Pendant cinq ans j’ai participé à des tournages destinés à la production de séries mi-magazines mi-documentaires, et notamment à ce tournage réalisé dans les îles du Pacifique.
J’ai rédigé les textes qui suivent pour divers médias, ces médias ne sont plus en ligne cependant il me semble intéressant voire utile de conserver une trace de ces tournages.
Certains lecteurs trouveront un intérêt presque documentaire à ces textes sur le thème des conditions de tournages, d’autres y trouveront peut-être une vocation ?
Ci-dessous, la chronologie jour par jour de ce tournage dans les îles du Pacifique. Je n’y raconte pas les trois jours de repérages sur l’île de Nuku Hiva (mais les photos illustrant ces articles ci-dessous font aussi partie de cette période de repérage. Chaque jour résumé ci-dessous donne lieu à un autre récit plus détaillé (un lien vers ce second récit est proposé pour chaque jour). Parfois j’ajoute un lien vers un récit plus personnel que j’ai publié sur mon blog, souvent en temps réel, depuis les Marquises et les Tonga au gré des connexions wifi sur place.
N’hésitez pas à commenter ci-dessous ou à poser des questions, je me ferai un plaisir de vous répondre. 🙂
Jour 1 : Ua Pou, îles Marquises
Depuis Paris il nous a fallu eux jours pour atteindre l’archipel des Marquises, situé à 3 heures de vol au Nord de Tahiti, après une première escale à Los Angeles puis une nuit à Bora Bora. Stéphane, notre régisseur, nous réveille à 03h30 du matin : pour la traversée entre Nuku Hiva et l’île d’Ua Pou, le capitaine préfère prendre la mer avant l’aube … Pierre Ottino, archéologue, nous entraîne aussitôt vers 2 sites de fouilles, sous une chaleur écrasante. Première attaque de moustiques opiniâtres, la plaie des Marquises ! Rires, chants, légendes marquisiennes, pamplemousses sauvages, et eau de coco,…
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 1, Ua Pou
Et puis un récit plus personnel : Le filtre d’amour d’Ua Pou
Jour 2 : Nuku Hiva, îles Marquises
À peine quelques heures de sommeil et nous voici de nouveau propulsés dans une barque à moteur sur une mer formée : cap sur Nuku Hiva, la plus grande des Marquises. Quatre Marquisiens tatoués nous guident vers la forêt tropicale, avec des chevaux pour porter le matériel et les vivres pour la journée. Pluie, pétroglyphes de requins, boue, sites sacrés enfouis sous la végétation. Nous traversons la rivière avec de l’eau jusqu’aux cuisses pour aller au-delà, là où ils sont seuls à savoir, là où ils racontent leur passé, leurs légendes,… Nous retrouvons à la nuit tombée nos plongeurs en baie d’Hatiheu : Denis et Pascal ont filmé les dauphins péponocéphales. Une dernière séquence avec des anguilles d’eau douce plus grosses que mon bras !
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 2, Nuku Hiva
Et puis un récit plus personnel : Sur les traces des premiers Marquisiens
Un autre récit plus personnel : Tatouages des Marquises
Jour 3 : Nuku Hiva, îles Marquises
Les douze heures de décalage horaire avec la France se font sentir aujourd’hui, et la chaleur intense mêlée à une très forte hygrométrie pèsent déjà sur nos épaules. Deux 4×4 nous ramènent très tôt vers Taiohae et nous embarquons à bord du bateau de Pipapo pour une première plongée à l’aplomb d’une falaise ; la seconde nous entraîne à Hakaui, vallée majestueuse où vécût la dernière reine des Marquises. Les plongeurs entrent dans le bras de rivière, laissant Patrick affronter seul des nuées de moustiques sur la berge.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 3, Nuku Hiva
Et un récit plus personnel : 4×4 à Nuku Hiva
Jour 4 : Ua Huka, îles Marquises
Nuit en mer sur un catamaran vers l’île d’Ua Huka. Une navigation dans des cabines étouffantes, qui ne permet pas de dormir dans les meilleures conditions. Nous devons sauter depuis le bateau sur un petit promontoire escarpé pour ensuite grimper sur environ 8 mètres, à l’aide d’une énorme corde lisse dont mes mains ne font pas le tour… Sur le plateau, des milliers de sternes grises piaillent férocement. Patrick filme plusieurs séquences sur le plateau et la grue est installée pour filmer un splendide panoramique avant de rejoindre notre pension de famille. Épuisés par le décalage horaire et les efforts physiques, nous rejoignons nos lits avant 20h30 !
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 4, Ua Huka
Et puis un récit plus personnel : Ua Huka, l’île aux oiseaux
Jour 5 : Ua Huka, îles Marquises
À 9h nous nous frayons un chemin dans une grotte située en pleine mer, rampant pour accéder à une vaste salle dans laquelle se répercutent les coups de boutoir de la houle qui pénètre par deux accès opposés pour constituer une large vasque qui attire nos plongeurs. Roches acérées, boue visqueuse, odeur de moisi épouvantable dont nous aurons du mal à nous défaire, danger renforcé par l’obscurité quasi-totale,… L’impression d’être dans une grotte maudite… Les séquences sous-marines se multiplient et Patrick filme des extérieurs sans discontinuer. Jusqu’à ce que Francis donne le signal du repli lorsqu’il se rend compte que la marée montante risque de nous coincer sous terre !
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 5, Ua Huka
Et puis un récit plus personnel, rédigé sur place : Ua Huka, la grotte infernale
Jour 6 : Hiva Oa, îles Marquises
Une nouvelle nuit en mer, pour rejoindre la plus connue des Marquises : l’île d’Hiva Oa. Fatigue, nausées, déshydratation, moustiques, chaleur intense. Aujourd’hui nous manquons tous de tonus, et nous nous l’avouons mutuellement. Les efforts physiques des derniers jours et les nuits en mer ont-ils eu raison de notre énergie ?… Nous avons toujours la volonté, mais le moral est en baisse. Ajoutons une journée frustrante : une pluie fine se met à tomber, noyant le paysage sous un voile gris… Les plongeurs filment des séquences sur un site archéologique.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 6, Hiva Oa
Et un récit plus personnel : Hiva Oa, je n’aime pas
Jour 7 : Hiva Oa, îles Marquises
Fièvre toute la nuit, malgré 29°C dans la chambre, et ce matin incapable de me lever. Pour la 1ère fois sur un tournage, je consulte un médecin. La dengue sévit dans la région et le docteur ordonne un rapatriement immédiatement sur Tahiti pour y être soignée si la fièvre se confirmait. J’attrape de justesse et sans bagages le seul vol possible pendant que l’équipe terrestre cherche la vallée aux tikis et que Denis et Pascal plongent sur des ancres marines anciennes, concrétionnées. Avion jusqu’à Papeete, taxi, hôtel, je suis exténuée, vidée. Pendant ce temps, mes compagnons ont repris la mer sur le catamaran, vers Nuku Hiva.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 7, Hiva Oa
Un autre récit, plus personnel, publié le soir-même : Polynésie, rapatriée en avion
Jour 8 : entre Marquises et Tahiti
Nuit de fièvre à l’hôtel pour moi, traversée houleuse pour mes compagnons de route. Ils doivent prendre un vol qui les ramènera vers Tahiti à 15h50. Ils atterrissent finalement à 19h et nous re-décollons à 22h en direction des Tonga… Je les rejoins à l’aéroport mais j’ai du mal à tenir debout, étourdie par la fièvre et par le manque de sommeil et de nourriture. Jean-Baptiste souffre depuis une semaine de symptômes persistants, et s’il résiste mieux que moi je soupçonne ce sportif endurant de ne pas tout exprimer à voix haute, pour ne pas nous inquiéter… Le spectre de la dengue plane sur nous !
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 8, entre Marquises et Tahiti
Un autre récit plus personnel, publié le soir-même : Séjour à Tahiti et ne rien voir
Jour 9 : entre Tahiti et Los Angeles
Le trajet aérien le plus absurde qui puisse exister, avec en prime le décalage horaire et le changement de jour sur ces fuseaux horaires au milieu du Pacifique : un voyage de 35 heures nous fait remonter depuis la Polynésie française vers Los Angeles. Atterrissage à Los Angeles à 8h du matin heure locale, hébétés de fatigue mais soudés comme au premier jour. Surtout quand Stéphane nous confirme la réservation de chambres d’hôtels à proximité de l’aéroport. Embarquement le soir-même dans un désordre incroyable et décollage à minuit quarante pour re-traverser le Pacifique vers le Sud, en passant au-dessus de Hawaï et jusqu’aux Fidji, pour une seconde escale d’une heure avant de nous poser enfin sur l’archipel des Tonga.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 9, entre Tahiti et Los Angeles
Jour 10 : entre Los Angeles, Fidji et Tonga
Nous traversons l’équateur pour la seconde fois en moins de 24 heures, et passons la fameuse «Date Line», ligne virtuelle qui découpe la planète en deux jours distincts. Notre lundi s’est volatilisé dans l’espace temps, une pleine journée de travail volée au planning de tournage… La fièvre m’a quittée et j’ai réussi à manger un peu : la dengue n’a pas voulu de moi mais Jean-Baptiste ne se sent pas mieux. Atterrissage à 06h du matin aux Fidji et re-décollage à 07h30. Patrick filme l’approche des Tonga pendant que Francis plonge dans ses notes… À l’atterrissage aux Tonga 5 bagages manquent à l’appel dont les cassettes vierges !
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 10 : entre Los Angeles et Tonga
Et un récit plus personnel publié le soir-même : Coucher de soleil ordinaire à Tongatapu, royaume des Tonga
Jour 11 : Tongatapu, archipel des Tonga
Dès l’aube nous rejoignons David Burley, archéologue spécialiste des fouilles effectuées sur l’archipel. Denis et Pascal partent en repérage ce matin et filment une séquence sur une pêcheuse d’oursin, dans une eau si trouble qu’elle ne sera sûrement pas conservée au montage. Dans l’après-midi ils repartent plonger sur un site de coraux mous, à quelques miles de la côte, tandis que l’équipe terrestre filme des séquences en extérieurs sur la vie locale. Les bagages n’ont toujours pas été localisés, et nous sommes en pénurie de cassettes pour la caméra.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 11, Tongatapu aux Tonga
Et un récit plus personnel, publié le soir-même : Coucher de soleil ordinaire à Tongatapu
Jour 12 : Tongatapu et Eua, archipel des Tonga
Dès 8h Patrick prend une décision qui lui pèse : il ne reste que 40 mn de cassette à enregistrer en attendant soit la livraison de nos bagages, soit celle de cassettes vierges en provenance de Nouvelle-Zélande. La matinée est donc déclarée libre pour l’équipe terrestre pendant que nos plongeurs iront faire des images sous-marines au large. À 14h Stéphane revient victorieux avec des cassettes vierges dénichées dans un magasin de Tongatapu, la capitale des Tonga ! Nos bagages ont enfin été localisés… à Los Angeles. Pourtant nous embarquons immédiatement sur un bateau de pêche pour mettre le cap sur l’île d’Eua.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 12, Tongatapu et Eua
Et un récit plus personnel, publié le soir-même : Marché aux poissons, aux Tonga
Jour 13 : île d’Eua, archipel des Tonga
Nuit en mer. Jean-Baptiste est de plus en plus mal en point. John et Peter nous accueillent dès 8h le lendemain sur le quai d’Eua et nous entraînent rapidement vers deux 4×4 antédiluviens avec sièges défoncés bourrés de fourmis pour le premier, et plus de vitres du tout (sauf le pare-brise) pour le second. Ils nous mènent vers le plus gros banyan du monde, puis vers 2 grottes dont la deuxième recèle… des squelettes humains.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 13, Eua
Un récit plus personnel, publié le soir-même : Eua, le plus grand banyan du monde
Un autre récit plus personnel publié deux jours plus tard : Ossements humains sur l’île de Eua
Jour 14 : Foa, groupe des Ha’Apai, archipel des Tonga
Réveil à 05h30 pour quitter l’hôtel dans la demie heure : décollage pour l’archipel des Ha’Apai à 07h30 dans un appareil minuscule de la compagnie Tonga Airlines, décoré d’un espadon sur sa queue et d’une tortue sur la cabine de pilotage. Nous nous posons 45 mn plus tard sur l’île de Foa, au nord de Tongatapu, dans l’un des trois sous-archipels des Tonga, le groupe des Ha’Apai. Stéphane nous pousse vers le catamaran qui lève l’ancre : 2 plongées nous attendent.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 14, Foa (Ha’Apai)
Un récit plus personnel, publié le jour-même : Vol vers les Ha’Apai
Un autre récit plus personnel, publié le soir-même : Portrait de femme aux Tonga
Jour 15 : Foa, groupe des Ha’Apai, archipel des Tonga
Nos plongeurs repartent en mer dès 09h du matin pour tenter de filmer d’autres requins. De son côté, en ce dimanche matin, l’équipe terrestre se rend à la messe pour filmer un peu de vie locale. De retour à l’hôtel Patrick nous rassemble tous pour filmer un passage de l’équipe à travers la forêt : il a repéré là un bastion d’énormes araignées au ventre replet et aux pattes interminables et il meurt d’envie de jouer du décalage de mise au point, ce qu’il pratique à merveille…
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 15, Foa (Ha’Apai)
Et un récit plus personnel, publié quelques jours plus tard : Araignées des Tonga
Un autre récit plus personnel, publié quatre mois plus tard : Cérémonie du kava aux Tonga
Jour 16 : Foa, groupe des Ha’Apai, archipel des Tonga
Patrick aux aguets, le nez à la fenêtre de la voiture, trouve enfin son bonheur : un homme d’une soixantaine d’années creuse à coups lents un énorme tronc de manguier sous un non moins énorme autre manguier, bien en terre celui-ci. Nous passons une heure avec lui pour filmer le geste ancestral, celui du respect de l’homme pour la matière. Dans quelques jours une nouvelle pirogue traditionnelle sera née ; elle sèchera dans un coin de hangar aéré, attendant le bon moment pour être mise à l’eau. Ici, rien ne presse… Pourtant, il est déjà temps pour nous de repartir vers Tongatapu.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 16, Foa (Ha’Apai)
Un autre article trois ans plus tard pour montrer davantage de photos : 20 photos sur les Tonga
Jour 17 : entre Tonga, Fidji, et Los Angeles
Levés à 05h45 pour filmer un joueur de flûte dans les premières lueurs de l’aube, et qui nous révèle que le roi lui-même fait appel à ses services pour s’endormir ou se réveiller au son de cette flûte… Nous quittons l’archipel des Tonga à 09h40 pour atterrir aux Fidji. Après-midi improbable entre centre commercial en construction et hôtel pour touristes abusés. Mais au moins notre vol décolle à l’heure dite, à 22h15, et nous subissons de sérieuses turbulences sur les cinq premières heures de vol. À Los Angeles demain matin, nous quitterons nos amis plongeurs avec un pincement au cœur puisque là se termine une nouvelle belle aventure humaine. Un tournage épuisant physiquement mais riche en découvertes et dans une solidarité totale. Il est temps pour le reste de l’équipe de regagner la France.
Pour lire le récit complet de cette journée de tournage : Jour 17, entre Tonga, Fidji et Los Angeles
Ainsi s’est déroulé le tournage d’un seul épisode de la série magazine et documentaire Carnets d’Expédition. D’autres épisodes ont été filmés dans en Afrique australe (Botswana, Malawi et Namibie), dans le grand Nord (Groënland et Islande), en Indonésie, et dans les Caraïbes (Bahamas, Bermudes et Guadeloupe).
Si vous cliquez sur l’un ou l’autre des récits détaillés pour chaque journée de tournage vous lirez que nos péripéties sont bien souvent plus complexes qu’il n’y paraît dans le court résumé publié sur cette page.
N’hésitez pas à poser toutes les questions que vous souhaiterez, je reste à votre écoute.
Envie d’en apprendre davantage sur mon voyage aux Marquises ? Voici quelques pistes à explorer :
- Mes articles sur les Marquises et sur les Tonga
- Mes photos sur les Marquises et sur les Tonga: 500px.com, Getty Images, et Flickr
- Lire le récit de mes plongées sous-marines dans le monde
Blogueuse voyage depuis 2004, auteure, photographe, éditrice du magazine Repérages Voyages (en ligne, gratuit). Française, j’ai exploré 82 pays au fil des ans et vécu en différents endroits de notre belle planète (La Réunion, île Maurice, Suisse, Indonésie, Espagne). Très attachée au ton « journal de bord » plutôt qu’à une liste d’infos pratiques. Mon objectif ? Partager mes expériences de voyages avec ceux qui n’ont pas la possibilité de partir aussi souvent.
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