenté de multiplier les cadrages pour avoir différents premiers plans sur mes photos. Cela reste malgré tout un peu difficile quand des enfants accompagnent le groupe : au bout d’une heure, dans la nuit et le froid, n’étant pas des passionnés de photographie ils circulent autour de vous, devant votre objectif ou à côté de vous, avec leur lampe frontale allumée pour y voir clair. On ne peut pas en vouloir aux enfants bien sûr, mais tenez-en compte autant que possible avant de réserver votre soirée.

Autre recommandation : si votre budget le permet, envisagez de réserver (longtemps à l’avance) les services de votre guide pour une sortie privée : il vous sera totalement dédié, il vous emmènera sans doute sur un site moins fréquenté par d’autres groupes, et vous pourrez tester différents sites au cours de la soirée.

De la même façon, si vous partez avec un(e) conjoint(e) ou des amis il faut souhaiter qu’ils seront aussi passionnés que vous, sinon ils finiront par s’ennuyer et vous culpabiliserez.

Quand Gunnar pense que chacun est au point avec son appareil photo il s’éloigne un peu et allume rapidement un petit feu de camp qui attirera les épouses et les enfants : distribution de jus de myrtilles chaud (thermos) et de fines crêpes fourrées au sucre, au fromage frais et à la cannelle. Très appréciable ! Je profite comme tout le monde, tout en surveillant du coin de l’oeil les traces blanches dans le ciel noir et je retourne bien vite jusqu’à mon trépied.

Par moments l’appareil affiche juste une traînée verdâtre sur l’écran LCD de l’appareil, quand l’aurore est vraiment pâle. Mais plus le blanc vous apparaît pur dans le ciel plus l’aurore boréale se transcrit en vert fluo sur la photo ! Gunnar me signale qu’il photographie aussi des aurores jaunes, ce soir les miennes sont d’un beau vert vif avec parfois une once de magenta (qui se révèlera plus soutenu avec quelques réglages sous Lightroom).

Attention, malgré tout un post-traitement sur Lightroom ne vous aidera pas à solutionner toutes les difficultés. Il faut avant tout vous assurer d’avoir de la netteté (mise au point difficile sous nuit noire), mais aussi un cadrage qui respecte à peu près la règle des 1/3 – 2/3 même si les volutes des aurores vous offriront quelques libertés en ce domaine.

La forme même – très fluctuante – des volutes vous incitera (dans le noir) à de mauvais cadrages : vous vous concentrez sur les formes colorées, sans voir qu’il vous manque un premier plan, ou bien que l’un de vos compagnons de soirée est en train de consulter son téléphone dans votre champ de vision, ou que les phares d’une voiture vont traverser votre cadre le temps que le temps de pose ne s’achève…

Ma première batterie tiendra 30 minutes dans le froid, avec mes réglages quasi constants + l’utilisation de la télécommande + l’affichage constant sur l’écran (qui consomme de l’énergie). Les batteries suivantes tiendront environ 45 minutes. J’en ai quatre dans les poches, qui ne sont pas toutes neuves.

Quand il sent que les enfants s’impatientent réellement Gunnar propose de nous photographier tous sous l’aurore et de nous envoyer cette photo par la suite (ce qu’il fera). Puis il nous invite à remonter dans le mini-van afin de ramener chacun d’entre nous jusqu’à son hôtel.

Nous quittons le site vers minuit, je constate que d’autres groupes aux alentours sont déjà partis et Gunnar me confirme que le ciel se voile et que les aurores sont en train de fondre dans le ciel d’encre.

Pourtant sur le chemin du retour il continue à surveiller son application qui indique l’activité solaire. Il va d’ailleurs s’arrêter sur le bord de la route 5 ou 6km plus loin pour nous permettre d’admirer une dernière fois une aurore particulièrement vive au-dessus d’un paysage bien blanc sur lequel elle se reflète davantage.

Nous sommes au sommet d’une petite colline. Cette fois nous baignons dans une teinte vert jade qui illumine le paysage. Je tente deux ou trois photos, vite fait à main levée, en sachant qu’il y a peu de chances pour qu’elles soient réussies.

Sentiment de plénitude. Quelques secondes de plus, qui ressemblent à un salut facétieux de la part du cosmos…

Nous remontons dans le van, les enfants s’endorment rapidement, et le silence s’installe à l’arrière. Nous sommes tous un peu hébétés par tout ce que nous avons pu admirer cette nuit, même si les conditions n’étaient pas optimales.

Gunnar me dépose devant la porte de l’hôtel à 1h30 du matin. Le temps de prendre une douche chaude, d’avaler une infusion et de transférer rapidement mes photos sur l’iPad pour avoir un premier aperçu, et puis je file au lit, un peu déçue par ce que je vois sur l’écran.

Je me sens frustrée parce que je sais qu’il faut bien plus d’une nuit pour réussir à prendre de belles photos, et pour avoir la chance d’observer d’autres volutes lumineuses dans d’autres paysages.

Bien sûr j’aurais aimé rester un peu plus longtemps sur site (ou changer de site au cours de la soirée pour diversifier les arrières-plans) mais je sais malgré tout que j’ai eu de la chance de pouvoir observer et photographier ces aurores boréales lors de l’une des deux nuits que j’avais dévolues à cette activité.

Je sais déjà qu’un jour je repartirai à la chasse aux aurores boréales, en Europe ou ailleurs !

En Alaska peut-être ?…

Envie d’en apprendre davantage sur mes voyages en Norvège ? Voici quelques pistes à explorer :

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